Chapitre 41 (dimanche 23 avril 2017)

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Il faut que je me dépêche, ce putain de bus n'est pas arrivé à l'heure prévue. De ma faute aussi, je n'ai pas vu que les horaires étaient différents le week-end. Du coup, j'ai attendu comme un con pendant une heure à la gare, et maintenant je vais être en retard. Dix minutes que j'avance dans cette rue bordée d'arbres, et j'aperçois enfin au loin l'océan. Je marche encore un petit moment et je finis par arriver devant l'entrée. Sur ma droite un panneau indique en grosses lettres : Centre d'Instruction Navale. Je passe par le petit portillon et un militaire arrive vers moi. Je lui explique la raison de ma venue, et lui montre la lettre qui me sert de convocation. Il m'indique alors le chemin à suivre.

Franchement, je me demande encore ce que je fous ici, et quelle idée j'ai eu d'accepter la proposition de mon père. OK, ce n'est pas comme si j'avais vraiment eu le choix. Ce que j'avais sur mon compte en banque m'aurait sans doute permis de tenir jusqu'au bac, mais de toute façon j'étais renvoyé du lycée. Ils avaient déjà fait leurs petites combines dans mon dos. Pas de conseil de discipline, l'incident de la piscine était oublié, mais j'étais à la porte et mon daron avait déjà son plan en tête. Et même si j'avais réussi à l'éviter pendant plus d'une semaine, il avait fini par me retrouver, chez Corentin. Enfin, plus précisément ce sont des policiers qui étaient venus me chercher. De toute façon, avec tout ce qui s'était passé je n'avais qu'une envie, partir loin de Lyon et essayer d'oublier un Lucas, qui de toute façon ne voulait sans doute plus entendre parler de moi.

Je passe devant des installations sportives impressionnantes - il y a quand même une vraie piste d'athlétisme - et cette vision me remonte un peu le moral. On se raccroche à ce qu'on peut lorsqu'on est au milieu d'un ouragan. En parlant de tempête, elle ne doit pas être très loin. Il ne pleut pas, mais les vagues sur l'océan tout proche sont fortes et bruyantes, et elles secouent les bateaux militaires pourtant abrités dans la rade. Ça aussi ça me plait finalement, et le bruit de l'eau m'apaise. Je longe maintenant un bâtiment à la façade impressionnante, et je rejoins ce qui me semble être l'entrée principale. Je n'ai croisé personne, pourtant quelques élèves doivent surement rester ici le week-end, en tout cas à entendre mon père c'est le sort qui m'est réservé. En même temps, qu'est-ce que je pourrais faire d'autre ?

J'ouvre une grande porte et je croise enfin quelqu'un. Vu son âge, je suppose que c'est un élève.

– Salut, excuse-moi mais je cherche le bureau du commandant.

– Bonjour ! Je vais t'accompagner ça sera plus simple que des explications, et ça t'évitera de te perdre. Tu veux que je t'aide ? demande-t-il, en désignant de la tête ma grosse valise et mes deux sacs posés à côté de moi.

Avec quelques affaires que mon père a fait renvoyer chez lui, c'est tout ce qu'il reste de ma vie d'avant.

– Non.

Ma réponse, pourtant sur un ton volontairement froid ne semble pas le perturber, et il empoigne un de mes sacs tout en continuant son interrogatoire.

– Tu viens faire quoi ici ?

– Lycée, en terminale.

– Comme moi. Kieran, dit-il en me souriant et en me tendant la main.

– Arthur.

– Enchanté Arthur. Et tu fais quoi comme matières principales ?

– Maths et physique.

– Et ben du coup on sera dans la même classe, c'est cool.

– Si tu le dis !

Je ne vois pas bien en quoi c'est cool, mais son enthousiasme doit être contagieux, car je réalise que je lui rends son sourire. Le premier depuis longtemps.

– Et tu viens d'où ? Ils sont rares ici les élèves qui arrivent en cours d'année. Ton père est dans la marine ?

Bon, même s'il est plutôt sympathique, je n'ai aucune envie de répondre. Mon silence ne semble pas avoir froissé mon futur camarade, et très vite une nouvelle question arrive.

– Je suppose que comme moi tu vas rester ici les week-ends ?

Je ne vois pas en quoi ça le regarde, je crois que finalement son excès de gentillesse m'agace. Il s'arrête et se retourne vers moi.

– Dis-donc, t'es pas particulièrement bavard. Remarque, c'est pas très grave, moi je parle pour deux, on devrait bien s'entendre ! Voilà, on est arrivés. Voici le bureau du commandant. Tu veux que j'entre avec toi ?

Je pose mes affaires à côté de la porte et je redresse la tête, prenant pour la première fois le temps d'observer Kieran. Il est plus grand que moi, mais beaucoup plus fin. Blond aux yeux bleus, son visage est plutôt anguleux, mais je dois reconnaître qu'il est assez beau. Un vrai breton, en tout cas il ressemble à l'image que je m'en fais. Il me regarde avec insistance et prenant mon silence pour un acquiescement, il frappe à la porte.

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