Chapitre 4 (jeudi 10 mars 2022)

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Il faisait froid et Thomas était pressé, il choisit donc l'option transport en commun pour rentrer chez lui, alors que parfois il faisait tout le trajet à pied. Après quelques minutes de marche, il arriva à l'arrêt de la ligne soixante-dix, où venait de s'arrêter le bus qui le mènerait pratiquement au pied de son immeuble.

Il habitait depuis deux ans dans une petite résidence étudiante proche de la fac de sports qu'il pouvait rejoindre à pied en à peine dix minutes. Son logement était également à trois minutes du métro Charpennes et du McDo où il travaillait. Il pouvait ainsi être totalement indépendant sans avoir trop de trajet à faire. C'était une des conditions idiotes imposées par ses parents pour accepter son départ de la maison et l'aider financièrement. Il aurait pu évidement se passer de leur accord, voire même de leur argent mais il n'avait pas voulu compliquer encore plus ses relations avec eux. C'était surtout sa mère qu'il supportait de moins en moins depuis l'accident. Il faut dire que son père restait souvent en retrait et ne semblait que très rarement avoir un avis tranché, refusant sans doute de prendre parti entre sa femme et son fils. Thomas savait également que c'était dans son intérêt : sans l'apport d'argent de ses parents il aurait dû travailler pratiquement à temps plein et il aurait sans doute dû renoncer à ses séances d'entraînement.

Il s'y était pris un an en avance pour réussir à trouver le logement parfait aux yeux de ses parents, et il avait même pu avoir, au dernier moment, un des plus grands appartements de l'immeuble qui s'était libéré à la fin de l'année scolaire. Le coût était évidemment plus important mais il avait su qu'il avait fait le bon choix lorsqu'il avait eu l'occasion d'aller boire un coup chez son voisin de palier qui, lui, habitait un des petits studios de la résidence. Avoir son lit dans la cuisine, ou sa cuisine au milieu de sa chambre, selon le point de vue, n'était pas l'idéal pour inviter du monde. Du coup, même s'ils avaient une grande pièce commune au rez-de-chaussée, c'était souvent dans son appart que se retrouvait le petit groupe d'amis qui s'était créé entre résidents, au fil des semaines et des discussions.

Il était dix-neuf heures lorsque le bus arriva à l'arrêt où descendait Thomas, ce qui lui laisserait juste le temps de se préparer à manger et de se poser un petit moment avant de repartir travailler. Il commençait à vingt heures et terminait à minuit. Le responsable était plutôt arrangeant sur les horaires et si le fastfood restait ouvert jusqu'à quatre heures, il ne lui demandait en principe pas de faire la fermeture. C'était arrivé seulement une fois en un an et demi, pour remplacer un collègue malade, et il avait eu de grandes difficultés à suivre les cours le lendemain matin.

Thomas profita des quelques minutes qui lui restaient pour aller sur une application de rencontres sur laquelle il avait créé un profil. Celle-ci avait pour unique but de trouver quelqu'un pour partager un moment de plaisir, mais c'était ce dont il avait envie après la frustration née de sa rencontre fantasmée et aussitôt avortée de la piscine. Il devait bien reconnaître que c'était uniquement ce type d'appli qui fonctionnait avec lui. Pour les autres, qui promettaient des rencontres sérieuses pouvant aboutir à de belles histoires d'amour, il n'avait pratiquement jamais de retour positif. Il faut dire qu'il refusait la majorité des propositions, elles venaient pour la plupart de mecs qui étaient bien plus âgés que lui. Les deux derniers rendez-vous, en fait les deux seuls qu'il ait jamais eus, n'avaient d'ailleurs pas été très concluants. Le premier s'était soldé par une promesse de reprendre contact qui ne s'était jamais concrétisée, et le second, par un : "Tu es gentil tu mérites quelqu'un qui t'aime mais ça ne sera pas moi". Autant il acceptait de se faire rembarrer par un plan cul, autant ces deux échecs avaient été plus durs à accepter.

C'était d'ailleurs le lendemain de son deuxième rencard raté qu'il s'était rapproché de Chloé. Ce jour-là, ils étaient arrivés tous les deux en retard au cours de psychologie du sport et ils s'étaient assis à côté l’un de l’autre tout en haut de l'amphi. Ils ne se connaissaient pas particulièrement et n'avaient pas dû échanger plus de deux mots depuis le début de l'année universitaire, mais la jeune fille voyant sa tête pitoyable, l'avait harcelé de questions pendant tout le cours. Thomas avait fini par accepter d'aller boire un café avec elle et ils avaient profité d'une pause pour s'éclipser. Il lui avait raconté sa soirée de la veille, sans préciser d'abord que c'était avec un garçon qu'il l'avait passée. Elle avait fini par lui demander le prénom de la demoiselle et il lui avait avoué que la demoiselle s'appelait Damien. Elle était depuis, une des rares personnes à la fac à connaître son homosexualité, non pas qu'il voulut spécialement la cacher, il n'avait pas honte de qui il était mais il ne voyait pas de raison de le revendiquer non plus.

Thomas trouva rapidement le type de mec qu'il cherchait, et après quelques minutes supplémentaires, il avait planifié sa fin de soirée. Il espérait que celle-ci serait très chaude.

Ce fut finalement, de bien meilleure humeur qu'à son arrivée, qu'il quitta ensuite son appartement afin de se rendre à son travail.

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