(Extrait d'un de mes délires)
Eva se retrouve aux prises avec un éditeur d’une cinquantaine d’années, qui ne cesse de vanter son catalogue de clients prestigieux. Le sourcil levé, elle n’ose pas lui dire qu’elle n’en connaît aucun et qu’en plus, ça ne l’intéresse pas. Quelle idée d'accepter de venir à la fête d'anniversaire de sa meilleure amie Séverine ! Tout cela pour oublier son désastreux divorce et arrêter de se perdre dans son travail.
La mère de famille commence à s’inquiéter pour ses enfants restés à la maison avec sa mère. Combien elle aimerait rentrer au lieu de perdre son temps ici. Séverine se balade entre tous ses invités offrant son plus beau sourire et lui adresse un clin d'oeil mutin. Eva soupire.
Un morceau de musique vient lui chatouiller l'oreille et un petit sourire rêveur étire ses lèvres pulpeuses et nacrées. Elle commence à fredonner, sans s’en rendre vraiment compte. Aérosmith, I Don’t Want To Miss A Thing, son titre préféré. Elle l’adore. C’est pour la jeune femme la chanson qui révèle sa sensualité la plus pure. Parfois, elle s’imagine faire l’amour lentement, sur les accords de ce titre, d’offrir d’elle, sa facette la plus câl…
Un regard d’un bleu intense la fixe. Il ne la quitte pas. Son cœur s’arrête, tandis qu'elle continue à chanter à voix basse. Les yeux azur se plissent, laissent apparaître quelques rides. Eva ondule, se déhanche, lascive, discrète. Il sourit, debout de l’autre côté du jardin, appuyé simplement à un arbre. Une émotion intense monte dans le creux du ventre de la jeune femme. Des frissons la parcourent de toute part. Son sourire lui réchauffe l’âme. Il a un air de gamin qui vient de jouer un vilain tour. Les seins d’Eva se dressent sous le tissu de sa robe. Il l’envoûte, l’emprisonne dans sa lumière. Elle ne sait pas qui il est, comment il s’appelle, mais elle est liée à cet homme par une magie puissante et chaude.
Tout a disparu autour d’eux. Il la dévisage et son sourire disparaît lentement. Son visage aux traits virils semble prendre soudain, une gravité qui le rend plus séduisant encore. Eva l’admire. Leurs corps crient leur désir. Elle voudrait poser sa main sur sa joue, caresser sa barbe de trois jours de son pouce avec douceur, perdre ses doigts dans ses cheveux grisonnants, poser ses lèvres sur les siennes si pleines.
Elle déglutit avec difficulté. Son sexe s’humidifie, un violent frisson la secoue tout entière, lui la fixe de son regard sombre. Elle se mord la lèvre, les larmes aux yeux.
Elle ne peut s’empêcher de le détailler. Combien elle voudrait que ses mains larges la parcourent et lui offrent des plaisirs qui lui ont toujours été interdits. Ses larges épaules l’attirent. Son torse si magnifiquement dessiné la fascine. Elle salive à l’idée de planter ses crocs dans le creux de son épaule que le col de sa chemise entrouvert laisse voir. Eva ! Réveille-toi ! Tu ne le connais même pas !
- Voyez combien certains auteurs peuvent être imbus d’eux-mêmes, c’est incroyable, ne croyez-vous pas ?
Finalement, c’est la voix de l’éditeur qui la sort de sa transe. Elle respire un grand coup, secoue la tête. Il faut revenir à la réalité. Il ne devait pas exister. Pour s’en assurer, Eva tourne son visage empourpré vers le fond du jardin. Il n’est plus là. Elle sent la force de son désir, s’étonne d’une chose qu’elle pensait ne pas exister pour elle. La naissance d’une pulsion charnelle qui trouble son esprit, une chaleur qui envahit son corps sans aucun contrôle possible de sa part. Elle frissonne. Le feu du regard de l’inconnu lui manque, l’attire. Elle a envie de lui. Le rouge lui monte aux joues, de plus belle. Comment peut-elle penser ainsi ? Elle est mère de famille que diable. Le désir ne lui était pas inconnu, mais, elle ne s’était jamais laissée aller. Toujours garder le contrôle pour ne jamais se mettre en danger.
Eva cherche l'homme parmi les invités. Personne. Déçue, elle soupire et se demande si finalement, elle ne l’a pas imaginé. Séverine arrive vers elle, un air taquin sur le visage. Enfin ! Enfin, elle vient la sauver de cet homme imbu de lui-même qui lui casse les oreilles depuis déjà bien trop longtemps.
