L'éventail des possibles

3 minutes de lecture

Le cadre devait être posé. Il le fut progressivement.

D’abord les vocables à employer: "Maître", "vous", … toutes les marques incontournables du respect… non de la soumission, formulant toutes les nuances de l’asservissement et de l’avilissement.

La puissance évocatrice de ces mots. Lui, le Maître, que je voulais tout-puissant.

Moi, la soumise, la chienne, la salope, … Que d’appellations qui me faisaient vibrer à leur seule lecture !

Étais-je normale, me demandai-je, de me délecter d’être ainsi humiliée ?

Au-delà de simples paroles sur un écran, jusqu’où étais-je prête à aller ?

Dans l’absolu, je me sentais prête à tout supporter pour lui, mais lui connaissait la réalité de la chose, et toute la palette de sévices qu’il pouvait m’imposer.

Lui-même était allé très loin, si loin… Je n’avais pas pensé à tout ça.

Il m’interrogea donc minutieusement. Si mon principe était de tout accepter, je fus rapidement confrontée à mes propres limites. Des actes que je pensais impossibles, humainement parlant.

Pour commencer, l’évidence. Le shibari était une discipline artistique porteuse d’un horizon de délices infinis. Être attachée ne m ’inquiétait nullement, je l’aurais accepté de toutes les manières qui lui auraient paru appropriées.

De même, toutes les souffrances me semblaient agréables, je l’affirmai avec force. Qu’il ne recule devant aucun supplice, pinces, bougies, aiguilles, fouets, morsures, coups sous toutes les formes existantes.

Ce désir m’était apparu quand j’étais toute petite, de la manière la plus incongrue. J’avais lu les malheurs de Sophie, où l’infortunée jeune fille recevait le fouet régulièrement. Etrangement, cette torture s’était imposée dans mon imaginaire d’enfant, elle s’y était ancrée, j’en avais goûté par procuration la morsure.

J’aspirais donc intensément à en faire enfin l’expérience.

L’aspect d’humiliation de la relation dominant/soumise m’avait cependant échappé car je la réduisais dans mon ignorance à une attitude de respect allant jusqu’à la vénération.

Mon nouveau maître m’ouvrit le champ des possibles, ou plutôt des impossibles, abruptement.

Savait-il que je pourrais aller plus loin sur le difficile sentier de la soumission ?

Toujours est-il qu’il exigea des preuves, progressivement.

Cela commença par des photos que je lui envoyais, car il habitait à des centaines de kilomètres. Des photos dénudées tout d’abord, puis des accessoires furent imposés.

Les pinces, mâchoires de métal qui malmenèrent mes tétons délicats. Les premières fois, j’en eus un orgasme, simplement par la volonté d’endurer leur froide morsure, le sang étant rejeté loin de ces tendres parties. La douleur disparaissait au bout d’un moment, puis revenait brutalement au moment de les retirer.

Plus douloureux était l’étau qu’elles exercèrent sur mes lèvres intimes, dérangeant, à la limite du supportable. Et toujours cette douleur foudroyante au moment d’en écarter les dents crantées.

Petit à petit, je laissais davantage de jeu à la molette qui réglait leur écartement, pour enfin leur laisser toute latitude, déchainant leur pression infernale.

Je me mettais en scène donc, ainsi harnachée, revêtue du collier qu’il m’avait demandé de porter, d’où pendait la laisse que je brûlais tant qu’il saisisse de sa poigne de fer.

Vinrent s’y adjoindre des godes, dont l’un de belle taille pouvait s’arrimer en ventouse sur n’importe quelle surface.

Il m’enjoignit donc de me soumettre à leur pénétration dans différentes postures humiliantes, cambrée de manière à en savourer toute la profondeur.

Je tremblais en exécutant ses ordres, comme s’il avait été en face de moi et qu’il me contraignait de son regard que je devinais inflexible.

Il me fit également travailler sur la dilatation et veillait à ce que mes chairs soient impitoyablement écartelées. Pour cela, il m’ordonna de m’acheter un plug anal que je devais porter autant que faire se peut, ainsi qu’un gode gonflable, qui me mit à rude épreuve.

J’en saignais à plusieurs reprises, mais je ne m’avouais pas vaincue car je désirais intensément qu’il soir fier de moi.

Cependant, je connus ainsi ma première défaite face à lui car j’échouais à m’insérer un phallus de verre oblong d’un diamètre maximal. Malgré tous mes essais, dans la sueur, le sang et les larmes, je n’y parvins pas. Ce fut pour moi un déchirement.

Ainsi, mon Maître me poussait à aller toujours plus avant, mais, à ce moment, il me montra qu’il s’inquiétait de ma santé et rompit là l’exercice.

Les vidéos succédèrent aux photos, j’y démontrai une attitude humble, collier au cou, je m’infligeais tout ce qu’il me commandait de faire, parfois avec des accessoires inattendus.

Comme cette brosse ronde, dont je ne soupçonnais pas l’utilisation cruelle, labourant mon clitoris, puis s’enfonçant dans mon intimité pour l’irriter de ses entêtants picots.

Tout un monde s’ouvrait devant moi, guidé par sa main.

Jusque là, cela avait été relativement facile, mais ce n’était que le début.

J’avais sous-estimé sa redoutable imagination, et ses féroces appétits.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Anne Cécile B ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0