Chapitre 1 : Une petite vie tranquille

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Mes derniers souvenirs de l'ancien monde remontaient au 21 juillet 2037, soit huit ans auparavant.

La toile bruissait des conséquences du tweet ravageur du président américain, de la crise économique, des dernières vacances polémiques du ministre des armées, et de la campagne publicitaire du Protectorat pour redorer son image écornée, en Europe.

Avec un taux de criminalité avoisinant les 1% et le quasi plein emploi, le triumvirat à la tête des pays alliés avaient de quoi pavoiser et promouvoir leur vision d'une société autocratique, mais source de stabilité et d'ordre. Un discours qui commençait à trouver quelques adeptes, au sein de la classe politique française.

A peine levé, sur les coups de neuf heures, je m'étais rué sur les réseaux sociaux pour savourer les actualités croustillantes toutes fraiches, et échanger avec les membres de l'association dédiée aux Hauts Potentiels Intellectuels (HPI), à laquelle j'appartenais depuis quelques années. Loin des fake news ordinaires sur la toile, nos canaux de discussion possédaient l'avantage indéniable de promouvoir le débat d'idées et les différences argumentées, pour nourrir notre réflexion. Une véritable oasis d'auto-critique pour un esprit trop adepte des marécages d'internet.

Rappel strident de mes basses obligations, la sonnerie de mon téléphone me coupa dans la rédaction d'une vive critique sur la mise en place du « triennal », lors du précédent référendum. Et ce fut la mort dans l'âme, que je me résignai à délaisser mon pamphlet protestataire pour enfiler mes baskets, et affronter la chaleur matinale d'un été caniculaire.

En quelques foulées, je parvins devant les grilles du minuscule supermarché de mon quartier, et posai mon front contre le panneau de contrôle. Sitôt le scan oculaire effectué, les portes de verre s'ouvrirent pour me laisser vaquer à mes occupations, alors que le mur de métal se soulevait de lui-même.

A chacun de mes pas, l'éclairage s'éveilla, tel un matin virtuel, et les caisses automatiques entamèrent leur ronronnement familier, comme pour m'accueillir. Esprit cynique, j'avais l'impression de me muer en un fermier 2.0, dont les bestiaux se constituaient de plastique et de bornes à scanner. Après avoir fait le tour de mon cheptel, je gagnai le pupitre central et apposai mon pouce sur un pan de plexiglas, qui valida mon arrivée par un BIP lugubre. Et la journée débuta...

Sitôt ma majorité obtenue, l'an dernier, que j'avais abandonné toute idée d'étude, au grand dam de mon entourage. Une décision pourtant prévisible, quand on me connaissait un tant soit peu.

Hier comme aujourd'hui, la société délaissait complètement les "hors normes". Tant au niveau scolaire, social que professionnel, les profils atypiques, les empêcheurs de moutonner en rond, restaient considérés comme des parias, des individus incapables de s'épanouir dans un environnement rigide, hiérarchisé et égalitariste, en apparence.

Grosse tête, intello, hypersensible, dépressif, asocial, bizarre, arrogant, je-sais-tout, anormal, inadapté, tant de termes fleuris qui avaient jonché mon parcours. Ajouter à cela, une incompréhension fondamentale des aberrations du monde moderne, un persistant syndrome de l'imposteur et une incapacité à supporter l'injustice, et le combo devenait ravageur.

Face à la violence des rejets familiaux, souvent inconscient, scolaires et incapable de visualiser un avenir satisfaisant pour un esprit aussi tourmenté et profond que le mien, j'avais opté pour la solution du ras-le-bol et de la résignation. Peut-être temporaire. Ou pas.

J'avais donc candidaté à un poste de gestionnaire de caisses automatiques, et réussi sans mal les tests psychotechniques requis.

Un salaire médiocre, mais suffisant pour mes modestes attentes, un studio à coté du boulot, et la vie m'offrait de quoi survivre, à défaut de me nourrir assez pour que je puisse partager les fruits de mon potentiel, à une organisation incapable de m'offrir le terreau fertile à développer cet apport futur. Les politiques prônaient le paternalisme, la surveillance étroite de nos libertés, en se parant d'un angélisme aussi écoeurant qu'une surdose de miel. Chaque geste du quotidien souffrait d'un message d'avertissement officiel : ne pas boire plus d'un demi-verre d'alcool par semaine, ne pas fumer, ne pas courir, surveiller sa tension, ne pas forniquer plus de trente minutes d’affilée, sous peine de favoriser les troubles cardio-vasculaires, ne pas... penser, réfléchir. Juste obéir. Vivre sans saveur, mais le plus longtemps possible. Un peu comme garder en bouche un chewing-gum mastiqué depuis des heures, avec entêtement.

