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Mois avant ma conception, mes géniteurs communiquaient par lancer de couverts et vaisselles à mi-hauteur, scène spectaculaire de tomates atomisées sur le plafond, perles du collier de mariage qui bondissaient sur le carrelage glacial, ça part dans tout les sens. Filmée en slow motion, cette performance aurait dégagé un effet artistique hypnotique. ois avant ma conception, mes géniteurs communiquaient par lancer de couverts et vaisselles à mi-hauteur, scène spectaculaire de tomates atomisées sur le plafond, perles du collier de mariage qui bondissaient sur le carrelge glacial, ça part dans tout les sens. Filmée en slow motion, cette performance aurait dégagé un effet artistique hypnotique.

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Cordon enroulé autour de mon cou, un suicide in utero raté d'un bébé non désiré. Cordon retiré du cou, cou secoué, cou maltraité par la jalousie de soeur ainée, minerve à 5 ans. ordon enroulé autour de mon cou, un suicide in utero raté d'un bébé non désiré. Cordon retiré du cou, cou secoué, cou maltraité par la jalousie de soeur ainée, minerve à 5 ans.

Mains rageuses en étau sur ma gorge, pulsations du coeur à limite de l'explosion, axphyxie. A plusieurs reprises j'ai souillé mon caleçon, mêlant odeur âcre avec la peur de la mort et cette interminable douleur. Le père m'accusait de lui voler ses cigarettes ( à tort, j'ai grillé ma mère qui les brûlait en cachette, jetait les cendres en catimini dans la gouttière). Fumée sans feu, cendres de mon enfance noire passée sous silence.

Engagé dans l'armée, attiré par la dimension collective substitut du clan familial raté, la désillusion : harcelé par les fortes têtes, relégué dans la sous-catégorie des tafioles, jamais considéré en tant que militaire puisque j'occupais le poste de cuisinier.

En cachette, je sortais dans les bars avec quelques " amis" par défaut, appartenant eux aussi à la sous-catégorie. Nous nous infligions des " mines", dépravés, imbibés à saturation d'alcools forts, fumant la weed, une enclume écrasante nous broyait la boîte crânienne et nous réveillait abruptement, bavant sur le macadam: un mal de crâne terrible, gueule de bois et trous noirs de ce qui est advenu de nous -même après deux heures du mat'. Evidemment, pas d'autorisations de sortie apres les horaires de détente et nous avions fui les bars du camp. La stratégie principale reposait sur le fait que nous etions de parfaits inconnus, amplifiant une assurance, une confiance en soi et nous bénéficions d'un relachement total de notrr hyper vigilance habituelle pour éviter de tomber en embuscade fomentée par nos chers frères d'armes !

Plus obligés de scander leurs chansons débiles " pour favoriser la cohésion de groupe". ( qu'on soit bien d'accord, je veux parler ici des chants parfois imposés par un lieutenant, chants à la poésie graveleuse durant les dîners).

Rompre la routine, prendre l'air, pas envie de retourner à la base. D'ailleurs, mon degré de motivation est proportionnellement inversé aux degrés d'alcool consommés. J'en ai additionné pas mal......le coma ethylique m'a fait coucou de loin ...Et dire que j'ai fui le " foyer" froid, violent, pour y trouver des repères sains et de la considération! L'ironie du sort: c'est au sein du groupement que je suis devenu alcoolique afin de prouver des valeurs de virilité à la section plus que méprisante à mon égard. D'avertissements aux blâmes, aux suspensions de contrats, aux mesures punitives infantilisantes, j'ai compris que mon comportement me nuisait plus qu'aux autres. A partir de cette prise de conscience, j'ai déployé toute mon énergie au sport. Le développement de ma musculature a étrangement dissuadé toute action agressive à mon encontre. J'ai changé de poste, recommencé tout à zéro. Je me suis rangé et gravi les échelons. Tout était bien huilé, en tant qu'officier respecté, je dormais dans une chambre individuelle ! Une aubaine qui n'a pas duré.....

Depuis l'Opex au Mali, une brûlure intérieure inextinguible me torture jour et nuit. Cauchemars de cette etendue de sable en feu. Au départ, tout se passait bien puisqu'il ne se passait rien.

S'ensuit le secret défense. Il a le visage de la majorité des civils sincerement heureux de notre présence et abec lesquels nous avions tissé une relation de confiance, un terrain d'entente d'abord amorcé par des négociations ( achats de leur bracelets), des matches de foot etc....Les opposants nous toisaient d'un oeil nous mitraillant de haine penetrant le coeur des plus coriaces, un couperet net, des sensations de mort imminente virtuellement transmises....Ordre de là-haut: le repli, on desengorge la base au plus vite. Sur nos pas, l'ombre de la faucheuse a avalé le sang des innocents, devenus cadavres bientôt engloutis, effacés par le sable.

Le bracelet demeurera l'unique trace et preuve de leur existence, de moments authentiques d'échanges malgré les différences culturelles.

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