Pour Lui à travers les autres...

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Une douce routine s'était mise en place, faite d'échanges et de défis divers. La dimension sexuelle prenait de plus en plus de place dans notre relation.

Cependant, comme il vivait relativement loin de chez moi, il devenait nécessaire d'impliquer une tierce personne dans nos jeux pour exécuter ses ordres.

En conséquence, je m'étais inscrite sur un site de rencontres. Sur ses directives, j'avais laissé un message suggestif accompagné d'une photo dissimulant très peu mes charmes. Je suis plutôt banale, mais j'ai la chance d'être mince. Alors, pour attirer le chaland, j'avais opté pour un ensemble de sous-vêtements noirs minimalistes, et me présentais cambrée, mes fesses offertes à qui en voudrait bien.

En quelques heures, j'avais récolté plus de cent réactions, c'était prévisible. Mais malgré cela, peu d'hommes m'avaient contactée, car une telle proposition laissait craindre qu'elle émanait d'une prostituée.

Cependant, quelques téméraires m'avaient laissé un message et selon la volonté de mon maître, il fallait que je les contente tous. J'ai toujours aimé le sexe, mais me donner ainsi au premier venu était une expérience nouvelle pour moi. Cela m'intimidait et m'excitait tout à la fois.

Mes relations jusque là avaient été somme toute classiques, des connaissances poussées au gré des soirées. Quelques unes avaient perduré quelques mois, voire plusieurs années pour l'une d'elle.

De toutes ces relations éphémères, j'avais gardé un arrière-goût amer, l'impression d'avoir été utilisée puis jetée. Car, depuis toujours, j'avais eu le plus grand mal à ne pas m'impliquer sentimentalement dans mes histoires avec le sexe opposé. À de nombreuses occasions, mon coeur d'artichaut m'avait occasionné bien des douloureuses déconvenues.

Néanmoins, j'agissais là en service commandé, et plus je conversais avec mon Maître, plus son emprise sur moi se renforçait. Et par le travers naturel de mon caractère, je m'en éprenais peu à peu.

Etait-il possible de tomber amoureuse de quelqu'un qu'on n'avait jamais vu ?

Mon désir de le satisfaire en tout point s'en trouvait sans cesse renforcé.

Je sélectionnais mon premier amant d'un soir, Nunzio, un italien qui vivait près de la frontière, au physique assez agréable. Je lui indiquai mes conditions. Une rencontre en terrain neutre : ni chez lui, ni chez moi. Une chambre d'hôtel était toute indiquée. J'étais prête à faire valoir que s'agissant d'une partie de jambes en l'air gratuite, il pouvait faire l'effort de prendre sur lui une telle réservation, mais il ne fit aucune difficulté. Il n'en fut pas de même lorsque je lui déclarais qu'il nous faudrait suivre un scénario défini par le Maître, et qu'il devrait filmer nos ébats pour le plaisir d'un autre. Je calmais ses interrogations en lui assurant que seule moi apparaîtrais sur la vidéo. Au bout d'une demi-heure de conversation, je l'avais convaincu, et nous avions décidé du lieu et du moment de notre rencontre.

Ce moment arriva bien vite. Mon ventre se tordait d'appréhension en pénétrant dans le lobby de l'hôtel, un établissement de standing près d'un grand centre commercial. Nunzio s'était montré galant, il aurait très bien pu choisir une gargote au rabais, pensais-je en me dirigeant vers la chambre qu'il m'avait indiquée.

Je savais qu'il m'y attendait, mon coeur manqua un battement en levant la main pour toquer à la porte. Mais le battant s'ouvrit avant que je n'aie le temps de me ressaisir. Il était là, certainement à guetter les allées et venues dans le couloir. Il était aussi avenant que sur les photos de son profil, avec de beaux yeux bleus et un charme tout transalpin. Obligeamment, il m'offrit de m'asseoir et me proposa un verre, que j'acceptai avec empressement. Je constatai qu'il avait élégamment disposé des bouquets dans deux petits vases sur les tables de chevet.

Je n'osai ni le regarder, ni faire un geste vers lui, nous nous bornâmes à quelques banalités. Au bout d'un moment qui me parut une éternité, il prit ma main et approcha ses lèvres des miennes. Dès que le baiser s'engagea, je fus immédiatement à mon aise et le reste s'enchaîna presque naturellement. Il était adroit et s'occupa de mon plaisir avant le sien, portant mon désir à son paroxysme.

Dans le feu de l'action, je rappelais à mon partenaire les instructions du Maître à demi-mot, vaguement honteuse de briser la magie du moment, d'autant que celles-ci n'avaient rien de romantique. Après avoir dûment exploré tous mes orifices, Nunzio m'avait inséré dans l'anus un gode de grande taille que j'avais préalablement lubrifié en le léchant consciencieusement, avide de ce qui suivrait. Il prit place avec facilité en moi car mon maître avait eu à coeur de me faire travailler la dilatation en m'imposant des plugs de tailles croissantes. Le bel italien m'en positionna un autre dans le sexe et me pénétra en même temps, lentement, avec précaution.

Je serrai les dents, endurant l'écartèlement de mes chairs mais me sentis bientôt délicieusement remplie. Mon amant, qui était au diapason de mon plaisir, me pilonna bientôt de son phallus, jouant avec le gode entre mes reins, et j'en fus comblée.

La gêne me reprit au moment de prendre congé, car m'être montrée sous ce jour à un parfait inconnu m'avait mise mal à l'aise. Celui-ci se comporta comme un gentleman jusqu'au bout, me baisant tendrement le poignet, en me suppliant de le recontacter. Il me fit comprendre qu'il ne me jugeait en rien pour ce jeu auquel je l'avais fait participer.

En arpentant les quelques mètres qui me séparaient de ma voiture, j'avais toujours le feu aux joues. J'avais tellement hâte de montrer à mon Maître que j'avais accompli toute sa volonté...

Ce fut avec des mots paradoxalement très froids qu'il m'avoua que ces images l'avaient excité, en me complimentant au passage sur mon corps et ma capacité à me plier à ce qu'il m'ordonnait. A ce moment, je planais sur un petit nuage, fière de m'être parfaitement soumise à Lui. La soirée avait été exquise.

D'autres soirées à peu près semblables se succédèrent, avec des amants moins délicats cependant, et dans des lieux moins glamours. Mais plus les conditions m'avilissaient, plus je me sentais orgueilleuse de m'offrir pour mon Maître. Car y avait-il de mérite à m'adonner pour lui à des actes qui m'étaient plaisants ? Plus cela m'était pénible, et plus j'espérais recevoir de Lui une certaine forme d'estime.

Cela, il l'avait bien compris, non, il oeuvrait délibérément dans ce sens. La suite me le confirma.

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