Chapitre 53 (vendredi 5 mai 2017)

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J'avais déjà trouvé la déco extérieure cool, avec cette peinture dominée par les couleurs bleues de la mer, mais en plus le repas est vraiment délicieux. J'étais embêté, mais Erwan a dit que j'étais leur invité d'honneur, et qu'il était hors de question, ni que je paie quoi que ce soit, ni que je tombe malade en mangeant ses propres préparations culinaires. Conclusion, on va bouffer au resto tous les jours !

Comme promis, Erwan était venu nous chercher en fin d'après-midi. Nous étions ensuite passés poser nos affaires dans le petit appartement qu'ils occupaient Kieran et lui lorsqu'il était en permission, puis nous étions sortis nous promener. Après un passage obligé par le tout récent téléphérique, nous étions arrivés à la crêperie.

– Dis-moi Arthur, tu as une idée précise pour tes futures études ?

– Ça m'aurait beaucoup plus de faire une fac de sport, mais pour l'instant il est hors de question que je dépende à nouveau de mes parents. Je pense que je vais donc plutôt chercher du travail.

– Tu as pensé à l'armée ? Ça pourrait être une bonne solution. Tu peux faire des études, et tu serais indépendant.

– Je sais pas trop... Je suis désolé mais je crois que j'ai un peu de mal avec les règles trop... strictes ? Déjà au lycée c'est compliqué pour moi.

– Je comprends, mais tu devrais y réfléchir. Tu peux aussi dans un premier temps être engagé volontaire pendant un an, comme ça tu pourrais te faire une idée avant de t'engager vraiment. Renseigne-toi, je suis certain que ça pourrait être un bon compromis pour toi, surtout si tu ne veux pas retourner dans ta famille. Même si je trouve que c'est dommage.

Kieran n'a pas perdu une miette de notre échange, mais n'a pas non plus ouvert la bouche ce qui est plutôt rare chez lui. Je décide donc de l'interroger à mon tour, pour clore le sujet sur mes parents.

– Et toi Kieran, tu veux faire quoi l'année prochaine ?

– Dans l'idéal, intégrer directement une école d'ingénieur. Je pense que mes résultats scolaires devraient me le permettre.

– Sur Brest ?

– Non, j'ai envie de changer de région mais je n'ai pas non plus envie d'aller sur Paris. Je vise plutôt Toulouse, Montpellier ou Lyon.

­– Pas d'armée pour toi non plus, alors ?

Cette fois, c'est Erwan qui répond à la place de son fils.

– C'est une discussion que nous avons eu avec Kieran, mais je ne peux que le soutenir dans ces choix, et puis... sa maman n'aurait pas aimé qu'il soit militaire.

Un long silence suit cette déclaration. Je ressens toute la tension et l'émotion qui plane dans l'air. Décidément, je suis vraiment un connard d'égoïste obnubilé par ses problèmes, car à aucun moment il ne met venu à l'idée que Kieran ait pu perdre sa maman. J'avais juste pensé que ses parents devaient-être séparés.

C'est finalement, mon camarade de lycée qui reprend la parole.

– Maman avait une maladie incurable... elle est décédée pendant l'été. Un mois avant que je rentre au lycée.

Kieran n'ajoute rien de plus et je ne sais pas quoi lui répondre. J'hésite un instant, avant d'étendre mon bras à travers la table. Je prends sa main dans la mienne. Je le regarde dans les yeux et laisse passer quelques secondes, avant de lui offrir un sourire auquel il répond immédiatement. Erwan ne dit rien mais un rapide coup d'œil me permet de voir qu'il nous observe. Mon ami sépare lentement ses doigts des miens, et prend une longue inspiration avant d'interpeller son père.

– Tu sais papa, qu'Arthur, pour l'instant, refuse de participer au TILD.

– Et voilà le Tournoi Inter Lycées de la défense, qui fait son grand retour ! Moi qui croyais en être débarrassé. Et bien tu sais quoi ? Je vais y participer à ton truc. Comme ça ton père ne sera pas obligé de plaider ta cause. De toute façon, je te dois bien ça vu la façon dont je me suis comporté. Et puis, si j'ai bien compris, tu auras besoin du soutien d'un ami, au moment de l'annonce des résultats.

Ma remarque finit de détendre l'atmosphère, et ça tombe bien car nos desserts arrivent. Je compte bien profiter de ma crêpe. La banquise. C'est son nom. Glace menthe, sauce chocolat et chantilly, le tout flambé au Get27. Il a d'ailleurs fallu qu'Erwan confirme mon choix d'un signe de tête au moment de la commande, car la serveuse semblait hésiter, sans doute à cause de l'alcool. Précaution bien inutile, puisque de toute façon nous avons accompagné notre repas de cidre.

Quelques minutes plus tard, nous ressortons de la crêperie légèrement guillerets, le papa de Kieran ayant voulu conclure le repas avec un verre de Chouchen. Heureusement, nous rentrons à pied. L'air frais et la marche nous seront bien utiles.

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