Chapitre 16 (dimanche 27 mars 2022)

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Thomas et Théo avaient échangés plusieurs messages, pendant la semaine, mais ils avaient finalement très peu discuté de leur vie, se contentant de parler de leur situation actuelle. Thomas avait expliqué en quoi consistait, son master Entraînement et Optimisation de la Performance Sportive, et il avait appris, avec étonnement, que Théo était sommelier et qu'il travaillait dans une cave, qui faisait également Bar à vin.

Leurs emplois du temps respectifs ne leur avaient, en revanche, pas permis de se voir. Ils auraient pu, une ou deux fois, finir la soirée ensemble, mais ils avaient décidé d'un commun accord, de se laisser une chance de construire une vraie relation. Et pour cela, ils avaient convenu que le mieux était de reprendre les choses au début, avec un premier vrai rendez-vous au cinéma, suivi d'un repas dans un petit restaurant pas très loin de chez Thomas.

Ils avaient décidé d'aller voir Scream, un film sorti quelques semaines plus tôt, mais qui était toujours à l'affiche. C'était un film d'horreur dans un style assez particulier dont ils avaient tous les deux vu l'épisode précédent des années auparavant.

C'est l'étudiant qui arriva le premier, le cinéma étant proche de sa résidence. Il fit quelques mètres de plus pour attendre son ami à la sortie du métro par lequel il devait le rejoindre. Il vit Théo arriver et avaler, à toute vitesse, les quelques marches qui les séparaient. Beaucoup trop rapidement au gout de Thomas, qui venait de réaliser qu'il ne savait pas trop comment l'accueillir. Une poignée de main ? Un baiser sur les deux joues ? Un petit bisou sur ses lèvres ? Une étreinte virile ? Un câlin plus prolongé ? Il n'avait plus que quatre marches pour se décider. Trois. Deux. Un.

– Salut Thomas !

– On se serre la main pour un premier rendez-vous ? Mais en même temps on s'est déjà embrassés... Euh, j'ai parlé à voix haute ?

– Incontestablement oui, lui répondit Théo avec son habituel sourire sur les lèvres. Mais vu que ce n'est pas vraiment un premier rendez-vous, je veux bien sentir la douceur de tes lèvres contre les miennes.

– J'y ai pensé toute la semaine, ajouta-t-il en joignant le geste à la parole.

Le baiser fut rapide mais suffisamment long pour attirer le regard des quelques passants qui sortaient du métro, et contre toute attente, le seul commentaire fut celui d'une petite mamie qui les regarda tour à tour avant de leur sourire.

– C'est beau d'être amoureux, leur dit-elle, avant de poursuivre son chemin.

Les deux jeunes gens se dépêchèrent pour ne pas rater le début du film. Sans se consulter, ils choisirent des places dans le fond de la salle pour être tranquille, étant sûrs ainsi de s'éviter des remarques en cas de rapprochement durant la séance. Ils restèrent d'ailleurs, au début, sagement éloignés l'un de l'autre. Et puis, la première scène d'horreur vit, immédiatement, Thomas se rapprocher de Théo pour lui prendre la main, et ne pas la lâcher du reste du film.

Cela faisait très longtemps qu'il ne s'était pas senti bien de cette façon-là avec quelqu'un. Il savait qu'il ne fallait pas qu'il s'emballe, mais il n'avait plus eu d'amoureux depuis son accident. Et profiter au maximum des moments heureux lorsqu'ils se présentaient, faisait partie des leçons qu'il avait tirées de la longue période de dépression qu'il avait traversée ensuite.

Ils passèrent également un très bon moment au restaurant, et Thomas fut surpris d'y constater que son ami était une véritable pipelette. Théo lui avait ainsi apprit que ses parents étaient propriétaires d'un vignoble à Clessé, ce qui avait, évidemment, influencé son choix de carrière. Il lui expliqua surtout comment son père avait découvert son homosexualité, le jour où il l'avait surpris avec un jeune vendangeur algérien.

Nassim, qui poursuivait ses études en France, avait déjà travaillé pour eux l'année précédente, et les deux garçons, bien qu'ayant quelques années d'écart, s'entendaient très bien. C'est le jeune maghrébin, qui, lorsqu'il avait compris les préférences de Théo, lui avait proposé de le faire profiter de son expérience. Ils en étaient à la quatrième leçon le jour où ils furent surpris par son père dans un des baraquements réservés aux ouvriers. Il n'avait rien dit, et avait très rapidement refermé la porte, mais la position dans laquelle ils se trouvaient, n'avait pas permis à Théo d'envisager un quelconque mensonge. Le soir, sa mère qui gérait les ouvriers, avait demandé à Nassim de préparer sa valise et de la rejoindre à la maison. Autant dire que les deux amants n'en menaient pas large.

Il fut invité à manger avec eux sans savoir encore quelles étaient vraiment les intentions de ses employeurs. Théo se souvenait des moindres détails de cette soirée qui avait marqué un tournant dans sa vie. Sa mère avait expliqué au jeune algérien qu'il dormirait dans la chambre d'ami jusqu'à la fin des vendanges, et qu'ils étaient très heureux qu'il s'entende si bien avec leur fils. Rien d'autre ne fut ajouté ce soir-là, mais l'essentiel était dit.

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