Chapitre 39 (Mardi 11 avril 2017, suite)

3 minutes de lecture

Arthur a quitté la réunion sans que personne ne fasse le moindre geste pour le retenir. C'était une des solutions que nous avions envisagées, refuser de continuer une réunion qui ne correspondait en rien au règlement du lycée, que nous avions relu ensemble hier. Et compte tenu de la tournure des évènements, il a eu raison. Comme convenu, je vais attendre quelques minutes avant de lui suivre.

Je suis surpris d'entendre la voix de monsieur Cerbè, il était resté en retrait jusque-là.

– Arthur a raison, qu'apprenons-nous à nos élèves si nous ne sommes même pas capables de respecter nos propres règlements ? Et je suis désolé monsieur le directeur, mais je trouve la tournure de votre discours étrange, si je ne vous connaissais pas, j'aurais pu y entendre un fond d'homophobie. De plus...

– Monsieur Cerbé, je ne vous permets pas de...

– Monsieur le directeur, avec tout le respect que j'ai pour vous, si vous m'avez demandé d'assister à cette réunion, c'est aussi pour entendre mon opinion.

Ce dernier hoche la tête, visiblement à regret, et notre professeur principal reprend son discours.

– Je voulais simplement ajouter deux choses : premièrement, que même si Lucas a toujours été un excellent élève, il me semble plus épanoui maintenant, et deuxièmement, que tous les professeurs que j'ai consultés, m'ont confirmé une grosse amélioration des notes et de l'attitude d'Arthur depuis environ un mois. De ce que j'ai observé, cela doit correspondre à peu près à la période où ces deux-là se sont rapprochés.

– Oh !

Tout le monde regarde ma mère qui semble offusquée.

– Vous étiez donc au courant et vous n'avez rien dit ! Vous aviez vu la mauvaise influence de ce... délinquant sur mon fils, et vous ne l'avez pas signalé !

– Madame, vous ne m'avez pas écouté. Je crois qu'au contraire la relation entre ces deux jeunes hommes, qui par ailleurs ne me regarde pas, est plutôt bénéfique pour l'un comme pour l'autre.

– Comment osez-vous dire ça ? M. le directeur !

Je crois que j'ai attendu assez longtemps, et que surtout j'en ai assez entendu, je me lève donc pour quitter le bureau.

– Merci beaucoup, M. Cerbè. M. Brunon, je suis désolé pour ce nous avons fait à la piscine, c'était stupide. Monsieur le directeur, Nous méritons sans doute de passer devant un conseil de discipline, mais pour l'instant je retourne en cours. Bonne fin de journée.

Je pars le plus vite possible, sans écouter les voix que j'entends s'élever derrière la porte du bureau. Une fois arrivé à l'angle du couloir, je commence à courir et je dévale ensuite les escaliers. Il faut encore que je traverse toute la cour, pour rejoindre le petit parking où stationnent les deux-roues des élèves. Mon chéri doit m'attendre, prêt à partir. Il n'est pas question de fuguer, mais nous avions convenu qu'une après-midi en amoureux nous ferait le plus grand bien. Dans tous les cas, nous finissons exceptionnellement les cours à quinze heures aujourd'hui, et vu que nous étions dans le bureau du directeur, officiellement nous ne serons même pas absents. Et puis, si ça peut faire chier mes parents... Qu'ils se fassent donc un peu de souci pendant trois ou quatre heures, je les appellerai ensuite.

Arthur a déjà démarré sa moto, et il me fait un rapide bisou avant de me tendre mon casque.

– Comment ça s'est passé ?

– M. Cerbè a été super cool, il a pris notre défense. Il savait pour nous, et il a dit que nous avions une bonne influence l'un sur l'autre.

– C'est vrai ?

– Ouais, ma mère en était verte. Je pense qu'on va l'avoir notre conseil de discipline, et M. Cerbé sera forcément présent ce jour-là. Et entendant, tout lycée va savoir qu'il y a couple gay discriminé. Je viens d'envoyer l'enregistrement de la réunion à Coco et Flo.

– Super ! Allez, monte. On se casse !

Je grimpe derrière mon petit copain, et je viens serrer mes bras autour de son buste. J'adore ça. Il démarre et sort lentement de l'enceinte de l'établissement, avant de tourner à gauche et d'accélérer pour remonter la rue Bara. Nous avons prévu de profiter du soleil pour aller nous promener un moment au parc de Parilly, nous devrions y être tranquilles. Arthur s'arrête, tourne à droite et reprend de la vitesse. Le feu devant nous passe au vert.

Arthur se met soudain à hurler. Je tourne la tête sur ma gauche et je vois la voiture... rouge ?...

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Pichu ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0