Tout rapport avec une franchise cinématographique réelle n'est pas fortuit !

Je sursaute dans mon lit et allume. Je regarde mon réveil : il n’est que trois heures du matin.

Une nouvelle fois, je me réveille en tremblant. Depuis quelques jours, ce cauchemar m’obsède. D’ailleurs ce n’est pas une, mais une succession de scènes toutes plus catastrophiques les unes que les autres. L’ordre y est toujours le même : elle commence par le crash d’un avion, se poursuit par une rangée de cabines d’un manège à sensations qui se détache et s’envole dans les airs avant de retomber à grande vitesse sur le sol et la dernière représente un accident de la route, provoqué par un camion qui perd sa cargaison de bois.

Je n’y comprends rien, pourquoi ces images me hantent-elles ? D’autant plus que je n’ai jamais vécu ces situations. Le plus étrange, c’est que je me vois tout de même à l’intérieur, avant que les drames ne se produisent et que je tente même de prévenir les autres que la mort rôde ! C’est du grand n’importe quoi ! Comme si on pouvait prévoir à l’avance notre mort.

Pour couper court à ce délire je prends des sous vêtements dans mon armoire et me dirige ensuite vers la salle de bains. Je prévois une heure de détente en tête à tête avec ma baignoire et de la musique zen.

Je fais couler de l’eau tiède, je n’aime ni l’eau bouillante ni ressembler à un homard. Ensuite, je verse quelques gouttes d’huiles essentielles. Enfin, je mets en route mon poste pour écouter mon CD. Il ne me reste plus qu’à me déshabiller, m’allonger et me détendre aux douces mélodies.

Soudain, la lumière grésille. Encore ce fichu néon qui fait des siennes. Décidément, il est bien difficile de se relaxer dans cet appartement. Ce qui me conforte dans mon idée : je dois déménager au plus tôt !

J’en ai marre de croiser ces deux voisines qui bavent littéralement devant moi. A croire qu’elles n’ont jamais vu un mec musclé de leur vie ! Le pire c’est qu’elles s’imaginent être sexy ave leurs seins de silicone. Pas de chance pour elle, j’ai toujours aimé le naturel : je préfère une femme avec de petits seins plutôt que ces machins qui ne ressemblent à rien — ou si à des obus —, je ne vois pas ce que les autres peuvent leur trouver. Enfin, il en faut pour tous les goûts. De plus sans ce marché lucratif, certains chirurgiens esthétiques fermeraient boutique ! Ce qui me fait marrer également, c’est leur poncif : elles pensent que je vais tomber entre leurs griffes vu mon physique. Vraiment trop réducteur, j’ai aussi un cerveau mesdemoiselles. Au début, le jeu de séduction était marrant, par la suite il ne l’est plus devenu : ces deux bimbos en voulant plus.

Je m’égare, je ne vais pas perdre mon temps en pensant à ces deux produits de consommation. Celui que je vais regretter en partant d’ici, c’est Bryan. Un monde nous sépare pourtant : je n’ai jamais vu quelqu’un aussi nul en sport. Il les a pourtant tous essayés, mais rien à faire, le sport ne veut pas de lui ! Physiquement, c’est mon inverse : autant je suis bien bâti et grand, autant il est mince et petit. Il a eu de la chance de me trouver pour le défendre. Par contre, niveau informatique, c’est un génie. Un vrai petit geek et on a passé des heures entières à discuter. Lorsque je lui ai raconté mes cauchemars, il a immédiatement fait le rapprochement avec une série de films du début des années 2000. Il était tout content que mes songes reprennent exactement des situations de cette franchise. Moi, je ne voyais pas vraiment en quoi ça pouvait m’aider ! Pour autant, il gardait son optimisme et me disait qu’il y avait bien une raison, qui si ça se trouve « la Mort » avait un plan pour moi et qu’«Elle » allait se venger de tous ceux qui s’étaient moqués de lui. Du grand délire, je vous le concède. Mais à part ce détail, j’ai adoré le temps qu’on a passé ensemble.

Je parle au passé, car c’est décidé je vais plier bagage le plus rapidement possible. Je ne vais pas attendre la fin scolaire. De toute façon, j’ai déjà validé mon année ; bien sûr pas techniquement, je n’ai pas encore validé mon diplôme, mais j’ai appris tout ce que je voulais savoir. Une fois de plus merci à Bryan.

Soudain, je repense à ce cliché de Malcolm. Où ais-je bien pu le fourrer ? Je creuse mon cerveau puis me frappe la main sur le front. Evidemment, je l’ai rangé dans le tiroir de ma table de nuit. Je ne sais pourquoi, j’ai toujours caché ce qui me semblait important à cet endroit. Le plus étrange, c’est que cette photo ne me concerne pas vraiment : on y voit les deux siliconées, Malcolm, les jumeaux Ethan et Evan — deux fortes têtes ceux-là –, l’intellectuelle de service Tiphany et un grand noir nommé Ben il me semble. Mis à part Malcolm, je ne peux pas dire que je sois pote avec les autres. Le seul détail marrant, c’est que le photographe a pris l’image avec un grand angle, du coup on m’aperçoit au loin discutant avec Bryan !

C’est bon, je l’ai retrouvé ce cliché. Il était perdu au milieu d’autres papiers, beaucoup plus important ! Du coup, je le regarde, histoire de ne pas avoir perdu mon temps pour rien. Je remarque alors quelque chose de bizarre. Quelque chose qui ne m’avait pas frappé les fois précédentes. Quelque chose qui me provoque bizarrement des frissons. Que je ne sais expliquer. Il n’y a là rien d’anormal. C’est juste une tache blanche au-dessus des visages, sûrement un défaut d’impression. Pourtant, une drôle de sensation s’empare de moi. Je crois avoir vu la marque se propager au visage ! Ce n’est pas possible, je dois rêver. Il est tôt et je n’ai pas assez dormi. Je me convaincs comme je peux. Après plusieurs secondes, je regarde de nouveau. C’est encore pire, on ne voit presque plus les protagonistes. Seul l’arrière-plan n’a pas changé. Quoique, le phénomène semble vouloir m’effacer à mon tour ! Seul Bryan n’est pas touché par ce délire. Il a bien de la chance, lui.

J’en ai assez vu. Je range cette photo dans le tiroir.

Quelques secondes plus tard, il s’ouvre et se referme dans un grincement sinistre. Puis le cliché s’envole et vient se poser sur mon lit. C’est encore plus flippant. Le lieu a changé et l’on se retrouve sur le perron d’un musée. Celui de l’histoire naturelle que l’on doit visiter la semaine prochaine. Ce que je vois me terrifie, un énorme squelette est en train de stagner juste au-dessus de nos têtes ! Cette fois Bryan et moi faisons partie intégrante du petit groupe ! Une pluie de verre nous menace également, ainsi que les autres lycéens : ça va être un vrai carnage.

Sauf que ce n’est qu’une photo. Ce n’est pas possible que ces événements puissent arriver. De toute façon, même si cela devrait arriver, j’ai un coup d’avance et je pourrais nous sauver. Mais je ne crois pas une seconde que… du moins j’espère que Bryan n’a pas raison concernant la franchise cinématographique, d’autant que d’après lui, ça ne se finit pas bien pour les personnes qui ont échappé au désastre la première fois !