Le dernier souffle.
Les semaines passent après cette rencontre inattendue avec Claire. Chaque fois que je retourne au parc, elle est là, comme un reflet de mon propre chagrin. Peu à peu, nos conversations s’approfondissent. On partage des souvenirs, des rires timides, des silences pleins de sens. Parfois, nous nous asseyons simplement, côte à côte, contemplant les flocons qui tombent, comme si ces moments de tranquillité suffisaient à combler un peu le vide que la mort a laissé.
Mais malgré cette nouvelle amitié, le poids de l'absence de Léanne ne me quitte pas. Le sentiment d'inéluctabilité devient de plus en plus difficile à ignorer. Une fatigue profonde s’installe en moi, une fatigue qui ne vient pas du corps, mais de l'âme. Chaque jour, je sens cette lassitude m'envahir davantage, comme si la vie elle-même me glissait entre les doigts.
Un soir de janvier, je retourne seule au parc. L’air est glacial, mais je ne ressens presque plus la morsure du froid. Je m’assieds sur notre banc, celui qui est devenu le lieu de mes confessions silencieuses. Les étoiles sont brillantes ce soir, scintillant au-dessus des arbres nus. Je lève les yeux, cherchant un réconfort dans leur lueur distante.
Je ne peux plus continuer comme ça, Léanne, chuchoté-je, la gorge serrée. J'ai essayé. J'ai vraiment essayé, mais... je suis fatiguée.-Je ne peux plus continuer comme ça, Léanne, chuchoté-je, la gorge serrée. J'ai essayé. J'ai vraiment essayé, mais... je suis fatiguée.
Mes paroles se perdent dans l’immensité de la nuit, et je ferme les yeux. Le vent souffle doucement, comme une caresse. Je sens une présence familière. Léanne.
Soudain, je ressens une pression sur ma poitrine, faible au début, puis plus forte, jusqu’à devenir insoutenable. Je tente de respirer, mais l’air refuse de remplir mes poumons. La panique s’installe, mais elle est rapidement balayée par une étrange paix. Mon corps s’alourdit, et je me laisse aller, glissant doucement le long du banc.
Le monde devient flou. Les bruits du parc s’estompent, remplacés par un silence profond. C’est dans ce silence que je sens à nouveau Léanne. Elle est là, juste à côté de moi, comme avant. Elle ne dit rien, mais son sourire me réchauffe plus que n'importe quel mot. Sa main tendue vers moi, je la prends, et aussitôt, une vague de calme m'envahit. La douleur disparaît.
"Tu es prête?" me demande-t-elle d’une voix douce, presque imperceptible.
Je hoche la tête, un sourire ému aux lèvres, consciente que chaque pas à ses côtés est une promesse de renouveau. Ensemble, nous avançons vers l'infini, main dans la main, le cœur léger et l'âme apaisée.
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