L'Orient Express du pauvre

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Cela se passait la semaine dernière dans le métro. Je rentrais chez moi après une dure journée de travail.

J’étais épuisé. A peine monté dans la rame, une rame vide, sans doute la dernière de la journée, je pris place, je me laissais aller doucement vers un sommeil tranquille et un repos bien mérité. Tel un guerrier las de ses coups d’épées.

Brusquement, alors que je glissais lentement vers des sensations de plénitude quasi extatiques, des bruits de pas m’arrachèrent des bras de Morphée. Deux femmes à l ‘allure tapageuse, l’une blonde et l ‘autre brune, vinrent s’asseoir devant moi, m ‘obligeant à leur faire de la place et par là même à dire adieu à la petite intimité qui s’était établie avec moi même.

Je me mis à les dévisager, l’une et l ‘autre. La blonde avait les cheveux mi longs, les yeux d’un bleu turquoise et le visage clair dont les rides ont été effacées par un maquillage savant. Des rides de femme mature, sensuellement mature et désirable à souhait. Elle avait une petite bouche, des petites lèvres presque absentes. Mon imagination si prompte à s'enflammer s'était déjà mise en branle, si je puis dire. La blonde me faisait bander, assurément. Je sentais ma queue prendre du volume et durcir dans mon slip. Je posais ma main à l’endroit de mon sexe. J’étais gêné.

La brune était d’un certain âge pour ne pas dire d’un âge certain. De jolies rides également sculptaient son visage régulier. Une silhouette révélant des origines hispaniques, des origines « chaudes », tout au moins méditerranéennes. Des yeux noirs, de longs cils noirs, quelques cheveux blancs trahissaient une teinture qui devait durer depuis un moment déjà. L’ensemble de sa personne dénotait une certaine coquetterie. Elle voulait plaire encore certainement malgré son âge. Ses seins tombaient, des seins usés par le temps et par les caresses. Elle était encore jolie. La blonde était sensiblement du même âge, la cinquantaine, guère plus.

Bizarrement je me mis à penser à Ségolène... et à Vénus hottentote et son jean moulant...Non, cela ne peut être elles !

Les deux femmes dont j’ai toujours eu l’irrépressible désir de baiser étaient là devant moi. Elles se mirent à discuter à voix basse. De temps à autre, la brune me jetait des regards brefs, furtifs, des regards à la dérobade. Elle concluait son regard par un bref détour vers la partie de mon corps où j’avais posé la main, une main qui peinait à dissimuler une érection qui prenait des proportions gênantes. J’étais sans doute le sujet de leur messes basses. A l’évidence, ma queue surtout, ma queue les intéressait au plus haut point.

Alors, l’idée de dégrafer mon pantalon et de laisser sortir mon pénis m’avait effleuré l’esprit.

L’obélisque de l’Etoile. Un superbe obélisque de chair durcie prêt à être englouti par deux bouches affamées. Une bouche blonde et une bouche brune. Mieux que dans les films pornos! Quel pied! .De temps à autres, les rires aux éclats de la blonde qui faisaient sautiller ses seins par des mouvements brefs et courts de sa poitrine, me mettait mal à l ‘aise et m’agaçait. J’étais prêt a fourbir mon tropisme habituel pour la blonde conne et sans cervelle, je le sentais qui rodait et menaçait, prêt à être gravé dans le marbre de ma mémoire.

A l ‘évidence, et comme à l'accoutumée la brune semblait plus humaine ou plus amène, en tous les cas plus mature. Une relation s’était établie entre nous. Elle avait délaissé sa copine, ne prêtant qu’une oreille distraite à ce qu’elle lui disait. Ses regards vers moi étaient désormais plus francs et plus appuyés.
J’esquissai un sourire qu’elle me rendait bien joliment. Je finis par ôter la main de la partie de mon sexe pour laisser apparaître une protubérance énorme sous le pantalon. Elle s’en offusqua au premier regard. Je ne savais quoi dire ni que faire. La blonde empêchait toute initiative de ma part. Elle veillait comme une chienne de garde, prête à bondir sur moi au moindre doute. Des lesbiennes? me dis je en moi-même, le peuple homosexuel est majoritaire à Paris. Baiser des lesbiennes n’a rien de triomphant sexuellement.

Nathalia et Michèle seraient elles homosexuelles?

En tous les cas, une envie irrésistible de me branler devant ces deux femmes me prit soudainement.

Me branler devant Nathalia et Michèle et son jean moulant ! Ah quel pied! Ce visage de belle brune hispanique bandante! Plusieurs fois dans les magasines des salles d’attentes où les gens ne lisent plus mais tapotent sur leur smartphone, au milieu d’une lecture, à la rencontre de ce visage, mon regard fut comme figé, pétrifié devant ce charme du sud, un charme aux yeux noirs d’encre, un charme qui vous pénètre. Je pouvais maintenant, à loisir dans le silence des salles d’attente, me concentrer sur mon fantasme. J’imaginais alors un scénario dans lequel jouaient trois personnages et où à chaque fois ma queue avait le dernier mot et le dernier jet…Oui, il s’agissait bien de Nathalia.

Paris...ville du sexe, ville du soufre.

En l’ occurrence, le rapport de force était en ma défaveur. La peur du ridicule. La peur d’être jugé par une femme.

Le jugement d’une femme est rédhibitoire pour un homme.
Je m’enfermais dans ma timidité jusqu’au moment où elles se levèrent pour descendre.

C’était fini pour moi. Une occasion de plus perdue à jamais.Je ne verrai plus ma brune.

Que pensera t--elle de moi? Que je suis un nigaud qui n’a pas su se branler, qui n’a pas su baiser deux nanas qui s’offraient gratuitement à lui.Un niais, ou pire encore, un con.Bref, un type incapable de profiter d’une occasion donnée par le ciel ou par le hasard.Un gagnant du loto qui vient de paumer son billet de loterie.

Au moment où je m adressais à moi même tous ces reproches, toutes ces injures, le miracle inattendu, le salut du ciel s’était manifesté en un bout de papier sur lequel était écrit un numéro qui commençait par 06, la brune Nathalia... elle l’avait glissé discrètement sous elle. Je le pris. Je le sentis comme on sent la culotte d’une femme. Une joie intense et salvatrice, une ivresse infinie avait envahi mon être. J ‘étais le plus heureux des hommes. Je savais maintenant qu ‘une femme sur cette terre, ma belle Nathalia..., ma sublime parisienne qui sentait l'entre- cuisse, jolie et brune, une femme dont je connaissais l’existence que par les magasines des salles d’attente, m’attendait quelque part dans Paris.
Lorsque je fus réveillé brusquement par la main du conducteur de train pour m’indiquer de descendre, je ne sais pas ce qu’il me prit. Un désir de violence à l’égard du chauffeur qui avait mis fin brutalement au rêve de ma belle hispanique. Un rêve charmant qui avait malheureusement aussi son terminus. La rame s’était immobilisée.

Reste la rage violente d’une frustration d’avoir été dépossédé de quelque chose dont seule la pollution de mon slip avait été témoin.

Darius de saint-Germain

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