Et quitte à se faire materner, autant jouer le jeu à fond ! Pourquoi m'épuiser à tenter d'améliorer un monde gangréné par l'adage "Bienheureux les simples d'esprit" ? Soyons cons, et sourions !

Un fil de pensée que certains de mes congénères partageaient, et qui offraient de véritables joutes intellectuelles avec les autres membres de mon association de hauts potentiels.

Résignation, telle était ma compagne.

Le regard vide, l'esprit fuyant, j'administrai mes "Merci, bonne journée", « Avez-vous la puce de fidélité ? », à la pelle, au fil des heures lentes et sans attrait. Seul employé du magasin, je me retrouvai roc solitaire d'une mer de caméras, de bornes autonomes et de robots occupés à mettre en rayon une foule de produits, de plus en plus onéreux, à mesure de la montée des tensions internationales.

Et il me fallut une poignée de minutes pour réaliser qu'un client campait face à moi, en m'observant d'un air attentif. Vu son âge mûr, trois possibilités.

Un inspecteur envoyé par la hiérarchie parisienne pour noter mes performances d'accueil.

Un vieux dégoutant adepte de chair juvénile pour réchauffer son lit.

Un irréductible nostalgique d'un temps, où un visage humain remplaçait les faciès froids des caisses automatiques.

Dans le doute, je lui adressai une sorte de rictus, à mi-chemin entre la grimace gênée et le sourire hypocrite. Et en guise de réponse, le bougre s’avança vers moi, sans se départir de son œil observateur, qui eut tôt fait de me mettre particulièrement mal à l’aise.

- Julien Declaran ? J’appartiens au ministère de la Santé. Suivez-moi, je vous prie.

- Ma mère est malade ?

Pour l’avoir entendue piailler la veille, je doutais que cette hypothèse soit la bonne, mais je n’en voyais pas vraiment d’autre susceptible d’expliquer la présence de ce type louche.

Dans un soupir agacé, l’inconnu sortit une carte d’identification de la poche de sa veste délavée et me la flanqua sous le nez. J’apposai aussitôt la puce intégrée dans mon puce sur le papier glacé, et un flash vert dévoila l’identité du fonctionnaire à ma vue, via l’interface de ma lentille connectée.

Pas de doute, il disait vrai.

- Désolé, mais je suis en plein boulot, là… On peut prendre rendez-vous ?

- Non, me rabroua le vieux bonhomme, d’un ton peu amène. Il s’agit d’une urgence gouvernementale.

- Ouais, ben c’est pas votre ministre qui va combler le trou sur mon compte en banque ! Donc, soit vous attendez la fin de mon service, vers minuit, soit vous m’envoyez un mail !

Face à mon air buté, le bougre ne se décontenança pas. D’un geste vif, il braqua sur moi son index pointé, dévoilant ainsi une sorte de boitier intégré dans son poignet. Et avant que je n’ai eu le temps de réagir, un violent choc électrique me paralysa sur place, avant que je ne bascule violement en arrière. Perclus de douleur et incapable de proférer la moindre injure, je succombais rapidement à l’inconscience, bercé par les doux mots de mon agresseur.

- Tous aussi cons les uns que les autres, ces intellos…

...

Des heures à attendre dans une antichambre au luxe bien peu républicain, à mon gout.

Sitôt tiré des bras de Morphée, on m’avait trainé d’une pièce annexe, aménagée pour l’occasion en salle de réveil, à ce hall où tableaux de personnages pompeux, lustres de cristal et parquet massif rivalisaient dans une débauche d’argent public mal dépensé. Escorté par deux gorilles armés jusqu’aux dents, j’avais conservé le droit de maugréer, en protestant sur le traitement indigne que je venais de subir. L’affaire semblait assez grave pour me priver de ma liberté fondamentale, mais je doutais que cela suffise à convaincre mon employeur de ne pas m’en tenir rigueur.

L’esprit en ébullition, je concoctais mentalement une tribune cinglante, lorsqu’une petite bonne femme, haute comme trois pommes, dans un tailleur banal, traversa l’immense porte de chêne face à moi, pour se diriger dans ma direction.

