Thomas avait attendu plusieurs jours, avant de prendre contact avec Théo, espérant un peu que celui-ci le ferait en premier. C'est finalement le jeudi, qu'il essaya, plusieurs fois, mais il n'était jamais connecté. Il avait à nouveau tenté sa chance, le vendredi, sans plus de succès, et avait fini par lui laisser un message, mais, à une heure du début de la soirée, il n'avait toujours pas eu de réponse.

Thomas commençait à se dire que tout ça n'était vraiment pas une bonne idée, et tous les scénarios qu'il imaginait, se terminaient par un échec lamentable. Il estimait qu'il y avait quatre-vingt-dix-neuf pour cent de chance qu'il ne vienne pas, et dans le un pour cent qui restait, il le voyait, soit se comporter comme un connard, soit se mettre à draguer Chloé.

En dépit de son pessimisme, le jeune homme avait pris le temps de choisir un jean moulant et une chemise cintrée, qui mettaient en valeur son corps fin et musclé. Il avait rangé l'appartement, et avait pris le temps de préparer une quantité importante de petites choses, pour manger en apéritif.

Chloé arriva la première, et à la tête que faisait Thomas, elle se douta tout de suite que quelque chose clochait.

– Pas de nouvelle de ton prince charmant ?

– Non, il n'a pas dû se connecter de la semaine. J'ai laissé un message, mais je ne crois pas qu'on le verra.

– Peut-être qu'il répondra plus tard, et puis dans tous les cas, on passera une super soirée ! Jules, Corentin et Elisa doivent apporter des boissons, tu as pensé à inviter Sylvain ?

– Oui, on a bossé ensemble cette semaine. Il finit à dix heures et il viendra directement après.

Thomas regarda régulièrement son téléphone pendant la première heure, et finalement, se résolut à boire, pour oublier sa déception. Il était bien bête d'avoir accordé de l'importance à cette rencontre, et il en voulait à Chloé, qui d'habitude était plus prompte à lui remettre les idées en place.

Lorsque Sylvain arriva, il continua à boire, pour l'accompagner, et ce, malgré les nombreuses mises en garde de ses amis. Tant et si bien, que vers onze heures, lorsque Corentin proposa de poursuivre la soirée dans un bar, Thomas fut incapable de les suivre. Chloé qui culpabilisait un peu, proposa de rester avec lui, mais il refusa catégoriquement.

Il était donc tout seul, avachi sur son canapé, un filet de bave à la lèvre, lorsque la sonnerie de l'interphone le fit sursauter. Il se leva difficilement pour aller répondre, persuadé que c'était Chloé qui revenait s'occuper de lui. Sa surprise fut de taille, quand il vit le sourire de Théo, qu'il trouvait magnifique, même déformé par la caméra de l'entrée.

Thomas avait beau faire tous les efforts possibles, il n'arrivait pas à réfléchir clairement. Faire monter le jeune homme, ne lui semblait vraiment pas une bonne idée, il n'était, ni en état de discuter, ni prêt pour une quelconque autre activité. De plus, il était en colère, il avait attendu désespérément une réponse toute la journée. D'un autre côté, s'il l'ignorait, peut-être que Théo ne voudrait plus le revoir. Il regardait toujours bêtement dans l'appareil, lorsqu'il fut tiré de sa rêverie par une voix.

– Thomas ! Tu fous quoi ? Tu sais que je t'entends respirer.

– Et merde !

– Je t'entends parler aussi.

– Chier. J't'ouvre.

Thomas ouvrit la porte, et fit demi-tour pour essayer de rejoindre son canapé. Il réalisa immédiatement que se décoller du mur de l'entrée, qui lui servait de soutien depuis deux minutes, était sa plus mauvaise décision de la soirée. Il eut juste le temps de penser - que finalement c'était peut-être d'avoir bu qui arrivait en numéro un, et que l'avantage des petits apparts, c'est que les WC ne sont jamais très loin - avant de vomir dans la cuvette.

C'est un Thomas, assis contre le mur des toilettes et la tête appuyée sur la faïence, que Théo aperçut depuis le palier. Il semblait bien pâle, et était sans doute incapable de se relever. Il hésitait vraiment sur l'attitude à avoir, ça ne correspondait pas vraiment à la soirée qu'il avait imaginée, et il connaissait à peine ce mec. OK, il avait apprécié leur premier rendez-vous, et était content de le revoir, mais de là à faire sa nounou. Il recula le plus silencieusement possible, et fit demi-tour.