Visites inattendues
Un jour plus tard...
*PDV de Kazuma*
J'ai chaud... Pourquoi j'ai si chaud ? Quelque chose se presse sur mon bas ventre... Une main ? J'entrouvre les yeux. Nobuyuki-senpai se tient au dessus de moi, la main sur mon sexe... Il me sourit... Il est totalement nu, et je suis nu aussi... Hein ?! Pourquoi suis-je nu ? Un gémissement s'échappe de la bouche de mon vis-à-vis ce qui fait monter une chaleur encore plus intense dans mon bas ventre. Je désire ardemment cet homme... Il s'allonge sur moi, sa chaleur corporel me fait encore plus suffoquer... Tout d'un coup, il me mord l'oreille !
- Itaiii* !!! m'écriai-je en me réveillant, tout en poussant ce stupide chat qui vient de me mordre !
De temps en temps ça lui prend, ce fichu matou vient me mordre lorsqu'il n'a plus de croquettes dans sa gamelle !
- Viens-là Kuroi, ordonnai-je en me frottant l'oreille.
Comme son prénom l'indique, Kuroi est un chat noir avec les yeux vert pomme, il a trois ans. Il ressemble à une petite panthère. Je l'adore, il est intelligent et gentil, sauf quand il me mord... Alors que je le sers tout en faisant mon petit-déjeuner, je repensai à ce rêve... C'est le premier rêve érotique que je fais avec un homme... Je me sentis bizarre... Ce qui est étrange c'est que je suis hétérosexuel, mais toutes les sensations que je ressentais en présence de Nobuyuki-senpai, étaient celles que j'éprouvais au lycée pour Momo-chan... Ah Momo-chan... La douceur et la gentillesse-même... Je soupirai en repensant à elle.
Je n'ai jamais pu lui avouer car même si c'était une bonne amie, elle aimait mon super ami Shun-kun. Momo-chan me confiait tout, et je restais silencieux, ravalant ma souffrance et mes sentiments. Ce triangle amoureux a duré tout le lycée, jusqu'au dernier jour, après avoir récupéré nos diplômes, Shun-kun est venu me voir en me demandant si je pensais qu'il avait sa chance avec Momo-chan. Mon cœur s'est brisé... Je lui ai affirmé qu'il avait toutes ses chances, refusant d'être malhonnête et d'interférer dans la vie sentimentales des deux amis les plus chers à mes yeux. Ils sont encore ensembles depuis... Je leur avais appris pour ma réussite dans le monde du spectacle, ils étaient heureux pour moi, et m'ont invité quelque temps plus tard à leur mariage. Je m'y suis rendu,ce qui m'a heureusement permis de tourner la page. Chaque année ils m'envoient une vidéo pour me souhaiter la bonne année. Et il y a quelques mois, j'ai pu voir le ventre rond de Momo-chan. Je suis sincèrement très heureux qu'ils se soient trouvés.
Je suis parti très loin dans mes réflexions. Je remontai le fil de mes pensées...Quoi ? Non mais attends, ça veut dire que j'ai plus que de l'admiration pour Nobuyuki-senpai ? Je l'aime ? Je suis amoureux de lui ? D'un garçon ? C'est possible ça ?
Kuroi qui se frotta à ma jambe me faisant sortir de mes réflexions. Je le pris dans mes bras. Je ferais des recherches plus tard pour comprendre. Pour l'instant je devais finir de manger avant d'aller répéter avec le groupe.
Le réalisateur du drama n'avait pas besoin de nous pendant plusieurs jours. Ainsi, mes camarades et moi avions prévu de s'entraîner pour les concerts qui débuteraient à la fin du mois. Je mis mon masque noir et ma casquette pour passer incognito, attrapai mon sac de sport, enfilai mes Timberland noires et ordonnai à Kuroi de bien surveiller la maison. Il me répondit comme à son habitude, par un petit miaulement que j'interprètai comme « itterasshai* ».
Je reçus un message d'Itsuki qui me demandait ce que je faisais. Je lui répondis par un « J'arrive en mode ninja ! » suivi d'un selfie.
L'avantage d'habiter au centre de Tokyo, c'est qu'il y a tellement de monde et les gens sont tellement pressés, que même si vous apparaissez sur une affiche publicitaire de trois mètre sur cinq, vous êtes sûr de passer inaperçu avec une casquette ...