- Philippe, je ne voudrais pas vous arracher aux bras de mon amie d’enfance, mais votre charmante épouse vous cherche partout.
Séverine lui fait un petit clin d’œil de connivence. Elle vient la délivrer. L’homme s’excuse auprès d’elles et s’éloigne en bougonnant.
- Je ne sais comment te remercier. Je pensais que jamais il ne s’arrêterait. J’étais incapable de lui dire que je me fiche pas mal de ses clients. Je t’adore !
La plantureuse brune lui adresse un irrésistible sourire.
- J’ai vu tes premiers signes de fatigue surtout. Tu t’es mise à chantonner et te balancer. Je connais tes signes d’alerte.
Eva retient son souffle… comment lui dire que cette fois-ci ce n’était pas des signes de fatigue ou de peur, mais bien un désir de séduire ? Mieux vaut ne rien dire, de plus une migraine commençait à pointer.
- Tu peux me montrer un endroit où je peux être seule tout en pouvant écouter la musique, s’il te plaît Séverine ? J’ai besoin de me détendre un peu.
- Aucun souci. Suis-moi, ma grande !
Elles se dirigent vers la maison, traversent le rez-de-chaussée, pour finalement sortir par une porte-fenêtre sur une terrasse. Elle est décorée d’arbustes bien touffus qui la cachent des invités. La musique lui parvient parfaitement, sans être pour autant assourdissante. Eva se tourne vers son amie et sourit avec reconnaissance.
- Merci !
- De rien, ma belle. Ressource-toi ici, personne ne viendra t’ennuyer.
Eva ne l’écoute déjà plus. Elle regarde le ciel et respire profondément. Séverine s’éloigne sans un mot, avec un regard bienveillant sur son amie. Eva aimerait être plus à l’aise avec les autres. Elle souhaiterait savoir se mélanger à la foule et faire la conversation comme tout le monde. Mais elle panique dès qu’il y a un peu trop de monde.
Comme s’élève le titre « Earned It », son souffle se coupe. La brûlure des yeux azur lui revient soudain en mémoire. Elle laisse un sourire séducteur étirer ses lèvres. Elle déteste le film qu’il illustre, mais elle aime…oh oui, elle aime ce titre
La tension monte. Les premières notes la charment et elle se laisse porter par le rythme. Ses yeux lentement se ferment. "Il" est devant elle et la possède de son regard azur. Eva ondule du bassin avec sensualité, parcourent ses hanches de ses fines mains. Ses ongles griffent le tissu noir de sa robe. Son souffle se fait plus court. Ses seins se tendent. Elle se balance avec la grâce d’une liane, plie doucement les jambes pour se redresser avec une lenteur calculée. Elle se cambre, son postérieur semble le supplier qu’il le prenne dans ses mains. Elle le fixe avec intensité, féline, déesse dans toute sa féminité. Elle rêve. Dans sa transe, il ne bouge pas, un sourire aux lèvres, seules ses pupilles s'oscurcissent. Plus il l’admire, plus elle se déhanche, effleure son ventre, voyage jusqu'à sa poitrine. Avec langueur, son index tourne autour d'un mamelon durci par le désir. Le froissement du tissu l’excite. Elle veut qu’il crève d’envie de la prendre là. Ce n’est qu’un rêve, elle a le droit. Ses bras continuent leur chemin, caressent ses joues, jouent dans ses boucles, puis se lèvent vers les cieux dans une prière muette et charnelle.
Elle fait l’amour à son inconnu. Ses bras descendent devant elle… et rencontrent des épaules. Étonnée, Eva ouvre les yeux sur le regard azur assombri. Il pose ses mains sur ses reins, l’enlace. Elle coule contre lui, s’enferme dans leur chaleur, danse. Il se mord la lèvre. Son désir est si violent que ses traits sont crispés. Elle fait glisser ses mains sur le tissu de son gilet noir, approche son visage du sien. Leurs bouches ne sont plus qu’à quelques millimètres l’une de l’autre.
- Danse, jolie fée !
Il a la voix rauque. Elle se frotte à lui, son bassin se colle, se retire. Son fessier se laisse aller entre ses mains masculines et puissantes. Il fixe sa bouche avec voracité. Eva s’écarte un peu et commence à tourner sur elle-même. Il fait si chaud, si bon. Seigneur qu'il ne la laisse pas. La musique les a coupés du monde, ils sont dans leur bulle. Elle ondoie, caresse de son arrière-train la bosse qu’elle devine sous le pantalon de son partenaire. Il gémit. Elle sourit en fermant les yeux.
