Chapitre 6.1 - Réveil

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Il n’y avait que l’obscurité. Pas de lumière au bout du long tunnel. Le noir absolu. Un néant sans pensées, sans rêve ni cauchemars, sans plaisir ni douleur.

Et puis…

Petit à petit, quelques sensations sont revenues.

Tout d’abord une odeur…

Celle des goémons en décomposition, de la sueur et du guano.

Puis un goût…

Le poisson rance, la vase et le sel.

Sont ensuite venus des sons. Des cliquetis étranges, comme des dizaines de crabes claquant leurs pinces, des voix gutturales et des grattements.

Les paupières ont tenté de s’ouvrir pour tenter d'y voir, mais une lumière éblouissante les en a empêchées.

Et enfin le toucher. Une douleur fulgurante au creux du ventre. Une brusque remontée d’un liquide depuis l’estomac… De la bile mélangée à des restes de repas… Et le réveil soudain.

Yvonig roula sur le côté pour vomir ce qui lui sembla être l’intégralité de ses organes. À plusieurs reprises… Pendant ce temps, il entendait autour de lui des voix étranges et des ricanements. Il aurait voulu protester, injurier les moqueurs, mais les vomissements refusaient de s’arrêter. Quand il n’eut plus rien à expulser, il n’avait plus aucune force et plongea à nouveau dans un sommeil sans rêves.

Plusieurs essais, plusieurs échecs. Chaque fois, il retombait dans un coma vide de toute interférence. Mais à chaque éveil, les sensations étaient plus nettes, plus précises. Il entendait le remous des vagues, non loin, et le cri des oiseaux marins. L’odeur de varech était partout. Le froid, l’humidité.

Des éclats de voix vinrent le sortir de sa torpeur… Enfin. Il réussit à entrouvrir les yeux, et vit qu’il était couché sur un lit d’algues, à même les rochers. Non loin de lui, des êtres râblés agitaient frénétiquement les bras. Ils étaient couverts d’habits faits de goémon séché et portaient sur eux une multitude de coquillages. L’un d’eux s’exprimait à travers une panoplie de sons étranges, mêlant claquements de langue et raclements de gorge. Cela évoquait à Yvonig le roulis des galets sur la plage et des cliquetis de becs d’oiseaux. L’autre argumentait dans ancien breton que le garçon ne parvenait pas à comprendre. Ils adressaient tous d’eux des gestes agacés à un troisième personnage qui restait en dehors du champ de vision du conteur. La voix de ce troisième individu tonna dans un breton plus moderne

« E ma gwarez ema-eñ ! »

Il est sous ma protection! Yvonig voulut se tourner pour voir qui était cette personne, sa tête lui tourna immédiatement. Il lutta contre l’évanouissement, mais fut incapable de ne pas sombrer à nouveau. Des bribes de ce qui se passait autour de lui parvinrent à se frayer un chemin vers son inconscient. L’impression d’être soulevé de sa paillasse par des bras puissants. Une chaleur soudaine. Un vrombissement suivi d’une vibration. Être soulevé à nouveau. Un contact moelleux et chaud… Puis plus rien.

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