chapitre 34

15 minutes de lecture

Quatre semaines se sont écoulées, Eddy revient enfin de son voyage, un périple à travers plusieurs pays. Et Liam s'en va aujourd'hui. La vie n'est que cycle…

Debout à l'aéroport, mon pied droit frénétique, ma patience a atteint ses limites, je veux savoir pourquoi Eddy m'a dit que Bertrand me surveille. Je ne le sais pas encore, mais je ne suis pas le seul à attendre son arrivée.

Deux hommes, un à capuche sombre, l'autre avec des lunettes noires qui lui mange la moitié du visage. Chacun à son poste, celui à capuche dans la voiture, côté chauffeur, l'autre, à quelques mètres de Will, dans son dos.

Mains dans mon pantalon en lin, j'attends la petite famille revigorée et pleins de souvenir pour les années à venir. L'avion a du retard. Liam part en minibus, une bande de quatre potes, et un professeur de musique sans attache. Ces dernières semaines, n'ont pas vraiment contribué à la réconciliation avec sa mère mais il est vindicatif, et moins fermé, Monsieur Contradiction. Je crois bien que c'est la petite Trisha qui lui fait du bien, ils passent de plus en plus de temps ensemble ces deux là. Les au revoirs seront déchirants, dans ce cas, les nouvelles technologies sont précieuses, entre skype, facebook, et compagnie.

Eddy, Antonio et Yanis descendent par l'escalator, bronzés, frais, souriants, leur fils a fait un bond dans sa croissance, c'est un géant de deux mètres !

Ils me montrent simultanément leurs mains gauches, anneau en or blanc à chaque annulaire. Yanis arbore un tatouage à la base de la nuque:le signe infini avec les initiales de ses pères à l'intérieur de chaque boucle.

- C'était son anniversaire, 14 ans… m'explique Eddy en levant les épaules et les bras en signe de reddition.

Je hoche la tête, tous trois parlent en même temps pour me conter leurs voyages. Dans la voiture aussi, ça n'arrête pas. Yanis est intarissable.

Nous ne voyons pas, bien trop occupés à flâner dans les souvenirs pour nous en rendre compte, mais les deux individus nous suivent de près. L'homme aux lunettes, tient son téléphone à la main attendant les nouveaux ordres certainement.

J'allais déposer Antonio et Yanis chez eux mais ils tiennent à dire au revoir à Liam.

Direction la maison. Christal et Paul sont déjà là. Ce dernier s'éloigne pour nous laisser en famille ou pour ne pas me croiser, Chris lui a -t-elle dit quelque chose avant de venir ? J'avance avec le trio de vacanciers, Paul nous tourne le dos dans le jardin se dirigeant vers l'arrière de la maison.

Deux gros sacs de sport sont à l'entrée.

- Tu reviens pu ou quoi ? Je claironne pour cacher mon angoisse de voir partir mon petit garçon.

- N'import'koi , dit-il en se précipitant sur moi puis me serre dans ses bras, ça fait du bien ce câlin de sa part.

Lyse pleure à chaudes larmes, jamais séparée de son frère, elle sourit pour autant, contente pour lui. Liam va enfin vivre son rêve.

Trisha est un peu en retrait. Elle n'a pas l'air triste, certainement pudique et cache ainsi ses sentiments. Je les ai pourtant surpris une ou deux fois dans la cuisine, à se bécoter discrètement.

Liam fait une accolade rapide à sa mère sans la regarder en lui disant au revoir presque indifférent. J'avais longtemps insisté pour qu'il accepte qu'elle soit là à son départ.

Ça me fait bizarre que les rôles soient inversés. Avant, c'était Christal qui servait de tampon entre nous. Et me voilà à faire l'arbitre. Je n'avais pas saisi à quel point c'était épuisant. Je l'admire pour ça, elle a fait des erreurs, ma femme, mais qui n'en fait pas. Bon, il est vrai que pour le coup, elle a fait fort. Et si c'était pas Liam, jusqu'où serait-elle allée avec son playboy ? M'aurait-elle trompée ? M'aurait-elle quitté ?

