Le médecin et le Général observaient Lilith de loin, elle jouait, sans entrain, avec Messi. Le militaire tentait de décrypter l’expression de son ami, essayant de deviner ce qu’il allait faire. Sans y parvenir. Probablement car le médecin n’en savait strictement rien lui-même.

- Vous devriez lui parler, tenta-t-il de le décider.

- Je sais, soupira-t-il, mais comment ? Nous l’avons entendu à son insu…

Suite à son départ avec le général quelques jours plus tôt, celui-ci l’avait raccompagné chez lui souhaitant passer dire bonjour à Lilith. La porte de la petite pièce qui lui servait de chambre était restée entrebâillée. Ils avaient été les témoins involontaires de la confession de l’enfant.

- Certes, mais désormais vous connaissez les raisons de son chagrin.

Seul le silence lui répondit.

- Et, vous détenez les réponses à ses tourments l’encouragea-t-il. N’ayant pas plus de réactions, il poursuivit : Docteur, vous vous doutiez bien qu’en la recueillant vous ne pourriez-vous soustraire à ses questions indéfiniment. Elle doit savoir la vérité. Elle en a besoin.

- Elle n’est pas prête. Et moi non plus, ajouta-t-il après une brève hésitation.

- Personne ne vous oblige à tout lui révéler d’un coup.

- Comment suggérez-vous que je fasse ?

- C’est vous le médecin religieux capable de compassion, moi je suis un militaire qui parle et agit sans détour.

Comme pour illustrer ses propos, et sans laisser plus de temps à son ami de réagir, il appela.

- Lilith ? Père Gabriel souhaite s’entretenir avec toi.

Tandis que Lilith s’approchait d’eux, le militaire s’éloigna, non sans lancer un regard d’encouragement au médecin, qui le fixait incrédule et défait.