Une vieille.

Un petit.

Une maison de retraite.

- Nathan, je te laisse avec mamie, je dois aller signer des papiers. Tu te rappelles, elle te comprend très bien, même si elle ne te répond pas. Alors, raconte-lui tes histoires. Maman, je reviens.

- Mamie, Tu te rappelles de Naïa ? Ma copine ?

Et toi ? Tu te rappelles de Monsieur Carmouze ?

- Dans le couloir, elle pose son manteau à côté du mien et puis elle m’attend pour entrer en classe. Elle me sourit gentiment, elle est jolie. Si tu voyais ses lunettes vertes.

Le matin, j’arrive juste au bon moment pour le croiser. Je sens la chaleur dans mon ventre avant de passer la porte, je respire fort, les yeux me piquent un peu. Oui. La gorge un peu trop sèche, l’équilibre qui vacille. Tu connaîtras ça.

- En classe, elle joue toujours à la pâte à modeler. Elle adore ça. Elle fabrique des choses extraordinaires. Moi je fais seulement des escargots. Ses mains, j’aimerais bien les toucher.

Quand il me parle, je sens une tension. J’ai envie de me laisser aller et je me contrôle pour ne pas le faire fuir. Faut y aller doucement, tu sais.

- A la cantine, elle me fait rire. Elle remplit sa bouche et elle fait des bruits bizarres et moi je fais pareil. Et après on se fait punir.

Souvent, on mange ensemble. Sans parler. Il a du mal à déglutir je crois. Il fait attention. Son pied est près du mien. Si proche.

- Mais ce que j’aime vraiment, c’est quand on joue à chat perché. Elle est trop forte. elle gagne tout le monde.

Il a un harmonica. Il le sort et elles se lèvent pour danser, elles en rêvent toutes. Je ne danse pas, il laisse ses yeux sur moi et c’est pour moi qu’il joue.

- Tu crois, c’est ça une amoureuse ?

Tu sais, c’est ça un amoureux.