-Bon, moi j'y vais, j'ai cours. A plus. La nonchalance de Trisha pour dissimuler sa tristesse est tout à son honneur. Elle salue Liam d'un sourire, se dirige rapidement vers son père et le serre en lui murmurant un je t'aime, puis part à pied.

Liam est le dernier à être récupérer. Ces potes sont euphoriques, le professeur au volant est confiant, lève la main pour saluer les parents. Il klaxonne pour le presser un peu, mon fils grimpe dans le van et le voilà parti en vadrouille à travers les routes.

Le minibus s'arrête à un stop quelques mètres plus loin, après un virage. La porte s'ouvre d'un coup sec, un sac balancé dans le coffre.

- Maint'nant, on est au complet ! Liam tire sur le bras de Trisha, heureuse de partir avec lui. Le prof, cool et encore un peu dans la phase adolescence, trouve ça mignon et audacieux.

Il se tourne et la regarde :

-T'as ton passeport ?

- Oui, m'sieur !

- Et ton père ?

- On l'appel'ra.. plus tard…

Des voitures commencent à le klaxonner pour qu'il dégage le stop. Le professeur (chercher nom) réfléchit vite, puis regarde droit devant lui, un coup d’œil dans le rétro pour voir Bonnie and Clyde le supplier du regard, ainsi que les autres membres du groupe. Joignant tous leurs mains en signe de supplication, ils disent en cœur « s'il vous plait, s'il vous plait, s'il vous plait... » Mais il était déjà d'accord. Il démarre, en hochant la tête, les yeux souriants.

Tous en cœur crie un « ouuéééééé !!! » de victoire, bras levés, éclat de rire inondant l'habitacle.

**

Christal insiste pour faire un café à Antonio et Eddy afin qu'ils racontent leur voyage. Pris dans leur écoute et récit, Eddy et moi, nous nous éclipsons dans mon bureau en douce.

- Vous savez pourquoi je veux vous parler ?

- J'sais que vous voulez savoir pourquoi Bertrand vous surveille mais j'en sais rien. Il m'a payé, je gardais mon emploi et c'était pas grand-chose. J'pensais que c'était à cause de vot' nouvelle réputation. Et puis, vous faisiez rien d'mal, jusqu'à ce jour où j'ai..

- Où vous avez trouvé ce cadavre dans le labo.

- Oui c'est ça.

Un silence pesant slalome entre nous.

- L'code d'la porte, c'est lui qui m'l'a donné. Au début, il les avait laissé dans l'ordre 250691 mais il a pensé après coup que vous vous rappeleriez ce jour donc il a eu l'idée d'inverser les chiffres. Il a parlé de miroir…

L'écriture spéculaire, pourquoi n'y ai-je pas pensé ? 196025, en écriture miroir, 250691, Léonard de Vinci écrivait ses notes comme ça. Beaucoup de gauchers aussi même si ce n'est pas systématique. Bertrand est-il gaucher ? Enfin, la question est, pourquoi me fait-il surveiller ?

- Il s'est passé quoi, c'jour là ?

- Avec Christal et Paul, nous formions un trio à la fac.

Eddy m'aurait bien volontiers dit que Bertrand et Paul se connaissaient et qu'il les a vu ensemble plusieurs fois sauf que je ne l'ai pas présenté tout à l'heure, et Paul s'était éloigné, il ne peut donc pas savoir que le Paul dont je parle et le même.

-Mais indépendamment de notre trio, je trainais avec un groupe de 2ere année en médecine. Fausse carte d'identité, accès aux fêtes étudiantes et cercle de poker clandestins.

Ce que je ne comprends pas c'est que je suis presque sur que je ne connaissais pas Bertrand à l'époque.

-Une coïncidence ?

-J'en sais rien. Je ne suis pu sur de rien, ces derniers mois.

