Chapitre 1

10 minutes de lecture

(〃 ̄︶ ̄)/ Aller leur dire by Slivàn areg \( ̄︶ ̄〃)

Je sursaute dans mon lit, réveillé par ce même cauchemars qui me poursuit depuis quelques années déjà. Je frotte mes yeux humides et embués par le sommeil, tentant de décoller mes cils emmêlés. Assis le rebord de mon matelas, je contemple le sol durant deux longues minutes, retrouvant peu à peu la vue. J'étire mes cervicales faisant craquer toutes les vertèbres de mon dos au passage. Je n'ai pas la moindre volonté et même le coup d'œil paresseux que je jette vers mon réveil de me boost pas. Pourtant, l'heure qu'il affiche en aurait inquiété plus d'un. Il est huit heure vingt et je suis en retard. Il faudrait que je songes à mettre une alarme un de ces jours, seulement, je n'y pense jamais et ce n'est pas un chose qui m'inquiète, d'arriver à l'heure ou non. Je suis tenté de me recoucher, j'hésite une dizaine de seconde mais finalement, après un effort surhumain, je suis debout. Je traîne des pieds jusqu'à la douche, puis jusqu'à ma chambre. J'attrape les premiers vêtements que je trouve, m'habillant sans la moindre goutte de courage dans le sang. 

Je sors vêtu de mon jogging gris et de ce T-shirt près du corps que je crois avoir déjà mis cette semaine mais qu'importe. Mon sac ne doit certainement pas contenir la moitié des cours dont j'ai besoin pour la journée mais je ne m'en formalise pas. A quoi bon ? J'attrape mon vélo qui est miraculeusement encore présent. Je l'avais simplement posé contre le mur sans aucune sécurité et bizarrement il est encore là, sans aucune égratignure. Etonnant. Je monte en selle et pédale en direction du lycée sans entrain. Mes cheveux gouttent sur mon haut et quelques mèches se collent sur mon front, le vent frai me fait frissonner. J'ai oublié ma veste. Tant pis, je ne vais quand même pas faire demi-tour, ce ne serais pas raisonnable...

Hey, moi, c'est Camille. Aujourd'hui, j'ai dix-sept ans, depuis six heure trente-deux ce matin. Honnêtement ? Ce n'est pas un jour spécial, il ne se passera rien de différent. Je recevrai surement un message de ma mère vers midi mais c'est tout et cela ne me dérange pas. C'est également mon dernier jour dans ce lycée et cela non plus, ça ne me change rien. Je suis ce genre de personne bordélique dont la vie n'est ni stable, ni saine, qui se moque complètement de ce que les autres pensent et ressentent. Je ne suis pas sans cœur, simplement lassé. Certain dise que je suis cassé, ça m'amuse de leur donner raison. Je suis de ceux qui, qui, quand tu leur demande ce qu'ils aiment, ce qu'ils font, te réponde "Rien". Non pas parce que c'est vrai mais parce que ça ne regarde personne. Oui, je suis ce genre de personne et je suis bien ainsi. Je crois. Comme tous les jeunes de mon âge, je vais au lycée, un lycée publique et générale. Un établissement comme les autres, banal, avec des profs banals et des élèves à leur image. Je suis sûr qu'aucun de mes camarades ne finira président ou premier ministre, que pas un seul ne deviendra une star de rock ou une quelconque célébrité, tous sont voué à faire des études plus ou moins longue, plus ou moins dur pour terminer architecte, ingénieur, médecin ou que sais-je encore. Moi, ça m'ennuie, les professeurs ne sont ni stricts, ni méchant, ni drôle ou encourageant, non, ils sont profs. Ils font leur boulot puis ils s'en vont. 

Alors que j'arrive face à ce portail déjà fermé, mes cheveux sont presque secs, coiffés sans l'être et je n'en ai rien à faire. Je n'ai personne à qui plaire dans tous les cas. Mon haut, quant à lui, est trempé, d'eau et de sueur. L'utilité de ma douche a rapidement été effacé... Je soupire, attache mon vélo au grillage et sonne à l'accueil. J'attends, je compte jusqu'à dix et recommence. Au bout de trois tentatives, j'abandonne. Un instant, j'hésite à faire demi-tour mais je jette mon sac par dessus le portail et entreprend de l'escalader. La fraicheur du fer mes gèle les mains que je fourre dans mes poches une fois de l'autre côté. Comme je m'en doutais, il n'y a personne à l'accueil, voilà pourquoi on ne m'a pas ouvert. Je me dirige donc vers la vie scolaire, afin de quémander un mot de retard. Je prends tout mon temps. Je n'habite pas si loin, alors je n'ai pas beaucoup de retard, juste assez pour ne pas être accepté en cours. J'ai droit à un srmon du CPE qui passait par là aujourd'hui, je suis VIP. L'AED présente me tend mon billet avec un regard qui me dit "c'est bien trop régulier mais je n'ai pas envie de m'embêter ce matin alors file". Bien sûr, j'obéis et pars m'installer dans la salle de permanence. Ma place favorite, celle qui est juste à côté du radiateur tout au fond de la salle, est libre. Je m'y installe, le dos contre l'acier chaud et les jambes repliées sur ma chaise. J'attrape ce roman que je traîne partout et me plonge dedans comme si je ne le connaissait pas déjà par cœur. L'un des nombreux avantages de la permanence le matin, c'est qu'il n'y a personne pour me réprimander sur ma mauvaise posture ou sur le fait que je ne révise pas. Je suis tranquille. Il n'y a qu'un garçon à l'autre bout de la perm, le nez dans un cahier, autrement dit, je suis seul avec la chaleur derrière moi et mon bouquin. 