L'avantage d'habiter au centre de Tokyo, c'est qu'il y a tellement de monde et les gens sont tellement pressés, que même si vous apparaissez sur une affiche publicitaire de trois mètre sur cinq, vous êtes sûr de passer inaperçu avec une casquette et un masque !
Je pénètrai dans le bâtiment d'Exile où se trouvaient nos salles de répétition.
Au programme, matinée chant, avec les deux autres chanteurs du groupe Hokuto et Riku, pendant que les danseurs révisent leurs solos chacun dans une salle. Et après-midi, musculation, échauffements/étirements et répétition de la danse de groupe.
De l'autre côté du couloir, le groupe Générations répètaient eux aussi pour leur prochain concert. J'aperçu un Katayose-senpai énergique, comme toujours, qui me fit un signe de la main auquel je répondis avec un sourire.
La journée se passa assez bien et même assez vite. Après avoir pris une douche, je sortis des vestiaires et vis Shirahama-senpai - le leader de Générations - me faisant signe de m'approcher.
- Bonjour Senpai, lui dis-je en m'inclinant. Que puis-je faire pour vous ?
- Haha ! Kawamura-kun, toujours aussi respectueux et poli ! rit-il. Nobuyuki-senpai est là, il veut te voir, il t'attend au studio d'enregistrement avec Yoshino-kun et Ryota-kun*.
- Merci ! Je m'y rends sur le champ ! répondis-je surpris.
Est-il vraiment spécialement venu pour me voir ? Je me sentis tout chamboulé... Les images de mon rêve me revinrent en mémoire ! Non Kazuma, prends sur toi, il doit y avoir une explication à sa présence ici...
Alors que je pénètrai dans le studio, les trois garçons se retournèrent vers moi.
Hokuto s'exclama que Nobuyuki-senpai et Katayose-senpai aimaient beaucoup notre nouvelle chanson.
- Bonjour Nobuyuki-senpai, merci d'apprécier notre travail, dis-je en m'inclinant.
- Haha ! Avec plaisir Kazuma-kun ! rit-il en me posant une main sur la tête.
Je sentis que je rougissais, j'avais l'impression que je ne me ferais jamais à ce geste qu'il avait pris l'habitude de faire... Je levai les yeux, Hokuto-kun était surpris et Katayose-senpai souriait de toutes ces dents - comme à son habitude !
- Que dirais-tu d'aller manger un morceau avec ton Aniki ? me demanda-t-il toujours avec son sourire faisant palpiter mon cœur.
- Oui, avec plaisir, tu veux que l'on parle du drama ? me surpris-je à répondre.
- Interdiction de parler boulot quand nous n'y sommes pas ! se moqua-t-il. Nous devons y aller avec Ryota-kun, Alan-kun et Sano-kun. Je me suis dis que ceserait sympa de convier tes amis et toi. Yoshino-kun vient de me dire que Hasegawa-kun, Fujiwara-kun et lui avaient prévu d'aller dans une salle d'arcade. Tu souhaitais t'y rendre avec eux peut-être?
- Euh, non, il était prévu que je rentre chez moi pour finir d'écrire ma partie rap de la prochaine chanson, mais je veux bien venir si vous me l'accorder car mon frigo est vide !
Je me surpris de nouveau avec cette exclamation. Hokuto-kun était encore plus choqué et Nobuyuki-senpai éclata de rire.
Il me fit signe de le suivre. Après avoir dit au revoir aux autres membres des deux groupes, nous quittions, tous les cinq le bâtiment d'Exile. Nous nous rendions dans un restaurant de Ramen*, en haut d'un grand building. C'était un restaurant assez luxueux, nous ne risquions pas de nous faire embêter par les fans. Je craignis de ne pas avoir suffisamment d'argent pour payer ma part. Avant de commander je regardai dans mon portefeuille. Nobuyuki-senpai assit en face de moi, passa son bras au dessus de la table, et posa un doigt sur l'objet entre mes mains. Sur un ton très amical, il m'annonça qu'il m'offrait le dîner. Je refusai poliment et il insista jusqu'à ce que Katayose-senpai, assit à ma droite, le soutienne en me disant que de toute façon Nobuyuki-senpai était têtu. Je déclarai donc forfait en m'excusant** mais je gardai en mémoire cette belle action, afin de compenser plus tard la dépense de mon Senpai.
