0. Extrait
Sa jolie maison était nichée au pied du Ruissatel. Elle dépendait de la commune d'Aubagne, une ville qui sortie tout droit d'un tableau impressionniste. Baignée par la lumière dorée du Sud de la France, elle se trouvait cernée de collines de Provence, étendue au pied du majestueux Garlaban. Ce massif rocheux sauvage et indomptée veillait sur la ville telle une sentinelle silencieuse. Les cigales chantaient avec ardeur sous le ciel azur. Elles emplissaient l'air chaud de l'été d'une musique intemporelle, tandis que le parfum enivrant de la garrigue imprégnait chaque ruelle, chaque sentier.
La plupart des rues d'Aubagne étaient pavées et sinueuses. Les façades colorées des maisons, aux volets pastel, témoignaient d'un passé riche en émotions. Chaque pierre avait son secret. Chaque recoin son murmure. Au détour d'une ruelle, on découvrait parfois un atelier de poterie où l'artisan façonnait la terre cuite avec amour. Une tradition millénaire y était perpétuée.
Mais le plus beau restait le marché, cœur battant de la ville, festival de couleurs et de saveurs. Les étals débordaient de fruits éclatants, de légumes gorgés de soleil, de fromages odorants et d'olives charnues. Les voix des marchands s'élevaient dans un joyeux brouhaha, amplifié par un fort accent provençal, offrant leurs trésors avec cette générosité propre aux gens du Sud.
Et puis... c'était aussi la ville natale de Marcel Pagnol, ce poète dont les mots et les images faisaient passer les émotions du rire au larmes avec une facilité déconcertante. Ici, sa plume semblait avoir façonnée chaque recoin, chaque colline et chaque source. Les oliviers noueux, l'Huveaune et le Garlaban lui-même avaient pris vie sous son regard, révélant une Provence authentique et vibrante.
Pour Pascal, ce fut un deuxième voyage dans le temps. La redécouvrant en 1983, il se remémora la ville de son adolescence où la beauté se mêlait à la simplicité, où la nature sauvage venait mourir au pied de la modernité, telle une vague s'échouant sur la grève.
L'histoire emportée avec soi était bien plus qu'un simple récit, comme une empreinte gravée dans l'âme, une promesse silencieuse de retour.
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