Bonjour Tristesse
Je n'avais rien prévu d'autre que de rire ce jour-là, heureux d'ouvrir les yeux, de faire corps avec la bonne humeur. Le ciel était d'un bleu océan, le soleil d'un jaune citron. Je me serais cru dans un dessin animé, les hanches se déplaçant de droite à gauche, tel le plus joyeux des danseurs, et les oiseaux prêts à venir sur mon épaule, pour chanter avec moi à quel point j'aime ma vie ! Mais dans un de mes sifflements les plus aisés, un bruit sourd et lourd a résonné. Quelqu'un a toqué à la porte, brisant l'ambiance exquise et ordonnant que je lui ouvre. Je n'en avais pas envie, parce que je suis bien, même seul. En revanche, je suis poli, un poil trop gentil pour laisser qui que ce soit planté là, à mon entrée...
- Bonjour Tristesse ! Si j'avais su que c'était toi, je n'aurais pas ouvert la porte.
- Qu'est-ce qui t'empêche de la refermer ? Tu crois que je t'impose quelque chose quand je viens te voir ?
Je lui ai claqué la porte au visage à ce moment là... D'ailleurs, elle n'avait jamais eu de visage, si ce n'est le mien. Et ce matin, ce visage, je n'avais pas envie de le voir. Au revoir Tristesse ! Mais c'est un peu plus tard que je me suis rendu compte que j'étais toujours triste et que les couleurs qui m'émerveillaient étaient devenues fades. Le bleu océan s'obscurcissait en bleu noir des abysses, et le jaune citron a viré au jaune sécheresse, désert aride. Elle était toujours là, car la Tristesse s'invite parfois même quand elle s'en va, car si elle part, elle ne peut s'empêcher de partir sans moi. Une manière de me faire comprendre que la faire fuir est la meilleure façon, pour elle, de m'accueillir. Et pourtant, j'étais chez moi... !
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