L'homme pacifié - Réponse au défi " 1 jour, 1 son #1 " - Jeudi
Il serait peut-être temps de ne plus en donner à ce qui nous en prend.
J'imagine qu'un homme pacifié mesure la dépense de sa vie, et protège ce qui le tient éloigné des conflits. Non, il ne les esquive pas s'il devait en rencontrer, mais je dirais plutôt qu'il les apaise, tout d'abord en lui, puis dans l'intermédiaire qui le sépare de l'autre. L'homme qui veut la paix s'entretient dans la compréhension de son prochain, et cherche un compagnon de promesse, plutôt qu'une épine dans le pied et un adversaire face à qui il doit se faire respecter. Enfin, vis-à-vis de cet autre qui, peut-être ne voudrait pas de cette paix, il faudrait s'organiser sereinement pour ne plus ni voir ni entendre ses invectives. Il faut que cet autre apprenne qu'il se fait une guerre à lui-même.
La paix ne se cultive pas dans la réponse, mais dans la question. Il suffit de demander pourquoi ! Une fois que la réponse à ce "pourquoi ?" est donnée, la chasse à l'homme devient une récolte des idées, leur tri et leur mise en lumière. C'est là que nous avons, je crois, toutes les informations nécessaires à la paix. Comprendre les rouages de ce qui nous est différent, c'est enclencher le mouvement du mélange, plutôt que le choc. Il est certain que si nous nions en bloc les possibles points communs qui peuvent exister dans la multiplicité des divergences, il y a une impasse. L'étrange et l'étranger, le sont, parce que nous nous efforçons bien trop peu à les familiariser avec les raisons de nos réactions ! Et nous sommes aussi, pour d'autres regards, des étranges et des étrangers. Quand on s'engage à accueillir la problématique pour la résoudre, plutôt que de s'interroger sur les conséquences de cette dernière, nous nous offrons une avancée, plutôt qu'une prise de position rigide. Les solides qui se rencontrent deviennent difficilement homogènes.
En clair, l'homme pacifié, fait de la guerre, une terre à oublier. Il se fluidifie l'esprit, en y incorporant quelques gouttes d'ouverture à l'autre et d'empathie, qui souvent suffisent à désamorcer les disputes en devenir, les débats accusateurs et l'isolement des plus faibles. L'homme pacifié, reconnaît que la loi du plus fort, est en perte de vitesse dans notre époque, bien qu'encore trop largement utilisée. Par ce biais, il s'engouffre dans la brèche de la peur, il veut en trouver la racine, et en faire rejaillir d'autres modèles, d'autres lois... Celle de l'intelligence, de la maîtrise, de la stratégie. L'homme pacifié, en tout cas, ne veut pas nécessairement gagner, mais faire comprendre que les " rentre-dedans " sont des causes perdues. Comme le boxeur qui esquive d'innombrables coups, conscient qu'il ne gagnera pas par K.O., et qui touche son adversaire plus souvent, même si cela ne lui fait pas mal. L'objectif est de gagner aux points, ce que le plus fort, sur le papier, ne veut absolument pas envisager... Pour lui, c'est le K.O. ou rien. L'homme pacifié, en revanche, ne veut ni le chaos ni le rien.
Mathias.
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