Ma tête dans mes mains, j'essaye de lier le puzzle de ma vie qui ne veut pas s'emboiter correctement. Francis est mort « bêtement », les enfants ont eu un accident, notre famille a volé en éclat, Liam vient de partir, toute la vérité sur mon travail est connu, la police m'a posé des questions sur la disparition de Francis. J'ai cru que Chris n'irait pas faire une main courante, mais je me suis trompé. Deux disparitions, celle de Roger, celle de Francis, deux SDF, ça fait un de trop. S'ils commencent à enquêter, ils verront qu'il y en a plus, beaucoup plus. En plus, j'avais signé le formulaire Docteur Jekill, personne ne devait y faire attention mais voilà que les officiers s'en mèlent. Ils n'ont pas trouvé mon clin d'oeil approprié, enfin pour l'instant, ils ne sont pas remontés jusqu'à moi. La jeune femme qui a failli se faire renverser, l'a cherché aussi. Maintenant, ils savent que c'est lui qui l'a sauvé, ils savent que sa mort est un accident. Vont-ils s'arrêter là ? Pour l'instant, je n'ai pu de nouvelles, et je n'ai pas cherché. Christal m'a tenu informé, grâce à mes questions insidieuses et soit disant, innocentes. Les officiers, n'ont aucune piste et n'en cherche pas vraiment, par acquis de conscience, le dossier n'est pas classé pour autant. La disparition de Roger les chiffonne.

Eddy tousse, s'essuie le nez discrètement.

- Il faut vous rapp'ler le 25 juin, ptêt à un moment, vous vous êtes croisés, ou alors c'est un hasard mais j'y crois pas trop.

Après avoir parlé, il lève légèrement la tête vers le plafond, sans trop y prêter attention, je hoche la tête, il a peut être raison, il me faut revivre cette journée dans mon esprit et dans les détails. Je ferme les yeux pour me concentrer, Eddy en profite pour se moucher, le changement de température le réussit pas. Je souris intérieurement et ouvre les yeux. Un filet rouge entoure son nez.

- Eddy ?

- J'ai commencé à saigner du nez dans l'avion. Il est obligé de me le dire puisque je le vois. Eddy fait tout pour empêcher le saignement, comme si ça allait interdire la suite de se dérouler. Il n'ose même pas me regarder.

- Francis est mort accidentellement, on a toutes les raisons de penser que ça marche.

Il est tout de même inquiet, je lui dis qu'on ira faire une prise de sang pour le rassurer et lui explique encore une fois comment ça s'est passé pour Francis, le saignement de nez, les dents déchaussées, l’alitement, l'agressivité mais ensuite tout était redevenu normal.

- J'imagine que vous n'avez rien dit à Antonio…

- Nan, et j'aim'rai que vous en fassiez autant.

Je suis d'accord, nous quittons mon bureau pour rejoindre Christal et Antonio. Lyse et Yanis sont devant la télé. Chris a proposé de déjeuner pour continuer leur conversation. Eddy s'excuse mais Antonio a déjà dis oui, j'arrive à trouver un pretexte pour que lui et moi, partions après le déjeuner. Après un appel mystérieux, la voiture ne nous suit pas, mais reste posté à quelques mètres de la maison. L'homme aux lunettes noires ferme les yeux et se repose en attendant notre retour ou d'autres complices. Arrivé à la clinique, j'ai envie d'aller Bertrand et de savoir toute la vérité, mais Eddy m'en dissuade. IL ira le voir ce soir et posera toutes les questions nécessaires. Il me supplie de le laisser faire, j'accepte à contre coeur. La prise de sang est faite, je l'envoie à la biologiste immédiatement. Nous retournons à la maison en silence.