Lorsque la cloche sonne, je me dit que ce n'était pas assez long et hésite à rester là. Je suis pourtant forcé de quitter les lieux et de me diriger vers ma salle de classe puisque l'AED de tout à l'heure me surveille du coin de l'œil. Quelle discrétion. Qu'est ce que je donnerai pour qu'ils me lâchent la grappe tous, je sais déjà ce que où est-ce que je finirai. La réponse n'est pas compliqué : derrière la caisse de l'épicerie d'une petite ville ou à ramasser des poubelles à trois heures du matin.  Je déteste les cours et les cours me détestent. Je ne suis pas fait pour l'école, ou alors peut-être que c'est elle qui n'est pas faites pour moi. Je n'en sais rien et je m'en fiche, je ne suis pas à ma place ici point. 

Comme je m'en doutais, la journée passe à la vitesse d'un escargot fatigué. Je n'ai pas beaucoup d'amis ici, en fait, je n'en ai carrément pas. Je suis seul. Il faut dire que je n'ai pas le caractère à attirer grand monde. Ce n'est certainement pas dans leurs habitudes de côtoyer un mec qui, en plus de passer ses heures de cours à compter les carreaux qui forment le carrelages ou a regarder par la fenêtre, a des airs de marginales, le teint aussi pâle que celui d'un vampire et des cernes de trois mètres de long. D'autant plus que ma sexualité en fait fuir plus d'un. Dans un sens, je ne suis pas mécontent d'être seul, la solitude, elle, ne me fera pas de coup tordu et ne me plantera pas de couteau dans le dos, ça, c'est une source sûre.

J'ai l'habitude d'être en compagnie de la solitude, en primaire, j'étais seul, au collège, idem alors au lycée, ça n'a pas changé. Déjà avant, j'étais ce garçon trop petit, trop maigre, qui porte des vêtements sombres tous les jours. Celui qui lit dans la cours, sa capuche enfoncé sur sa tête, ombrant son visage. Oui, c'était moi. Au collège, je n'ai pas évolué d'un iota, je n'était pas plus grand, pas plus gros, toujours aussi pâle. Je me faisais pas mal emmerdé à l'époque mais je n'y faisait pas attention. J'étais différent, c'étais normal que les autres m'insulte, ma passe à tabac. J'étais la victime de ce genre de mec, habillé en survêt toute la semaine, qui parle fort, prenne de la place, veule l'attention de tout le monde. Oui, c'était moi, leur souffre douleur, mais je ne m'en suis jamais formalisé. Au lycée, j'ai changé certaine chose mais les bases sont les même. Je traîne encore ma solitude derrière moi. Je révise seul, je mange seul, je lit seul, je reste seul au heure de pause etc., etc.. Pour autant, je ne me fais plus harcelé, je ne me laisse plus faire, je ne vais pas chercher en premier mais je sais me servir de mes points pour répondre, à défaut de savoir utiliser ma bouche.

Cela ne veut pas dire que je suis bon en cours, c'est même le contraire. En langage professeurs, je suis un cancre, pas dans le sens délinquant, non, je ne provoque jamais rien de mon plein gré, plutôt dans le sens, ne fait rien, dors en cours, dessine sur ses cahiers... Alors ne croyez pas en ce cliché américain de l'intello avec son acné sur les joues et se lunettes en cul de bouteille, seul à durant les pauses, se faisant victimiser par les autres élèves jaloux de sa réussite. Je suis tout le contraire d'un bonne élève. Lorsque je fais quelques effort, je parviens parfois à atteindre les sept de moyenne générale; En ce moment, je crois que je stagne aux alentours des quatre ou cinq. Pas super. Mais, en vérité, cela ne m'impacte que de très loin. Une seconde chose qui a évolué depuis le collège, mon côté je m'en foutiste. Il s'exprime bien plus souvent qu'auparavant et, la preuve, je n'en ai rien à faire. 