Le repas était délicieux. Les ramens et le bouillon étaient vraiment goûteux. On sentait tout l'amour du cuisinier dans le bol. La soirée fut d'autant plus merveilleuse car Nobuyuki-senpai me confia quelques faits personnels. Je me sentais beaucoup plus à l'aise que de coutume. Les autres senpai aussi s'ouvrirent à moi ce qui me toucha beaucoup. Je répondis tant bien que mal à l'avalanche de questions qu'ils me posèrent.
Il était déjà 21h lorsque nous quittions le restaurant. Bien heureusement , nous n'étions qu'à quinze minutes de marche de chez moi. Je ne mis ni ma casquette ni mon masque. A cette heure-ci, rares étaient les personnes qui pourraient me reconnaître. Je saluai une dernière fois mes senpai avant de prendre la direction de mon appartement, mais Nobuyuki-senpai me retint par le bras. Il me demanda où je logeais puis annonça aux autres qu'il me raccompagnait chez moi et qu'il rentrerait plus tard. Sur le chemin, il m'apprit qu'il vivait en colocation avec Katayose-senpai. J'éprouvai une profonde jalousie...J'enviai Katayose-senpai de connaître chaque facettes de Nobuyuki-senpai. Je voulais en savoir d'avantage sur lui. Pas seulement des choses futiles telles que ses plats préférés ou ses hobbies. Non je voulais voir son visage endormi, son visage en colère ou triste pour que je puisse le consoler... Je réalisai que j'étais vraiment amoureux de Nobuyuki-senpai. Mais c'est un homme ! Comment faire... En rentrant, je savais que je n'arriverai pas à travailler sur mon texte. Je ferai des cherches pour comprendre pourquoi je suis attiré par une personne du même sexe.
- Tu as l'air soucieux ! s'inquièta Nobuyuki-senpai, me sortant de mes réflexions.
- Non tout va bien, je te prie de m'excuser, je pensais au travail que je ferai en rentrant, répondis-je sans pour autant pouvoir me défaire de mes pensées.
- Tu en as beaucoup ? Tu as besoin d'aide ? s'enquit-il.
- C'est gentil, ne t'en fais pas. Merci beaucoup pour ta proposition, ça concerne la musique. Je devrais m'en sortir...
- Je t'admire beaucoup tu sais... murmura-t-il.
Je rougis à cette révélation et lorsque mon regard se posa sur lui, il regardait le ciel. Ses joues devinrent roses et ses yeux brillèrent. Il dégagea une aura que je ne lui connaissais pas encore. Un regard rempli de bonheur. Il tourna la tête vers moi. Mon cœur vacilla...
- Que se passe-t-il ? me risquai-je à demander en reprenant mon calme.
- Rien, ne t'en fais pas, je te disais ça parce que tu as beaucoup de talent. Je pense que tu finiras par surpasser beaucoup de Senpai. Et tu surpasseras sans doute ton Aniki ! se moqua-t-il.
- Impossible ! m'esclamai-je. Nobuyuki-senpai, c'est moi qui t'admire, tu es un exemple et un excellent mentor à mes yeux !
Il me regarda surpris, me fit un sourire encore plus exceptionnel que d'habitude. Je fondis... Il s'approcha de moi et se pencha pour se mettre à ma hauteur. Nos visages étaient à quelques centimètres l'un de l'autre. J'étais pétrifié. Il fit le geste habituel mais cette fois, la main caressa mes cheveux. Mon cœur battait tellement fort que j'eus peur qu'il l'entende. Mon visage me brûlait...
- Je te laisse, on se revoit bientôt, dit-il en retirant sa main de mes cheveux.
Nous étions en bas de mon immeuble, c'est à peine si je m'en étais aperçu tellement j'étais obnubilé par cet être de lumière.
- Merci encore Nobuyuki-senpai, fais attention à toi sur le chemin du retour, jusqu'où vas-tu ?
- C'est gentil, je vais à Chiyoda, nous avons un appartement qui donne sur le parc, tu pourras venir un jour si tu le souhaites, tu es le bienvenu, Katayose-senpai t'apprécie beaucoup ! sourit-il à nouveau.
- Merci Senpai, répondis-je et je réalisai ce qu'il venait de dire. Quoi ? A Chiyoda ? Mais c'est loin d'ici ! Pourquoi m'avoir raccompagné ?