Christal m'apprend que Trisha est partie avec Liam, Paul est furieux. Je jubile intérieurement. Même si, je ne devrais pas, Trish n'a que 16 ans, si c'était ma fille qui avait fugué, j'aurai remué ciel et terre pour la retrouver, voyage initiatique ou pas ! Mais apparemment, Christal a réussi a persuader Paul de la laisser avec Liam et le professeur. De la sécurité du voyage et de l'enrichissement personnel qui en découlerait. Mais surtout, Liam pourrait oublier sa maladresse virtuelle. Fou amoureux, Paul s'est avoué vaincu. Quel lâche ! Quel père indigne ! Non, je n'exagère pas, il est inconscient. Apparemment Antonio est parti avec un collègue du garage qui l'a appelé. Et Lyse est allée voir son amie Shaïna. Christal décide de prendre congé et de revenir plus tard. Une course à faire. Je ne la retiens pas. Eddy préfère attendre les résultats de sa prise de sang avant de rentrer chez lui avec Yanis. Il est 18h30 quand enfin Christine appelle, ce n'est pas très encourageant mais pas catastrophique. Puis j'ai eu le temps de fabriquer la formule du remède pour l'injecter de nouveau à Eddy. J'essaye de le rassurer, une tape sur l'épaule, les clés et je vais les raccompagner.

Devant la porte, Yanis entre à nouveau dans la maison, il a oublié son téléphone et veut aller aux toilettes. Les gosses, toujours à attendre le dernier moment pour faire les choses.

- Maintenant ! L'homme plus âgé, fait signe au conducteur, qu'ils ont enfin le feu vert. Depuis qu'ils poireautaient à surveiller la maison des Nelson et plus particulièrement Yanis, ils allaient enfin se dégourdir les jambes.

- L'patron a dit « discret et rapide »

- Ouais !

Réajustant sa capuche, il sort de la voiture et se dirige directement vers Eddy et moi sans attendre son complice qui est obligé d'accélérer le pas. L'adrénaline, l'attente trop longue, l'euphorie de sa première mission, le jeune homme prend des initiatives.

- Vos portefeuilles, magnez-vous !

Eddy et moi, nous nous retournons au même moment, pour voir ce jeune homme, perlant de sueur, et son couteau à la main. Il croit vraiment nous faire peur ? Un regard à Eddy et je me jette sur notre voleur, s'ensuit une bagarre à rouler sur le gazon. C'est qu'il avait l'air tout fluet mais il a de la force. J'ai du mal à lui faire lâcher son couteau.

Un moment d'inadvertance, quand je vois Eddy s'écrouler pas loin, le complice lui a asséné un coup de crosse à la nuque. Il était passé par derrière, bien plus malin et réfléchit que son compère, plus d'expérience sans doute. Je capitule et je lui donne mon portefeuille, ça ne vaut pas la peine de venir les mains abimées pour quelques sous.

- On veut pas d'ton fric ! Je ne comprends pas, le jeune homme sourit, fier, il prend mon étui et arrache les billets pour les fourrer dans sa poche.

- Une tite compensation d'avoir l'cul tout endormi ! Ils se regardent, l'homme à lunettes secouent la tête en soupirant, il n'a jamais aimé faire équipe avec un bleu, soit ça pisse dans leur froc dès qu'il y a de l'action, soit ça veut faire du zèle comme lui.

Un orage éclate, soudainement, ils en avaient parlé à la méthode de cet épisode orageux. Par chance, le plus vieux, a manifestement peur de se prendre la foudre.

- P'tainnn ! En sursautant, il avait fait tomber son smith et watson (à chercher), son complice est plié de rire, se moquant de lui. Eddy en profite pour agripper les jambes de celui qui se baisse pour ramasser le pistolet, déséquilibré il tombe, se battent, à qui parviendra à attraper l'arme.

Je saute sur le plus jeune, lui assénant des coups, il m'en met un que je n'ai pas vu venir. Je sens mes chairs se déchirer. La pluie tombe à grosses gouttes. J'ai mal et je suis trempé mais je continue, je lache rien. Yanis a fermé la porte de la maison et appeler la police. Bonne réaction, on a le dessus.

