Chapitre IV

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Alors que la lettre parcourait le vaste territoire des Faucons en direction du palais royal, l’archimage essayait toujours d’ouvrir son coffret. Puis elle se souvint d’un élément, une personne qui pourrait l’aider à l’ouvrir, le général Shall. Elle fouilla donc ses archives mnésiques et trouva un grimoire ou s’inscrivait : Grande quête de guerre du Colonel Lark, c’est dans une projection mnésique la reliant à son esprit et aux ressentis et souvenirs du Colonel est ainsi s’anima tout une scène guerrière.

— Général Shall ! Qu’allons-nous faire ? questionna l’officier second sur un ton oppressant.

Shall ne répondit pas sur le moment, alors que son regard s'égarait sur le champ de bataille. Il était submergé par le doute et ses craintes de perdre cette campagne s’intensifiaient. Ce détail n’échappa pas à l’œil de son second, le colonel Lark qui lança la retraite à l’aide de son sceptre. Il lança une puissante boule de feu dans le ciel, symbole de la capitulation.

Cependant, leurs adversaires du monde du Bas ne voulaient pas en rester à une simple victoire : ils voulaient détruire toute rébellion future. Trois chefs d’escadrons avaient rejoint la position des généraux afin de faire un rapide état du champ de guerre au Général Shall, mais il les ignora. Concentré sur le ciel, il affirma :

— Par chance, les Dieux sont encore avec nous !

Haut dans ce ciel, d’épais nuages gris de plomb se formaient et le regard du général changea. Il prit son long sceptre, tendit les bras et attendit un court instant.

— Mais que fait-il ? s’écria l’un des chefs d’escadrons.

— Taisez-vous et regardez ! répondit le colonel Lark sur un ton solennel.

Le chef ne comprenait pas ce qu’il se passait, pourquoi le second avait encore foi en son supérieur face à telle défaite ? Il ne leur restait qu'une petite escouade, que l'ennemi avait encerclée.

Tout à coup, Shall se dégagea une puissante aura carmin, elle souleva ses longues nattes argentées et la pierre de son arme magique s’illumina d’un bleu roi. Il commençait à invoquer Astra divinité de la foudre. Le vent s’intensifiait et les nuages s’assombrissaient et se transformaient en stalactites.

Sur le champ de combat, le dernier chef sentait la fin. Il ordonna aux deux derniers invocateurs en vie de créer une barrière protectrice. De l’autre côté de la barrière magique, se tenaient des singes qui lançaient des sorts de foudre et de feu sur la sphère protectrice. Les deux invocateurs s’étaient repliés au centre de la dizaine de guerriers et maintenaient leurs concentrations jusqu’à leur paroxysme.

Or, même s’il maîtrisait l’art de la protection, ils ne pouvaient contenir les diverses attaques ennemies. Le bouclier faiblit un instant et un éclair pourfendeur transperça le bouclier magique en électrocutant un guerrier. Celui-ci, s’effondra, le corps fumant et embaumant la sphère d’une odeur de chaire calcinée. La peur redoubla dans les troupes alliées. Aussitôt, un vaillant guerrier saisit son bouclier afin de combler la percée ennemie. Puis, un phénomène étrange illumina le sol. Aux dessus d’eux, s’était formé dans les nuages de dizaines des stalactites luminescentes.

Shall avait terminé l’invocation d’Astra. De puissant tourbillons de foudres descendirent et firent des ravages parmi les troupes ennemies. L’invocation ne dura que quelques secondes, mais elles suffirent pour retourner l'issue du combat. Les chefs étaient impressionnés, ils allaient perdre et pourtant ils avaient réussi. Quant à Shall, il s’effondra genou à terre essoufflé la tête penchée vers le bas, dans son regard on pouvait lire des doutes et son cœur le faisait souffrir.

Le voyant ainsi, Lark s’approcha, posa sa patte sur l’épaule du général. L’air inquiet il dit :

— Ça va aller, Général ?

*****

[1] Boisson chaude à base de plante magique seulement utilisé par les Archimages.

Le simple fait de sentir la chaleur de sa patte suffit à le faire revenir. Lark pressentait qu’il se tramait quelque chose en lui. Shall se releva, observa les centaines de corps supplémentaires après l’invocation d’Astra, renifla le sang et la chair carbonisée, mais cette fois-ci, le parfum de la mort le troubla. Il interpella son ami :

— Lark, mon ami, ça fait combien d’années que tu es à mes côtés ?

Une légère brise souffla à ce moment. Elle emporta l’odeur âcre de la guerre au loin.

— Ça fait un bon paquet, Général… peut-être même un peu trop, répondit-il sur un ton grave.