Il s’enhardit, l’enveloppe de ses bras et suit ses mouvements. Ils ne font plus qu’un. Sa bouche se fraie un passage dans le creux de son cou. Il le mordille tendrement. Elle geint. Son sexe palpite de désir. Il fait glisser une de ses mains sur sa cuisse et fait remonter peu à peu le tissu plus haut. Il découvre le satin de sa peau au-dessus de la dentelle de son bas. Elle penche la tête en arrière. Ses mains sont sur ses cuisses musclées. Elle le palpe. Elle fredonne. Elle le frôle de son joli cul. Il la découvre savamment. Son index passe sous la jarretelle. Il soupire. Elle monte une de ses mains sur sa hanche, se cambre et ondule. Ses lèvres nacrées s’entrouvrent. Un souffle s’échappe. Il sourit et prend dans sa paume un sein gonflé. Il mord son épaule. Il grogne. Il l'accompagne, ne souhaite plus se détacher d’elle. Son sexe se gorge de sang. Il pince le mamelon à travers l’étoffe. Elle est femme fatale. Il veut plus. Il veut l’entendre jouir. Elle ne sait plus où elle est. Eva vibre. La chair de poule couvre sa peau. Tout son corps répond à l’appel de son autre. Ils dansent. Ils font l’amour. Ils se possèdent. Ils se rendent libres.
Il la fait se pencher un peu plus en avant. Sa main la découvre. Il grogne d’excitation. Elle n’a pas de culotte, juste un porte-jarretelles. Elle est moite sous ses doigts. Elle avance son bassin vers lui, lâche un petit cri d’impatience. Il pose sa main sur son pubis, le masse doucement au rythme de la musique. L’un collé à l’autre, ils swinguent. Son index trouve son clitoris. Elle crie. Il le titille, le fait rouler entre ses doigts. Il se gorge de ses soupirs, de ses gémissements. Elle voudrait s’échapper, mais ne peut rien. Son corps s’électrise. Son ventre se tord de plaisir. Sa tête dodeline sur son épaule. Son sein prisonnier hurle le besoin de sentir ses lèvres sur lui. Elle gémit de déconvenue. Elle hoquette lorsqu’il la pénètre de ses doigts avec une joie presque animale. Il veut l’entendre hurler et commencent de longs va- et-vient. Il savoure. Elle est si brûlante, si humide. Il imagine le moment où il la prendra de son sexe. Il sait que son fourreau de velours le rendra fou. Il accélère son mouvement. Elle couine. Il aime ça. Ils ondulent sur la musique… Elle sent le plaisir grandir au creux de son ventre. Les notes prennent soudain de la puissance. Il augmente sa pression. Il s’enfonce plus profondément. La prend plus fort de ses doigts recourbés. Il souffle
- Oui, jouis ma fée !
Elle sanglote de plaisir. Sa main claque contre sa vulve. Elle ouvre soudain les yeux. Elle coule sur ses doigts. Il jubile, continue sa tendre torture. Elle hurle sans retenue et gicle sur son poignet. Elle jouit dans une explosion de plaisir presque douloureuse.
Il la retient dans ses bras, la soutient contre lui. Doucement, il se retire, prend un mouchoir dans la poche de son jean noir et essuie l’intérieur de ses cuisses avec beaucoup de délicatesse.
Il la redresse et elle se réajuste en rougissant violemment. Face à lui, elle affronte son regard. De la tendresse, pas de jugement, juste de la tendresse dans ses yeux. Eva sent les siens s’emplir de larmes. Il pose ses lèvres sur les siennes, caresse ses cheveux. Elle a le souffle coupé. Elle vient de vivre sa première fois.
Il se recule un instant, puis malicieusement :
- Je crois que tu es obligée d’accepter mon invitation à dîner demain soir, ma fée.
- Je ne sais même pas comment tu t’appelles.
Il la regarde avec intensité et murmure.
- Emmanuel !
Séverine arrive essoufflée, les regarde tour à tour avant de lancer avec un petit sourire taquin.
- Ah ! Vous vous êtes trouvés !
Le couple se contemple intimement, pour répondre d’une même voix.
- Oui, pour un pas de danse.
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