Chapitre vingt-sept : Joséphine ange-gardienne écrit par Rayeuse

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Chapitre vingt-sept : Joséphine ange-gardienne


écrit par Rayeuse


Avant propos : Je me suis inspirée de moi-même pour décrire Stella au Togo. Je n'y suis pas allée personnellement, mais j'ai appris des étudiants d'Afrique. Ils m'ont apporté de véritables leçons de vie. J'espère que ce chapitre vous plaira !

Stella atterrit à Lomé, capitale du Togo. Comment était-elle arrivée dans ce tout petit pays d'Afrique de l'ouest, une bande de terre coincée entre le Ghana et le Bénin ? Justement car cette destination paraissait improbable, du moins pour elle.

Dans l’avion, la journaliste avait rencontré Joséphine ou Amélé ou Dodji. C’est ainsi au Togo, on donne plusieurs prénoms à l’enfant : un nom français, un autre issu de la tradition Ewe et un nom africain.


- Mais appelle moi juste Jojo, c’est comme ça qu’on me nomme en France.

Jojo était étudiante ingénieure en robotique dans une école à Lyon. Son rêve était de développer des robots médecins pour aider les hôpitaux de son pays.


- Vous les français, vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez. Vous allez à l’hôpital pour vivre. En Afrique, on y va pour mourir.

Elle lui explique la pauvreté qui règne au Togo, que les gens n’ont pas les moyens d’avoir accès aux soins dont ils ont besoin. Certains n’arrivent pas à se nourrir…


- Tout ça à cause de notre cher « président », que dis-je dictateur ! Sa famille est au pouvoir depuis près de cinquante ans ! Avant les années 2000, il y avait coup d’état sur coup d’état. Et pour ce qui est des élections, c’est toujours truqué.

-Mais pourquoi tenir à ce point au pouvoir ? demanda Stella.

-L’argent. La France corrompt les dictateurs africains pour s’accaparer les ressources et des positions stratégiques.

-Mais quel pays de…

-Je ne suis pas sûre que ce soit complètement la faute de ton pays.

- Comment ça ?

-Si ce n’est pas la France, ce sera un autre. Tant qu’on n’arrivera pas à mettre au pouvoir quelqu’un d’incorruptible et qui se soucie de son peuple, ça ne changera rien.

Jojo marqua une pause.


-L’avenir des pays riches se trouve en Afrique, en privant l’Afrique de son avenir.

Stella était perturbée par ces révélations, mais pris tout en note. La culpabilité l’emplissait. Elle était une française privilégiée et n’avait pas conscience de tout ce que son pays faisait en Afrique. L’étudiante, voyant la triste mine de la journaliste, posa sa main sur la sienne et lui sourit.


-Ce n’est pas de ta faute.

Jojo se releva et entraîna Stella avec elle.


-Où va-t-on ?

- Je t’emmène voir ma famille. Tu vas voir une image de mon pays sympathique. Je t’ai dit des choses trop déprimantes, il faut que je me rattrape ! 55

La française ne refusa pas cette invitation. La togolaise guida Stella dans les rues de Lomé, une ville pleine de vie et de verdure. Elle lui montra la grande plage de sable doré bordée de cocotiers. La journaliste avait l’impression d’être à Miami.

Tout du long du chemin, la blanche se sentait observée. Les passants dévisageaient l’étrange duo. Gênée, Stella en fit part à Jojo :


-Tu vois ce que ça fait d’être un noir dans Paris ? Bah c’est comme un blanc à Lomé, rigola-t-elle.

Elles arrivèrent dans un quartier excentré de la capitale, où les immeubles laissaient la place à de modestes maisons. Jojo n’eut pas le temps de toquer à la porte de l’une d’entre elle, qu’un comité d’accueil l’attendait :


- Amélé ! Comment vas-tu ma chérie ? demanda une dame âgée en l’enlaçant.

- Mama, ça fait si longtemps.

- C’est qui la blanche avec toi ? interrogea un jeune homme.

-C’est Stella, une journaliste française que j’ai rencontré dans l’avion. Elle fait un reportage sur…

- Les couleurs de l’humanité. Enchantée de faire votre connaissance.

-Le repas est prêt, ça va être froid ! Rentrez pour qu’on discute tous ensemble ! Cria une femme dans la maison.

Stella se retrouva autour d’une grande tablée dans le jardin. Son nez était empli de l’odeur des viandes grillées, des légumes épicés et de la douceur du riz. Jojo essaya de lui présenter sa famille, mais la française fut perdue quand les cousins s’avéraient être aussi des frères, des tantes des mamans. Il devait y avoir une vingtaine de convives. Tous présents pour revoir leur fille – ou cousine, ou nièce – après une année sans la voir.


- Pourtant on s’appelle tous les jours ! Je passe ma vie au téléphone ! Mes amis français me le reprochent.

- Tes amis ne sont pas loin de leur famille, se défendit une de ses mères.

- C’est surtout que les français n’y font pas attention. Les enfants partent des maisons et ils oublient d’où ils viennent ! s’indigna la grand-mère.

- Et toi Stella ? Tu habites avec ta famille ?

- Non, avoua-t-elle, je voyage beaucoup avec mon travail donc je ne les vois pas souvent non plus.

Stella pris conscience que cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas pris de nouvelles de ses parents. Sa vie s’était accéléré depuis la fin de ses études qu’elle ne s’était pas posée pour prendre le temps d’au moins les appeler. Elle échangeait simplement des textos de temps à autre. Sans plus. Et que dire de sa grand-mère ?


- La famille c’est tellement important. S’il y a bien une chose qui restera dans la vie, c’est son amour et son soutien. Les enfants sont aussi précieux. Comment j’ai eu peur de ne jamais avoir Joséphine ! Mais Dieu m’a donné la force pour lui donner naissance. Et voilà que j’ai eu une magnifique fille !

- Maman, arrête c’est gênant.

Le repas se termina sur une note enjouée où tous les convives dansèrent sur de la musique afro. Stella était entraînée par le rythme, mais ses mouvements paraissaient maladroits. La famille de Jojo ne manqua pas de lui faire remarquer, riant de voir une française essayer de danser sur de l’afro. Cela devenait vite un cours de danse pour la journaliste.

La journaliste demanda de se retirer quelques instants. Jojo la guida vers une chambre pour qu’elle soit tranquille.


- J’ai juste un coup de fil à passer.

- Prends ton temps, répondit la togolaise avec un regard plein de compréhension.

Stella balaya son répertoire à la recherche du numéro de sa grand-mère.


-Allô ?

Cette voix si familière et pourtant si lointaine donna une bouffée d’émotions à la journaliste.


- Allô mamie ? C’est moi, Stella.

- Oh ma chérie ! C’est une bonne surprise ! Comment vas-tu ?

- Je vais bien et toi ?

- Çà va pas trop mal, je fais avec la vieillesse !

- J’ai tellement de choses à te raconter.

Stella retenait ses larmes tout du long de la conversation. Elle décrit ses nouvelles aventures de journaliste. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas donner de nouvelles à son aïeule. Elle n’était pas au courant de ce qui s’était passé depuis l’obtention de son diplôme.


- Quelle vie tu mènes ma chérie !

Elles continuèrent sur des banalités. Stella était si heureuse de converser avec sa grand-mère !


- Je t’aime ma chérie.

- Je t’aime aussi mamie.

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