- Cela me faisait plaisir de faire un bout de chemin avec toi. Et comme ça je sais que tu es bien arrivé !
- J'aurais pu te le dire par message... dis-je désolé.
- Oui c'est vrai, mais maintenant que c'est fait, c'est trop tard ! Aller je file ! A très vite Jittei ! s'exclama-t-il en s'éloignant.
Jittei... Il me considère comme son petit frère... Encore un amour à sens unique...
Dépité, je montai dans mon appartement. Arrivé dans l'entrée, la pénombre m'accueillit. Je défis mes chaussures et les rangeai. Kuroi me fait son miaulement Okaeri *.
- Tadaima*... lui répondis-je.
Il se frotta comme à son habitude sur ma jambe. Je lui caressai la tête et j'allumai mon ordinateur portable sur mon bureau. M'asseyant en tailleur sur mon fauteuil, Kuroi vint s'installer sur mes jambes. Il me regarda, je sais ce qu'il pensait... Quelque chose ne va pas ? Je lui caressai la tête pour le rassurer puis commençai mes recherches.
Ce que je trouvai me surprit. Je n'imaginai pas à ce point qu'aimer une personne du même sexe était si problématique dans notre société, mais apparemment les choses évoluent doucement.
" Depuis 2015, 30% des Japonais interrogés étaient pour le mariage homosexuel et 28%pour une reconnaissance légale autre que le mariage, soit un total de 58% des sondés pour la légalisation des unions homosexuelles."
Après, je relativisai... Mon peuple répondait rarement aux sondages de façon négative et les statistiques sont toujours relatives. Tout dépend de l'endroit où la question a été posée, et quel type de personne a été interrogé. Mais petit à petit, mes recherches me donnèrent du baume au cœur.
" Depuis le discours de la députée Mio Sugita, cela a provoqué un tollé en déclarant que les personnes LGBT sont « non productives » ,car « ne pouvant pas se reproduire ». Elle enfonça le clou en ajoutant : « Je me demande s'il faut utiliser l'argent des contribuables pour elles » suggérant leur marginalisation officielle.Et de dire sa crainte que des médias parlant d'homosexualité puissent « convertir » des hétérosexuels un peu comme une maladie. Comme si la seule utilité des êtres humains était de se reproduire et que l'homosexualité représentait une menace pour la société.Des propos qui ont provoqué colère et indignation, faisant paradoxalement bouger les lignes.Les mots de la députée sont qualifiés de « discours de haine » et ont poussé des milliers de Japonais à manifester les 27 et 28 juillet 2018 à Osaka et Tokyo pour demander sa démission (sans grand espoir). Les dires de Mme Sugita sont certes révélateurs d'une homophobie latente."
Je trouvai aberrant les retours en arrière que la société peut faire. Je suis remonté jusqu'au Moyen-âge, où, à l'époque, et même de nos jours, les religions Bouddhiste et Shintoïste ne voient aucun mal dans la relation homosexuelle, contrairement aux religions occidentales et Monothéistes. Le Moyen-âge, qui était pourtant une période sanglante dans la majeur partie du pays, pour autant, l'homosexualité était acceptée, et même définie comme une « amitié virile » entre un maître militaire et son élève par exemple.
Je ris en imaginant « l'amitié virile » que pouvait m'inspirer Nobuyuki-senpai.
Je retrouvai mon sérieux en lisant les lignes suivantes.
" C'est un sujet qu'il n'est pas question d'intégrer dans les affaires publiques. Les gays vivent leur sexualité cachés, parfois même derrière l'écran de fumée d'un mariage arrangé avec une personne de sexe opposé."
Je soupirai et regardai Kuroi endormi sur mes jambes.
- Vous au moins vous n'avez pas à vous soucier de ce genre de choses...
Je continuai de lire cet article éclairant ma lanterne sur beaucoup de points.
