L'ombre de la perte.
"Alison, il faut que tu te rendes à l'hôpital. Maintenant.", m'ordonne ma mère d'une voix tremblante. Mon cœur s'arrête. Pourquoi ? Qu'est-il arrivé ? Je partage un regard inquiet avec Aaron et Tom, qui pressent le pas pour m'accompagner. Malgré ma peur et mon anxiété, je ressens le soutien de mes amis, et cela m'apporte un certain réconfort.Sur le chemin vers l'hôpital, je me demande ce qui se passe et espère que ce n'est pas mon père qui a une nouvelle chose tragique. Quand nous sommes arrivés, des flashbacks des dernières semaines me traversent l'esprit. Je réalise à quel point ma vie a été bouleversée par cette perte, et je crains que cela ne soit qu'une autre épreuve à surmonter.Aaron tient ma main, et je sais qu’ensemble, nous surmonterons toutes les tempêtes. Je prends une grande respiration avant d'entrer dans le bâtiment médical, anxieuse mais déterminée à faire face à ce qui m'attend. Je raccroche tout de suite, et Tom, qui a entendu cette conversation entre ma mère et moi, prend les clés de sa voiture et m'y conduit rapidement. En arrivant aux portes de l'hôpital, le père d'Aaron me laisse descendre et se dirige vers une place pour se stationner afin qu'il puisse nous rejoindre. Je grimpe par deux les escaliers et en atteignant le sommet, je perçois ma mère au loin. Elle semble être apeurée, et Enzo n'est pas à ses côtés. Je saisis immédiatement que nous sommes là pour mon frère. La tête de ma mère se tourne vers moi, et des larmes commencent à couler sur ses joues. En courant, je me rapproche d'elle, la serre dans mes bras et, avant de commencer à pleurer à mon tour, je lui demande de se calmer et de m'expliquer ce qui se passe.
- Enzo se promenait paisiblement dans la ruelle devant la maison, comme d'habitude. Je lui avais donné mon accord car il n'y avait aucun signe de vie d'un véhicule ici. J'étais en train de le surveiller, puis une voiture est arrivée rapidement. Je n'ai pas eu le temps... Un instant, sa voix se brise, puis elle reprend. Je n'ai pas eu le temps de lui dire de faire attention et j'étais un peu trop loin pour pouvoir le sauver.
Sur ces paroles, mon cœur a cessé de battre. Le tremblement de mon corps était si intense que je me suis effondrée au sol sans pouvoir prononcer un mot. Cette question s'agite dans mon esprit. Et si j'avais été présente ? J'ai réussi à me relever grâce à l'aide d'Aaron, et j'ai eu du mal à demander à voir Enzo. Ma mère m'a fixée avec une profonde absence dans les yeux.
- Alison, les médecins ont déclaré qu'ils allaient tout mettre en œuvre pour tenter de guérir ton frère. Cependant, ils ne sont pas certains qu'ils réussiront.
Les yeux remplis de larmes et la main devant la bouche, je n'avais plus suffisamment de force pour prononcer un seul mot. Après quelques minutes, des paroles émergent enfin de ma bouche.
- Non, pas lui. Pas Enzo. Tout d'abord mon père, puis mon frère ? Mais que suis-je devenu pour mériter cela ?
Après deux heures, un médecin sort d'une pièce où il est écrit : Salle de travail. Des infirmiers s'échappent derrière lui, portant une table d'opération avec une personne allongée, et par-dessus, un drap blanc. La silhouette représentait un enfant. Le médecin s'approche de nous, nous fixe dans les yeux et je lui demande si mon frère se porte bien.
- Madame Berckleys ? Malheureusement, Monsieur Enzo Berckleys n'a pas survécu à cet accident. Malgré les efforts de l'équipe médicale de notre hôpital, le jeune homme a perdu la vie en raison de ses blessures. Je vous présente mes sincères condoléances, mesdames.
Le monde s'effondre devant moi. Je ne perçois plus que du flou à mon entourage et mes oreilles sont écarlates. Je tente de me persuader que cela n'était pas vrai.Cinq mois ont passé depuis la mort d'Enzo. Ma tristesse devient colère, et c'est ma mère qui est victime de mon comportement. Je suis perplexe quant à l'utilité de vivre si toutes les personnes à qui je tiens finissent par partir ou succomber. Aaron et Tom nous visitent quotidiennement afin de nous surveiller et cherchent à me calmer lorsque j'ai des crises. Après s'être apaisées, mes larmes continuent de couler en cascade. Il est presque impossible de me calmer. Je ne peux plus dormir, je ne cesse de réfléchir à ce que serait ma vie s'ils n'étaient pas partis. Je songe souvent à partir loin, très loin, pour pouvoir les retrouver, me disant que la vie serait certainement meilleure sans ma présence.
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