Shall sourit.

— Je crois que je suis fatigué…, le temps est venu pour moi de tirer ma révérence, annonça-t-il en posant ses yeux sur la poignée de survivants.

La troupe de guerriers qui restaient s’approcha de la colline, point stratégique des officiers. Tous étaient blessés et se soutenaient les uns les autres. Lorsqu’ils arrivèrent aux pieds des supérieurs, ils saluèrent les officiers du poing, mais cette victoire avait un arrière-goût de défaite. Au fond d’eux, chacun le ressentait. Dès qu’ils quittèrent le champ de bataille, ils cheminèrent sans un mot. Ce silence était comme un hommage aux centaines de combattants qui avaient perdu la vie. Puis des gouttes d’eau tombèrent, suivies d’une averse.

Quand les survivants se présentèrent au fort basé à la frontière du Monde du Centre et de celui du Bas. Des mages guérisseurs attendaient leur retour et dès qu’ils virent leur état de santé, ils projetèrent leurs sorts de soins. Or, bien qu’ils réparent les corps blessés, parfois même déchirés, ils ne pouvaient guérir les esprits brisés. Les portes du fort s’ouvrirent. À l’intérieur un silence s’installa, nul ne voulait crier victoire. L’ambiance morose laissa place à autre chose…

Le commandant en chef sorti de ses quartiers, il s’avança vers son second, le général Shall.

— Cette victoire appartient aux Dieux ! Frères d’armes, soyez les bienvenues chez vous !

Le commandant Malhia était un Archimage de renom, fit une offrande aux Dieux, leva son sceptre et projeta un puissant rayon d’énergie pure dans le ciel.

Trois jours plus tard, dans l’une des bases militaires des Félins situés dans le territoire des Chats, une réunion des principaux officiers guerre se préparait dans le plus grand secret. Elle se déroulait dans Mû la grande. Cette cité avait une architecture médiévale et elle siégeait au coeur d’immenses remparts. Sa particularité était qu’elle était mobile. Elle flottait dans l’air, seul, le peuple des Chats et quelques privilégiés avaient l’accès.

Le commandant Malhia, Shall et Lark étaient invités à cette réunion depuis quelque temps déjà. Après leur triste campagne, ils prirent la route pour y assister. Pendant le trajet, ils parcoururent de vastes terrains agricoles où des chats paysans travaillaient des herbes à chat, ainsi que des fruits de qualité. Les terres des petits félins étaient réputées pour leurs vertus et ce territoire était très convoité par le Monde du Bas. Les petit et grand Félin s’étaient alliés contre les Barbares du Bas afin de préserver toutes ces ressources. Durant leur trajet, ils croisèrent plusieurs troupes nommés les Siam. Troupes d’élite.

— Une légende raconte qu’une poignée de Siam avait suffi à renverser un millier de guerriers barbares. Même nos plus puissants Archimages, pourtant bien plus forts, les craignaient. Comme vous le voyez, les Siam se ressemblent tous, petits, agiles et dotés d’un courage hors normes, mais ce n’est pas tout. Des rumeurs sur leur art guerrier, disent qu’ils connectent leurs corps et esprit, ce qui renforce leurs aptitudes de combats en fonction de leurs nombres. Ne vous fiez donc pas à pas à leur petite taille. Et même s’ils n’utilisent pas la magie de la même manière que nous, ils la manient, mais ils ont un penchant pour les armes tranchantes.

Quand soudain, une forteresse se dessina dans les hauteurs du plateau Pussil.

C’est ainsi que prit fin le souvenir de cette quête qui s’effaça dans la pièce et elle referma le grimoire des mémoires de guerre du Colonel Lark. Kalyha éprouvé par ce souvenir s’assit un instant près du plan de travail, le temps qu’elle reprenne ses esprits et surtout qu’elle se délie de cette réalité mémorielle.

Elle décida donc de chercher le Général afin de lui demander son aide. Quand elle remise de ses émotions, elle lança invocation. Passarella : un vortex se matérialisa devant elle. Dans celui-ci, elle vit le reflet du Général Shall accompagné de l’Archimage, Alban. Non surprise par cette apparition, elle pénétra dans le vortex.

