L'autruche, l'enzyme et le politicien

2 minutes de lecture

2020 : première "fable" (inspirée des récentes découvertes scientifiques - CRISPR).

Une autruche élancée s'affairait dans les dunes.

La belle ébouriffée cherchait sa bonne fortune

Elle courait à hue, elle trottait à dia

Toujours grattant le sable pour trouver son repas.

Elle aimait son désert et remerciait les dieux

Pour les herbes et les vers, pour ces fruits délicieux

Que découpait en cubes au creux de ses entrailles

L'enzyme qui en secret faisait tout le travail.

L'une et l'autre ainsi vivaient comme des reines

Et se satisfaisaient d'une vie simple et sereine

Quand un politicien débarqué de son monde

S'en vint bouleverser le calme de leur onde.

Il promit tout et plus à l'autruche naïve

Dont l'enzyme prudente, au bien-être attentive,

Réfrénait les ardeurs, tempérait le désir

D'une vie sans labeur et remplie de plaisirs.

Il lui promit des mangues en telles quantités

Que l'enzyme ne pourrait toutes les digérer.

Il promit que le sol par lui bientôt dompté

Donnerait en sept jours plus qu'en toute une année.

Il promit encore, l'homme n'était point avare

Que les vers sauteraient tout seuls dans son gosier

Et que l'oiseau vulgaire, long cou et grands panards

Deviendrait une autruche gracieuse et raffinée.

L'enzyme qui connaissait les méfaits des promesses

Avertissait la cruche, aveuglée par la liesse,

Que la parole du sieur qui veut qu'on vote pour lui

N'a pas plus de valeur qu'une pelure de kiwi.

Mais l'autruche écouta plutôt que son amie

Le manipulateur qui pour ce grand désert

O vil tentateur, vaine idéologie

Avait de grands projets cachés sous ses grands airs.

Il modula si bien le ton de sa complainte

Assurant une vie libérée des contraintes,

Il harangua si fort le pauvre volatile

Que la vierge emplumée vota pour l'imbécile.

De larges autoroutes traversèrent bientôt

Le désert nettoyé de tous ses animaux,

Chassant la nourriture aux confins du pays,

Massacrant la nature au seul nom du profit.

Des centres commerciaux comme des champignons

Sortirent soudain de terre, barrant tout l'horizon

Et l'autruche paresseuse ne passait plus son temps

Qu'entre bonnes affaires et mensonges des puissants.

L'oisive enzyme pleurait, maudissait son refuge

Cette caboche au long cou, à l'ego centrifuge

Qui plongeait yeux fermés dans le sable souillé

S'appliquant à nier les horreurs du progrès.

Désœuvrée et sans but, l'autruche délabrée

Avait perdu la lutte, lustrait son canapé.

Et l'enzyme délaissée se morfondrait à vie

Devant une télé, devant le Juste prix.

L'effort n'est jamais vain, il est l'élan vital.

L'art du politicien sera toujours fatal.

Loin de nous les mensonges d'une vie trop facile

Car le mieux est un songe et le vide nous abîme.

Février 2020

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