Le jeune commence à paniquer, ce qui devrait être un simple kidnapping d'un gamin, rapide et discret, se transforme en bagarre qu'il perd. Chaque côte cassée, lui fait regretter sa vaillance du départ. Eddy a réussi à s'emparer du pistolet, les deux se battent toujours, le visage tuméfié, Eddy a un œil perdu sous le sang et les œdèmes. Dans une ultime fierté, l'homme a lunettes court sur Eddy, il n'a jamais raté un enlèvement, un vol ni même un meurtre. Pas question que ça commence aujourd'hui, surtout que la veille, il avait pensé à une retraite, il avait amassé suffisamment d'argent pour se faire oublier au Mexique et ne plus travailler toute la fin de sa vie. Il rageait de la tournure des évènements, tout ça à cause (chercher un nom pour le jeunot). Un coup part, il s'écroule sur Eddy, un second coup déchire le bruit de la pluie. Les deux au sol, Eddy arrive à dégager (trouver un nom pour le vieux), je suis soulagé, le jeunot me plante un second coup de couteau. C'était donc ça qui m'avait brulé tout à l'heure.

Allongé sur le dos, Eddy dégouline du sang de son assaillant, le pistolet juste à côté de sa main. Yanis sort en trombe de la maison, enjambant l'autre homme mort, et s'agenouille au côté de son père. Ses larmes se mêlent à la pluie. Père et fils se tiennent la main, se fixent. Un coup de feu salit cet instant de grâce. Le jeunot, dépassé par les évènements, vient de me tirer dessus, en pleine poitrine, le sang jaillit de ma bouche, ce gout âcre, de fer, c'est le mien. Gardant l'arme à la main, il fonce à sa voiture et fuit au quart de tour, après avoir reçu un appel. Dans la poche de son acolyte, le portable avait sonné, et il avait répondu, il devait quitter les lieux immédiatement.

Yanis hurle à la mort, sanglote ne sachant que faire. Eddy ? Est mort ? Inconscient ? Sur le point de mourir ? Je ne peux pas bouger, je me vide de mon sang. Je n'ai même pas eu le temps de voir Bertrand pour savoir ce qu'il me veut, je n'ai pas eu le temps de me réconcilier avec ma femme. J'avais encore temps de choses à faire, sauver l'Humanité !

Lyse arrive en courant, essoufflée, elle glisse à mes côtés, ouf, je ne suis pas seul pour mourir. Son arcade sourcilière est ouverte, elle m'explique en pleurant, rapidement, qu'elle a croisé Rebecca et qu'elles se sont battues. Rebecca s'en sort moins bien qu'elle, mais là n'est pas le propos, elle me supplie de ne pas mourir. J'aimerai lui dire combien je l'aime, combien j'aurai aimé l'accompagner à l'autel, le jour de son mariage. Être là pour le retour de son frère. Une quinte de toux m'entrave les poumons, il ne me reste plus beaucoup de temps, je sens bien que mon cœur a du mal à continuer. Christal arrive à ce moment, j'aurai pu rire de leurs têtes respectives si je pouvais. Elle aussi, a l'arcade sourcilière explosé, pas pour les mêmes raisons. Je ne le sais pas mais un petit garnement qui défiait sa mère, a balancé une boite de conserve à travers le rayon du supermarché et Chris passait à ce moment précis, stoppant la course de la conserve et s'écroulant, sonnée par la réception impromptue du missile. Dans quelques années, on aurait pu en rire. On aurait pu faire tellement de choses. J'entends les sirènes, mais elles arriveront trop tard. C'est terminé.

Debout, deux hommes, chacun avec un parapluie, le premier range son téléphone dans sa poche.

- Même pas foutu de faire un travail correctement. Faut tout faire soi même !

- C'est clair ! J'avais pas fini de m'amuser avec ce conard prétentieux et maintenant, il est en train de mourir pff !

- Ya encore sa femme.

- Ouais mais, ya pu d'interêt, il peut pu rager.