De l’autre côté, Shall et Alban Cheminaient vers le nord. Quand tout à coup, tous deux sentirent une puissante magie. Derrière eux un portail dimensionnel s’ouvrit, comme dans un miroir. Ils aperçurent la lionne vêtue d’une armure d’argent en portant en dessous une longue tunique magenta qui traînait sur le sol. Lorsqu’ils croisèrent ses yeux bleu persan, un charme s’opéra. Les lionnes Archimages avaient le pouvoir de charmer tous les grands félins, mais cela ne dura que quelque instant pour Alban, car il rompit l’envoûtement à l’aide d’un talisman qu’il portait autour du poignet. Celui-ci s’illumina, les yeux persans du mage perdirent de leur intensité. Aussitôt, une puissante aura verte de jade se dégagea du Félin soufflant les plantes environnantes. Le vortex se referma et Alban dit :

— Arrière Kalyha ! lança-t-il en tendant son sceptre.

La lionne sourit, laissant apparaître ses crocs en avançant.

— Naît craint mon cher Alban, je ne viens pas pour toi, mais pour ce cher Général. Et pour faire par de franchise, j’ai besoin de son aide, car seul le Général peut me soutenir sur une.

Le talisman brillait de plus en plus quand soudain, il se fissura sous la puissance de son aura. Cependant, Alban avait réussi à désenvoûter Shall à l’aide du sortilège : Lynxis et il put récupérer ses esprits laissant le sien sous son emprise.

— Mais qu’est-ce ? s’interrogea Shall.

En voyant la lionne s’approcher de lui, il recula d’un pas.

Puis, elle calma son aura et sous un autre ton elle exposa :

— Général, j’ai besoin de votre art de l’invocation…, s’il vous plaît, aidez-moi et je vous en serais infiniment reconnaissante.

— Qui êtes-vous ?

Elle resta silencieuse un instant et se présenta :

— Je me nomme Kalyha archimage du Roi Faucon.

— Mais pourquoi donc une archimage de classe royale a besoin d’un mage comme moi ?

Elle détourna son regard du sien et continua :

— J’ai besoin d’un maître de l’invocation, car je maitrise mal cet art, c’est pourquoi me voilà ici. J’ai en ma possession un artefact qui m’a été légué par mes ancêtres : il est contenu dans un coffret et je n’ai pas la puissance nécessaire pour l’ouvrir et recourir à la magie interdite m’est désormais interdite.

Elle présenta le coffret et le Général Shall observa attentivement l’objet.

— Les glyphes inscrits sur ce coffre me rappelle, un dialecte très ancien… laissez-moi un temps de réflexion.Il jeta un regard sur Alban. Désenvoutez-le, il ne va pas rester comme ça !

— Hors de question ! Je le connais que trop bien. Alban l’Archimage légendaire. Il fut, autrefois, un compagnon d’arme de mon oncle qui d’ailleurs s'est sacrifié pour lui, l’infâme, affirma-t-elle en fronçant les sourcils.

— Alors, je préfère mourir ici même ! rétorqua-t-il sur ton vif.

La lionne se tut un instant, grinça des dents et finit par désenvouter Alban. Celui-ci avait oublié, jusqu’au moment où il la vit il voulut reprendre ses armes, mais il fit stopper par le bras de Shall.

— C’est bon mon ami n’aie crainte ! On va aller avec elle…

Alban le regarda avec des yeux hébété et dit :

— Si tu veux aller avec elle soit, moi je refuse ! Je la connais que trop bien. Je pars vers Khallas je t’y attendrais là-bas, soi prudent surtout, lui répondit-il en lui lança un regard noir.

Kalyha, le snoba et rouvrit le vortex. Elle pénétra dedans. Shall saisit l’épaule fermement de son nouvel ami et lui fit un clin d’œil :

— Je te rejoindrai ne t’en fais pas camarade !

Aussitôt rencontrés, les deux mages devaient déjà se séparer et tous deux partirent dans des directions différentes.

Dans le laboratoire, Kalyha ouvrit la dimension où se situait le coffret, le posa sur son plan de travail. Le général s’approcha, intéressé par les glyphes inscrits dessus.

Subitement, Shall fut pris par une puissante aura électrique émergeant de son corps brisant le matériel de chimie posé sur le plan. Ses yeux brillèrent d'un sublime bleu persan et machinalement, il sortit un dialecte jusqu'alors inconnu :

Seli almet sun kobé len klime den terasume den paresan, yesale su génes unifica sera locas. Solissen len locases den karpa se délision. Délision den toria se laboses rifrimes len chimanes.[1]

Il répéta cela à plusieurs reprises quand soudain, il tomba à genoux et il finit par s’évanouir. Kalyha, elle, était restée en retrait et lentement sur son museau, un sourire en coin se dessina.

*****************

[1] Ici s’inscrit dans ce coffret les secrets des anciens et seule une juste magie peut l’ouvrir. L’amour les ouvrent des portes de l’au-delà. L’au-delà des étoiles, se referment les pouvoirs.

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