Je souffle enfin lorsque sonne la fin de la journée. Finalement, ce sont bien toutes les mêmes, la première fut semblable à la dernière. Cauchemars, réveil en retard, volonté abonnée au absents, permanence, cours chiants à mourir, solitude, recours chiants à mourir et enfin la sortie. Je monte en selle rapidement, mon guidon grince alors que je tourne au coin d'une rue. Derrière moi, le lycée disparait et je suis conscient que je ne le reverrai plus mais peu m'importe, ce n'est pas le premier que je laisse. Je n'abandonne rien ni personne alors quelle importance ?Je pose un pied à terre afin de sortir mes écouteurs que j'enfonce dans mes oreilles. Je les connecte à mon portable et machinalement, je lance ma playlist, interrompant le fil de mes pensées. Sleeping with sirens retentit et je pousse le volume à fond, cadenassant mon esprit trop bruyant avant de remonter en selle. Je roule, roule et roule encore. J'emprunte des ruelles que toutes personnes saine d'esprit aurait évité, passe dans des endroits que je ne connait pas mais tant pis, je finis toujours pas retrouver mon chemin.

Enfin, je finis par m'arrêter devant mon HLM, les jambes aussi fatigué que mon mental. Je suis seul. Il n'est pas si tard que ça, j'ai fait bien pire, seulement les cartons m'attendent sagement dans le salon, attendant simplement d'être refermé. Alors que j'arrive à mon étage, chancelant, j'aperçois un rayon de lumière dans le couloir, venant de mon appart. Ma mère n'est jamais là avant minuit au plus tôt, hors, il n'est que vingt-deux heures et quelques... Presque aussitôt, mon pouls s'emballe, ma mère est sûrement rentré avant histoire de ranger un peu, seulement je ne peux pas m'en empêcher lorsque cela a un lien avec ma mère, je m'inquiète, pour tout et rien.  Dans un élan d'adrénaline, je parcours les deux derniers mètre en un dixième de seconde et appuie violemment sur la poignet récalcitrante. La porte s'ouvre brusquement, allant jusqu'à claquer contre le mur. Ma mère est assise à table, occuper à remplir je ne sais quelle paperasse. Elle sursaute et porte la main à son cœur en s'exclamant :

"Oh Camille, c'est toi. Quelle violence ! Tu m'as fait une de ces peurs !"

Elle m'offre un sourire éclatant, comme toujours. Elle a l'air en bonne santé, ni malade, si blessée... Elle se lève, abandonnant ses papiers en vrac sur la table et s'approche pour m'accueillir dans ses bras. Je lui rends son câlin avec douceur et elle se détache avant de m'attraper par l'oreille et de me tirer vers le bas :

"Ne refais plus ça. Tu ne veux quand même pas que mon cœur lâche ?!

- Non, non ! D'accord ! D'accord ! Pardon, tu me fais mal."

Elle me lâche et je masse mon lobe endolorie. Elle rigole doucement avant de planter un baiser humide sur ma tempe. Je souris malgré tout et demande :

"Tu es rentré vachement tôt, tout va bien ?

- Oui, bien sûr que tout va bien ! Il faut commencer à ranger pour ce week-end, je ne t'ai pas beaucoup aidé et j'en ai profité pour te faire un gâteau ! Je sais quel jour on est tu sais, je ne suis pas encore complétement stérile !"

Je soupire et rigole. C'est tout ma mère ça. A ses cernes, je vois qu'elle est exténuée, pourtant, elle a pris la peine de me faire un gâteau et j'apprécie. Elle est comme ça, ma mère, toujours à faire passer le bonheur des autres avant sa propre santé, j'aimerais lui ressembler un peu plus parfois...

"Je t'ai dit de ne pas t'en inquiéter mais c'est gentil, merci maman. Au fait, j'ai déjà fait les cartons de ma chambre, du salon et du gros de la cuisine hier soir, on peut se poser, il ne reste plus que des trucs à ranger au dernier moment normalement.

- Et tu crois sincèrement que j'allais t'écouter ? Tu rêves jeune homme, je suis encore ta mère, je ne laisserai pas passer ton anniversaire sans au moins un gâteau ! Et merci pour les cartons mon chat, tu es parfait. Tu as raison on finira demain, que dirais-tu de manger mon œuvre qui risque d'avoir un goût de farine devant un film ! Je suis même prête à regarder Dead poet society une fois encore !"

Je rigole, j'ai regardé ce film des centaines de fois et je ne m'en lasse pas. J'aime ma mère, je l'aime plus que tout, elle est la prunelle de mes yeux, toujours là quand j'ai besoin d'elle. Je crois que sans elle, je ne serais plus là depuis un bon moment déjà.
Ma mère, elle est un peu comme la meilleure amie que je n'ai jamais eu, je peux tout lui dire, tout lui raconter, elle trouve toujours les mots parfaits. C'est assez rare, aujourd'hui, d'avoir une relation comme ça entre un parent et son fils mais je ne pourrai pas vivre sans je pense. Elle est bien trop précieuse a mes yeux...

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Alexlecornflakes ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0