11. Culpabilité

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Assis sur une chaise près du lit où était étendue Lilith, le religieux, la tête dans les mains, était abattu. La culpabilité lui saignait le cœur. Il avait les traits tirés par l’épuisement, ses yeux se refusaient néanmoins au sommeil. Il veillait l’enfant, de jour comme de nuit, depuis leur arrivée.

Un coup léger frappa la porte qui s’ouvrit sur une femme portant une carafe d’eau et une assiette pleine sur un plateau. Un regard avisé eut tôt fait de la renseigner sur l’état de fatigue de son hôte.

- Allez donc vous reposer un moment, je veillerai sur elle jusqu’à votre retour.

Le religieux secoua la tête faiblement. Elle n’osa pas insister davantage.

- Du nouveau ? S’enquit-elle alors.

Elle obtint la même réponse muette. Voilà deux jours que Lilith comatait ou délirait, en proie à la fièvre. Deux jours qu’elle n’avait presque rien avalé. Mais surtout deux jours d’incertitude. Le médecin avait fait tout ce qui était en son pouvoir. Désormais, il fallait attendre. Attendre que Lilith veuille bien réagir favorablement au traitement.

La femme posa les victuailles sur la table de chevet et s’assit sur le lit près de Lilith, lui caressant la joue avec une infinie douceur.

- Accroche-toi, ma puce, murmurèrent ses lèvres dans un souffle caressant.

Elle avait recueilli l’homme et l’enfant sous son toit, prenant soin d’eux avec autant d’attention qu’elle en portait à sa famille. Elle était une mère avant tout. Remarquant qu’à ses côtés le Père serrait les dents, les yeux fermés, elle remplit un verre d’eau et lui tendit. Rouvrant les yeux, il l’accepta, la gratifiant d’un léger sourire de politesse.

Elle avait été le témoin impuissant de la souffrance de Lilith et du bûcher du Père. Tôt ce matin-là, comme à son habitude, elle tirait de l’eau au puits tandis que le reste du village était encore endormi. C’est à ce moment qu’elle vit le religieux dans la calèche, regardant nerveusement les alentours. Son comportement, alarmé et implorant, l’incita à aller aux nouvelles. Ce fut à ce moment qu’elle la vit. Prostrée en chien de fusil, le regard éteint, le visage en sueur et le corps secoué de spasmes, Lilith n’était plus que l’ombre d’elle-même.

- Laissez-lui du temps, mon Père.

- En voulant la sauver, je l’ai emmené encore plus sûrement à la mort.

Elle aurait aimé trouver les mots, mais son cœur aussi pleurait cette enfant qui n’était pas sienne. Le Père Gabriel culpabilisait. Il s’estimait responsable de l’état de Lilith. En son for intérieur, il se maudissait pour ne pas avoir vu. Pour ne pas avoir pensé. Pour ne pas avoir prévenu les maux qui secouaient sa petite protégée.

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