Chapitre 37 (Mardi 11 avril 2017)

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Nous avons passé le week-end chez ma tante et je n'ai donc pas pu voir Arthur, mais nous avons échangé de nombreux messages. Nous nous faisons beaucoup de souci à cause de l'incident de la piscine, et il a particulièrement peur de la réaction de son père, qui pourrait décider de ne plus l'aider à payer le loyer de son appartement. Dans tous les cas, nous allons vite être fixés ! Lundi en rentrant ma mère m'attendait un courrier à la main et nous sommes convoqués aujourd'hui pour "une affaire grave concernant votre enfant". J'ai refusé de donner des explications à mes parents et je me suis enfermé dans ma chambre. Je ne savais pas quoi faire, et je ne voulais rien dire espérant que M. Brunon donnerait une version allégée des évènements. Arthur a reçu lui aussi une lettre de convocation, mais comme il est majeur, il ignore si ses parents ont été contactés.

Il est treize heures cinquante-cinq, et nous attendons tous les deux devant le bureau du directeur, M. Linossier. Il y a déjà du monde à l'intérieur. Nous avons reconnu la voix du prof de sport, mais aussi celle de M. Cerbé qui nous enseigne l'anglais, et qui est surtout notre professeur principal.

Mon père et ma mère arrivent au moment où la porte du bureau s'ouvre. Une fois les salutations d'usage faites, le directeur prend la parole. Je jette un coup d'œil à Arthur, il est comme moi, il n'en mène pas large.

– Étant donné la gravité des faits, nous avons tenu à faire une réunion assez rapidement et pour être honnête avec vous, un peu en dehors du strict cadre réglementaire de notre établissement. Nous souhaiterions trouver un accord qui puisse satisfaire tout le monde, afin d'éviter que les choses ne s'ébruitent trop. Cela éviterait ainsi à votre fils de voir mentionner sur son parcours scolaire un passage devant un conseil de discipline, et à notre établissement de voir sa réputation entachée par une affaire de... ce type. Nous sommes un établissement catholique, certes tolérant et respectueux de tous mais... enfin je suis sûr que vous comprenez notre position, n'est-ce pas ?

Je vois mes parents tourner tous les deux leur regard vers moi, visiblement ils hésitent à prendre la parole, ignorant complètement ce qui m'est reproché. Je ne dis rien, et finalement après quelques secondes de silence M. Linossier reprend son discours :

– Quand à vous Arthur, nous avons enfin réussi à joindre votre père ce matin. Je le recevrai mercredi, mais compte tenu de votre âge, nous tenions aussi à vous voir aujourd'hui. Vous devez bien comprendre que dans cette histoire vous êtes indéfendable. Vous êtes majeur, et la question qui va se poser dans un premier temps est de savoir si vous n'avez pas abusé, à minima, de la confiance de votre camarade. Mais avant toute chose, je vais d'abord laisser la parole à M. Brunon puisque les faits reprochés se sont produits pendant son cours. M. Brunon, si vous voulez bien nous raconter ce que vous avez vu.

Je n'en reviens pas de ce qu'insinue le directeur, je me tourne vers Arthur qui serre les poings. Il tourne sa tête vers moi et nos regards se croisent. Il ouvre la bouche pour intervenir, je lui fais non de la tête, et c'est finalement la voix de notre professeur d'EPS qui se fait entendre :

– En trente ans de carrière, c'est la première fois que je me retrouve confronté à une telle situation. Je suis très embêté. Lucas est un gentil garçon, très volontaire et Arthur mon meilleur élève. Personnellement, que ce soient deux garçons...

– Les faits, s'il vous plait, rien que les faits ! Votre avis n'est pas souhaitable pour l'instant.

– Excusez-moi M. le directeur, je voulais juste... Bref, les faits donc. Vendredi, alors que la séance de natation allait commencer, je me suis aperçu que j'avais oublié mon sifflet dans les vestiaires. Je suis donc allé le récupérer... lorsque j'ai ouvert la porte... c'est embarrassant...

M. Brunon hésite, mais M. Linossier lui fait signe de continuer son récit.

– ...Lucas et Arthur étaient là. Ils s'embrassaient et... comment dire ? Lucas était nu... et Arthur tenait son sexe dans la main.

– J'en étais sûre ! Je te l'avais dit, Philippe, qu'il était louche ce garçon. Mon pauvre Lucas.

– Maman ! Tu crois quoi, j'ai dix-sept ans ! ET JE SUIS GAY QUE ÇA TE PLAISE OU PAS !

Je crois que j'ai hurlé, mais je gardais ça pour moi depuis tellement longtemps. Tout le monde me regarde, mais moi je vois juste les yeux tristes de mon chéri. Il prend une grande inspiration, avant d'ouvrir la bouche pour parler d'une voix étonnamment calme et posée.

– Monsieur le directeur, je pense avoir bien compris l'objectif de l'établissement, mais si j'en crois le règlement intérieur une exclusion doit passer par un conseil de discipline. Ce n'est visiblement pas ce qui se déroule ici. Je vous laisse donc continuer sans moi, et pour ma part je vais retourner en cours.

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