" D'après la chaîne TBS (émission du 1er mai 2013), près d'un quart des jeunes homosexuels ne sont pas scolarisés en raison du« ijime » (intimidations, brimades et humiliations) dont ils sont victimes de la part des autres élèves. La révélation de l'homosexualité est mal perçue par une majorité de la population. Une personne qui fait son coming-out s'expose à des humiliations voir des agressions, à l'exclusion et la marginalisation. Aucune forme de soutien social n'existe pour venir en aide aux victimes. Pour autant, l'avenir n'est pas totalement sombre. Récemment, en mai 2015, un sondage Ipsos a révélé que si la situation des personnes LGBT évolue lentement au Japon, elle semble toute fois avoir pris le bon chemin. Au niveau des droits, on note aussi de récents progrès comme la reconnaissance des unions entre personnes du même sexe dans certaines municipalités (Iga, Naha, Sapporo, l'arrondissement de Shibuya) et les autorisant même à devenir famille d'accueil (à Osaka). Les mentalités changent en faveur de la reconnaissance des unions homosexuelles. "
Je me sentis encore troublé. Trop de questions trottaient dans ma tête... Etais-je réellement homosexuel ou est-ce que j'aimais un seul homme dans ma vie, qui sera le seul et l'unique ?
Je décidai de me lancer en posant la question sur un forum LGBT. Les réponses que j'y trouvai étaient touchantes, conciliantes et me donnèrent un peu d'espoir.
Il est possible d'aimer une personne du même sexe sans pour autant être homosexuelle. Cette personne est simplement une partie de nous, qui pourrait tout autant l'être si elle était du sexe opposé. L'amour n'a pas de définition précise. C'est un sentiment tellement vaste qui ne peut pas se réduire à une explication radicale comme la colère.
J'avais de la chance dans mon malheur, beaucoup d'hommes me vinrent en aide sur le forum. Et l'un d'eux me dévoila une réponse que j'espérai... Par rapport au fait que je ne sais pas si je suis passif ou actif, il m'a expliqué avec beaucoup de sagesse que si c'est une découverte pour moi, « c'est au feeling, ça ne peut être déterminé à l'avance. Un acte sexuel, c'est deux personnes, des yeux, des odeurs, un grain de peau particulier. Chaque amant est différent. Prenez le plaisir là où il se trouve ! ».
J'ai trouvé un nouveau mentor pour m'aiguiller sur ma sexualité ! En revanche, beaucoup m'ont déconseillé d'en parler trop autour de moi, pour justement, éviter des bizutages de la part de collègues, ou tout simplement les rejets de ma famille. Beaucoup m'ont raconté leur problème au sein de leur famille, et certains ont confirmé l'article. Ils sont mariés et trompent leurs compagnes avec des hommes... Un autre m'a dit de « tâter » le terrain avant de me déclarer à l'être aimé, car s'il réagit mal, je risquerai de mal le vivre...
Lorsque je leur ai avoué que j'étais dans le showbiz. Beaucoup m'ont dit que la meilleure des planques était le mariage arrangé. Et surtout, de ne rien révéler car il pourrait avoir des conséquences terribles par rapport aux médias.
J'éteignis mon ordinateur troublé et aussi frustré que lorsque je l'avais allumé... Il était près de 1h du matin. Je n'avais pas du tout sommeil, mais si je ne me couchai pas maintenant, la journée de demain allait être particulièrement difficile... Je mis Kuroi dans son panier et pris une rapide douche pour me détendre.
Pourvu que je ne rêve pas de lui cette nuit...
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J'avais décidé de ravaler mes sentiments. Trop de complications et de frustrations... Dans la vie d'une icône, déjà qu'il est difficile d'avoir une vie intime, alors si en plus, vous avez le malheur d'avoir un penchant pour votre Senpai, s'en est fini de vous. Je décidai donc d'oublier tous les conseils lus sur le forum la veille. Mais ce fût vraiment très compliqué...
Durant les quatre jours de répétition dans les locaux d'Exile, Nobuyuki-senpai me rendit visite chaque soir après son travail. Il me raccompagnait chez moi à chaque fois, me disant qu'il avait des choses à faire dans mon quartier et me demandait de l'accompagner. Je ne pouvais hélas refuser, il voulait des conseils pour des vêtements, puis la fois suivante souhaitait qu'on aille dans une salle d'arcade, enfin, faire de nouveau des achats pour redécorer sa chambre, bref, j'avais la sensation que tout était un bon prétexte pour sortir. Au final, il rentrait après que nous aillons pris quelques photos ensemble... Une vraie torture pour mon cœur, gardant toujours le silence en prenant sur moi.
