Chapitre 63 (dimanche 7 mai 2017)

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Nous voilà de retour au lycée, Erwan vient de nous poser à l'entrée du centre. Nous remontons lentement l'allée. Kieran ne semble pas plus pressé que moi d'arriver au bâtiment qui abrite les dortoirs. Ce week-end était tellement génial... et surprenant.

Jamais je n'aurais pensé que Kéké et moi... enfin, on n'a pas fait la totale non plus ! Mais c'était bien, en tout cas suffisamment pour qu'il crie et que cela nous mette dans l'embarras le lendemain...

Son père, jusqu'au bout fidèle à son engagement, nous avait emmené manger à l'extérieur. Et comme c'est nous qui choisissions, nous avions fait notre dernier repas du séjour au McDo. Erwan était un peu dépité et avait essayé de nous proposer plusieurs solutions alternatives, mais avait fini par céder.

Kieran m'avait prévenu avant le début du week-end que son père était franc et direct et qu'il ne fallait pas que je m'offusque s'il mettait, parfois, les pieds dans le plat. Je m'en étais effectivement aperçu, lors de certaines conversation, mais là j'avoue que je ne m'attendais pas à avoir ce type de discussion, et encore moins dans un fast-food !

– Dites-moi les garçons, vous n'avez rien à me dire ?

Nous nous étions regardés avec mon ami, ne comprenant vraiment pas où son père voulait en venir. Devant notre silence, il avait précisé un peu sa pensée :

–Vous concernant tous les deux...

On s'était observés Kéké et moi, et j'avais pu sentir dans son regard la même crainte qui habitait mon esprit. Mais persuadé que ça ne pouvait pas être ça, je m'étais résolu à répondre.

– Non, vraiment je ne vois pas. Si ce n'est que nous sommes devenus très proches.

Kieran avait alors failli s'étouffer, me faisant réaliser l'ambiguïté de mes paroles.

– C'est justement le sujet que je voulais aborder. Mon fils, est-ce que tu m'autorises à un peu de franchise ?

– Heu... j'sais pas, à propos de quoi ? De toute façon je ne sais pas pourquoi tu me poses la question, que je dise oui ou non, tu vas nous dire ce que tu penses.

– OK, donc je me lance. Hier soir, après que je sois venu voir pourquoi vous rigoliez, je n'arrivais plus à me rendormir. Je me suis donc installé au salon devant la télé. Et comment dire... je ne vous ai pas espionnés et d'ailleurs lorsque j'ai réalisé ce qui se passait, je suis allé immédiatement me coucher...

J'avais alors regardé mon ami, qui comme moi, était rouge de honte. Il s'agissait bien du sujet que nous redoutions.

– ... Mais c'était trop tard. Tu sais bien Kéké que du salon on entend tout ce qui se passe dans les chambres... Enfin... bref... j'en viens à ma question. Notez que vous n'êtes pas obligés de répondre, si vous ne voulez pas...

– Papa, ce que l'on ne voulait pas c'est que tu parles de ça ! Mais malheureusement, c'est trop tard !

Kieran, pour la première fois du week-end, avait élevé la voix contre son père.

– Le message est passé Kéké, mais comme tu l'as dit c'est trop tard et puis tu me connais, on ne va pas se voir pendant plusieurs semaines et je ne pouvais pas laisser ce sujet en suspens, ni en parler par téléphone et puis...

– Bon, tu la poses ta question ?!

– OK, c'est bon. D'abord, pour être honnête avec toi, Arthur, je dois te dire que je sais que Kieran est gay et qu'évidemment cela ne me pose aucun problème.

Kéké avait jeté un regard noir à son père. Il n'était visiblement pas content de cette révélation, même si franchement, depuis la nuit dernière, ça n'en était plus vraiment une. Erwan avait fait celui qui n'avait rien vu et avait enfin posé sa question :

– Voilà, je voulais savoir si vous sortiez ensemble ?

– Non !

– Oui !

J'avais dit oui. De toute façon, son père nous avait entendus et je ne voulais pas qu'il croie que son fils couchait à droite et à gauche, et embarrasser encore plus mon ami. Et bien sûr, il avait répondu non, sans doute pour ne pas me mettre dans une situation gênante.

Erwan ne s'était pas démonté et avait repris la parole le premier.

– Bon, et bien maintenant que les choses sont claires, si on prenait un dessert les garçons.

C'est kéké, la tension retombant, qui avait commencé à rigoler le premier et ensuite le fou rire nous avait rapidement gagné aussi. Erwan s'était ensuite levé pour passer derrière nos chaises et nous entourer tous les deux avec ses grands bras.

En trois jours, j'avais enfin appris à quoi pouvait ressembler une famille et je me suis mis à pleurer sous les regards interrogateurs du père et du fils.

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