Ils pouffent un sourire en même temps. La phase un de leur plan de vengeance ne s'est pas déroulé comme prévu. Paul regarde Christal pleurer pour Will, ça lui donne envie de la secouer, elle ne le voit pas, que Will, Will. Il fait semblant de ne pas être touché mais il est dévoré par la jalousie. Enfin, une chance s'offre à lui.

- On l'a vengé, Paul, c'est l'essentiel.

- Hum…

Pour Paul, la mort de Will est trop facile, il n'a pas eu le temps de souffrir autant qu'il aurait du. Il trouve ça même injuste. Tout un plan s'était déroulé dans sa tête depuis que Cassandre est morte. Tout était de la faute de Will. Et quand, le hasard, a fait que Will perde sur la table d'opération,son collègue, l'imminent chirurgien. Le frère de Paul. Ce dernier avait fait une fixation sur Will. Toutes les épreuves de sa vie, étaient de la faute de Will. Ce qui est arrivé à Trisha, à son frère, la vente de son cabinet,et d'ailleurs même, le fait qu'il soit devenu chirurgien dentiste au lieu de chirurgien en neurologie, tout découlait de l'instant où Will lui avait volé Christal à la fac. Il en était persuadé. Et ce fut ça, son nouveau but dans la vie, prendre ce qui lui revenait : Christal, l'existence idyllique de Will, sa maison, tout ! Mais certainement pas sa vie, il fallait que Will soit témoin de tout ça. Il avait guetté l'instant propice pour rencontrer Christal au magasin, ce faux hasard, tout était programmé à la minute.

- Allé on bouge, les flics vont arriver.

- Ok.

La goutte d'eau qui a fait débordé la citerne, c'est Trisha qui s'était enfuie le matin même avec Liam, le fils de Will, à croire que sa famille était liée à cet homme !

C'en était trop, mais la mort ! Paul en avait rêvé une ou deux fois, la mort de Will, mais c'était lui qui le tuait. Il lui disait tout, fier, sa vengeance mise au point, la mort de son frère à cause de lui, le point de départ de cette vendetta. Il aurait voulu voir la tête de Will, oh oui, il aurait aimé voir la stupéfaction dans ces yeux, l'incompréhension sur son visage, l'effondrement de cet homme qui avait tout et qui aurait tout perdu. Au lieu de ça, la vengeance a un gout de pas assez. Paul et son autre frère, s'en retournent à leurs vies respectives. Ils en ont fini ici.


Les deux femmes de ma vie, pleurent, au moins, cette épreuve les réuniront. Elles se ressemblent à s'y m'éprendre comme ça, les arcades ouvertes, les cheveux bruns, les yeux tristes, la même façon de sangloter et de renifler.

Une goutte de sang s'échappe de son front. Sa blessure à l'arcade sourcilière perle comme une larme ensanglantée. Ma bouche entrouverte n'évacue plus aucun mouvement vital. Cette goute plonge sur ma langue, mêlée à l'eau de pluie.

Je ne saurai dire ce qui m'a insufflé une inspiration nouvelle, la force de son amour, la détresse de ses pleurs. Si Dieu existe, il a peut être exaucé sa prière, prie-t-elle ? Tout le monde prie dans ces moments là.

Je sens mes poumons se remplirent d'air, mon cœur pulse de manière régulière.

J'étais mort, et maintenant je suis en vie.

Une nouvelle vie s'offre à moi, je ressens les choses plus intensément, j'entends les bruits différemment. Je sens mon sang vibrer dans mes veines, mes os brisés se ressouder dans une douleur atroce. Les neurones courent à une vitesse folle dans mon

cerveau. Je n'arrive pas à parler ni même à bouger mais je sens quelque chose a changé, je ne saurai dire quoi.

Un sentiment nouveau m'envahit, le sentiment que tout est possible , que l'éternité débute cette nui-là, à cet instant.



À suivre...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Samilex ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0