Un soir, c'était le coup de trop... Il me demanda s'il pouvait monter voir mon appartement. J'ai refusé poliment, en m'excusant de ma fatigue. Il fit une moue que je ne lui connaissais pas et tourna les talons comme-ci je l'avais vexé avec mon refus. A peine arrivé chez moi, j'appelais Itsuki-kun et le priait de venir. Il sentit que quelque chose clochait. Nous n'habitions pas très loin l'un de l'autre, aussi, il arriva quelques minutes après mon appel.
Je le fis entrer, il tenait son sac à dos et son sac de sport.
- J'ai senti au téléphone que tu avais beaucoup de choses à me dire, j'ai pris mes dispositions pour demain. Je dormirai sur ton futon* d'appoint, me dit-il en me faisant un clin d'oeil.
- Merci Itsuki-kun, tu es vraiment un ami sur lequel je peux compter... Installe-toi sur le canapé-lit, je vais faire chauffer de l'eau. Tu préfères un thé ou un café ?
- Un café, merci ! s'exclama-t-il depuis le salon alors que je me trouvais dans la cuisine.
Mon appartement est un studio mais la cuisine, l'entrée et la salle de bain sont cloisonnées. Ma salle de bain et ma cuisine sont plutôt petites afin d'avoir une pièce à vivre plus spacieuse.
Je posai les tasses sur ma table basse et m'installai sur mon fauteuil de bureau en face d'Itsuki. Il me fixa, l'air dubitatif. Je frottai mon visage dans mes mains, inspirai et commençai.
- Est ce que si je te confie quelque chose de très embarrassant et choquant, tu ne voudras plus être mon ami ?
- Biensûr que non Kazuma-kun. Tu me connais depuis plus de quatre ans et tu sais à quel point je t'apprécie. Et te connaissant, j'imagine que ce n'est pas quelque chose de très grave ! me rassura-t-il.
- Cela peut être grave si trop de personnes sont au courant... Tu es prêt à l'entendre ? lui dis-je peu assuré.
- Je t'écoute, je ne te dirais rien tant que tu ne m'en donneras pas l'autorisation...
- Merci...Euh, par où commencer...
Je balbutiai ces quelques mots. Puis reprenant mon courage, je lui avouai tout, mon amour pour Nobuyuki-senpai, mes recherches sur les problèmes LGBT au Japon. La confusion par rapport aux gestes de Nobuyuki-senpai et cette terrible malédiction d'amour à sens unique.
Itsuki-kun me regardait impassible. Il écoutait, hochant la tête de temps à autres pour montrer qu'il comprenait bien ce que je lui disais.
Lorsque 'arrivai au bout de mon récit, le silence se fit dans l'appartement. Je commençai à avoir peur... Peur qu'il soit dégoûté de moi, qu'il ne veuille plus me parler et être mon ami.
Il se pencha en avant pour poser sa tasse sur la table et se rassit.
- Je m'en doutais... dit-il enfin, au point où sa prise de parole me fit sursauter. Je suis soulagé parce que je n'osai rien te demander et les révélations que tu viens de faire ne sont pas dramatiques, au contraire. Et aussi, je suis heureux que tu m'estimes au point de me dire tout cela...
- Je suis tout autant soulagé de ta réaction, soufflai-je. Alors, d'après toi, que dois-je faire ?
- Je pense que le mec qui t'a dit de tâter le terrain à raison. Attends de voir les réactions et le comportement de Nobuyuki-senpai et tu verras...
- Tu viens de m'enlever un poids Itsuki-kun, tu n'imagines pas à quel point...
- J'en suis très heureux vraiment ! sourit-il. Et tant que nous sommes dans les confidences, j'en ai deux à te faire... La première est que je suis dans une phase où moi aussi je me cherche, mais je pense avoir compris depuis peu que je suis bisexuel... Les recherches que tu viens de me révéler me rassurent à moitié sur notre avenir amoureux en tant qu'icône...
- Oh, Itsuki-kun, c'est super que tu te sois trouvé, je suis aussi heureux et soulagé pour toi ! Nous verrons ce que l'avenir nous réserve, mais pour l'instant, l'article disait que ça semble bien évoluer... Et la deuxième qu'est ce que c'est ? demandai-je intrigué.
- Je pense que Makoto-kun et Hokuto-kun ont une relation plus qu'amical...
- Quoi ?! Mais ils vivent en colocation à Shibuya non ? Tu penses que le fait de vivre ensemble leur ont permis de développer des sentiments l'un pour l'autre ?
- Ou ic'est ce que je pense... Je ferai ma petite enquête, mais ça restera entre nous, je ne veux pas qu'ils se sentent mal à l'aise ou qu'ils nous en veuillent de les suspecter... En tout cas, pour ce qui est de Nobuyuki-senpai, j'observerai lorsqu'il vient te voir et je te ferai partde mon ressenti...
- Merci beaucoup mon pote ! m'exclamai-je reconnaissant.
- Demain nous retournons sur le lieu du tournage, ça va aller ? Tu n'es pas trop angoissé à l'idée de le voir à nouveau ?
- Si complètement... Encore plus du fait qu'il soit parti fâché ce soir... dis-je dépité.
- Je comprends... Nous ferons attention. Tu veux bien m'installer le futon ? Il est tard, nous ferions mieux de dormir...
- Oui tu as raison !
J'installai son futon et dépliai le canapé-lit pendant qu'il prenait une douche rapide, puis fit de même. Je me couchai, et au moment où j'éteignis la lampe, Itsuki me dit :
- Je n'y arrivai pas parce que tu sais à quel point je suis timide et réservé, mais maintenant que nous sommes dans le noir je peux te le dire... Je pense que j'apprécie beaucoup Katayose-senpai... Pas au point d'en être amoureux mais je l'admire énormément...
- Je ferais ma petite enquête aussi alors, me moquai-je.
- Aaaah, hurla Itsuki dans son oreiller, pourquoi nous ?!
- Haha, je me demande, ris-je. Bonne nuit mon pote !
- Bonne nuit Kazuma-kun.
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*Itai [いたい] : Litt "douloureux". Le japonais étant une langue simple, quand une personne s'exclame "itai", traduction "ça fait mal ", " c'est douloureux".
*itterasshai [いってらっしゃい] : A tout à l'heure, à plus tard.
* okaeri [おかえ]contraction de 'okaerinasai' [おかえりなさい](plus poli): traduit "bon retour" expression utilisée pour saluer le retour d'une personne. (retour à la maison, au travail,...)
*tadaima [ただいま] : expression pour dire je suis de retour.
Ryota-kun* : J'ai mis une petite astérisque ici pour préciser les propos de Shirahama-senpai... Il appelle « Nobuyuki-senpai » par son prénom et aussi senpai, car même s'il se connaisse depuis longtemps (d'où l'appellation par la prénom) Nobuyuki est plus âgé donc, senpai. Pour Ryota-kun, le "kun" c'est bien sûr parce qu'il est plus jeune et pour le prénom, idem que Nobuyuki, car ils se connaissent depuis longtemps. Quant au fait d'appeler Kazuma et Hokuto par leurs noms, ils ne sont pas proches et sont plus jeunes que le leader.
*Ramen [ラーメン] : Mets japonais d'origine chinoise constitué de nouilles dans un bouillon. (voir ci-dessous)
**J'ai mis à nouveau une astérisque à côté de « Je déclare donc forfait en m'excusant » car il faut savoir que peut importe la raison un japonais s'excuse toujours
**J'ai mis à nouveau une astérisque à côté de « Je déclare donc forfait en m'excusant » car il faut savoir que peut importe la raison un japonais s'excuse toujours... Là Kazuma s'excuse auprès de Nobuyuki-senpai de lui payer le restaurant. En bon français, nous aurions dit « merci » poliment, un japonais s'excuse de façon respectueuse... (L'exemple le plus concret qui me vient, j'avais vu dans un docu, une japonaise qui reçoit un cadeau. Elle s'excuse car la personne qui lui offre le cadeau a dû se sentir obligé de le lui offrir pour telle ou telle raison, dépenser son argent pour elle et a sans doute 'perdu' du temps pour choisir le cadeau). Le respect d'autrui est extrêmement poussé dans la culture Nippone, j'ai voulu le mettre en avant dans cette histoire.
Article duquel je me suis inspirée pour trouver toutes les infos est rédigé par Mr Japanisation :
http://japanization.org/homophobie-racisme-discrimination-une-face-sombre-du-japon/
" Shibuya" et "Chiyoda" sont des quartiers de Tokyo situés au centre.
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