- Vous avez intérêt à avoir une EXCELLENTE raison pour m’avoir traité de la sorte ! aboyais-je à l’attention de celle que j’avais identifié comme étant Gisèle Dumoulin, ministre de la Santé.

- Monsieur Declaran, ce n’est pas ce que vous pensez…

- Enlèvement, séquestration, violence avec arme potentiellement létale ! Je vais me faire un paquet de pognon auprès de la presse !

- Libre à vous de vendre ce que vous voudrez, mais j’aimerais d’abord que vous entendiez la proposition de monsieur le Premier ministre.

De plus en plus bizarre… Soit ce gouvernement avait complètement perdu la boule, soit j’étais victime d’un rêve probablement dû à un AVC. Mon véritable moi devait baver dans le recoin obscur d’une ruelle glauque, en ce moment même.

Face à mon indifférence visible, les deux gardes du corps m’empoignèrent par les épaules, avant de me trainer dans le sillage de l’édile, déjà repartie, sans daigner recevoir un début de réponse. Le dos en sueur en raison de la température ambiante, mon inconfort monta d’un cran à la vue du comité d’accueil, figé au fond d’une pièce qui aurait pu contenir mon studio, par ses dimensions susceptibles de causer une crise cardiaque à n’importe quelle femme de ménage.

Face à moi, la mine austère, Hubert Gardieu, Premier ministre du gouvernement fraichement élu pour trois ans se tenait derrière un long bureau d’acajou. A sa droite, la bourgeoise qui venait de m’accueillir, et à sa gauche, une sorte de laborantine malingre, au faciès émacié et probablement venue au monde flanquée de son chignon, d’où aucun cheveu n’osait se détacher.

Pour l’observateur avisé que j’étais, la présence d’un miroir un brin artificiel placé dans le dos de ce trio diabolique, m’apparu comme une caméra dissimulée. Super ambiance…

- Monsieur Julien Declaran, je me doute que vous devez avoir un certain nombre de questions, quant à votre présence ici, entama le chef de cette charmante petite bande.

- Avez-vous conscience que tout ce qui est en train de se passer est totalement illégal ? lançais-je, le visage cramoisi de colère.

- Les enjeux dépassent votre petite susceptibilité personnelle, me rabroua aussitôt la mère Dumoulin, franchement hostile.

- La France a besoin de vous, aujourd’hui, mais aussi demain !

Face à une affirmation aussi pompeuse, je fus partagé entre franche hilarité et curiosité dévorante. Jusqu’où pouvaient-ils s’enfoncer ?

Un doigt posé sur sa tempe chauve, le Premier ministre fit apparaitre un globe terrestre holographique, flottant entre lui et moi.

- Comme vous le savez, si je tiens compte de vos derniers articles postés sur les réseaux sociaux, la situation géopolitique devient de plus en plus instable chaque jour. Or, nous ne pouvons plus nous contenter de subir et de naviguer à vue.

- C’est pourtant votre spécialité, depuis votre élection…

- Grâce à l’appui d’un généreux mécène, le gouvernement a donc mis en place une expérimentation pour préserver les individus les plus… prometteurs, poursuivit le politicien, sans tenir compte de ma remarque mordante.

Donc si je comprenais bien… deux membres éminents du pouvoir dirigeant s’étaient déplacés de Paris vers la province, pour organiser le rapt illégal d’un petit con révolutionnaire comme moi… Dans le but de me proposer un plan financé par un ponte du secteur privé ? Pour le coup, le coté extrémiste de leurs actes me fit toucher du doigt le sérieux de la situation. De l’analyse et de l’indignation virtuelle, je venais de me prendre dans la figure la réalité glauque d’un monde à la dérive.

- Le risque d’un conflit nucléaire n’est pas à exclure, enchaina Gisèle Dumoulin, en pianotant le bureau de ses doigts manucurés. Nous devons anticiper les mesures d’urgence adéquates.

- C’est-à-dire ?... m’enquis-je, non sans un scepticisme évident.

- Dans les semaines à venir, des bunkers à plusieurs sous-sol vont être aménagés sur tout le territoire national, poursuivi le chef du gouvernement, visiblement soulagé par mon intérêt. De quoi protéger la majorité de la population…

- En laissant crever l’autre partie… Idéalement les pauvres et les ruraux.

- Nous ferons tout notre possible pour sauver un maximum de nos concitoyens ! s’indigna la ministre de la santé, piquée au vif par mon sourire cynique.

- En parallèle, nous vous offrons la chance de participer à l’opération « Retour aux sources », me devança Hubert Gardieu, alors que j’ouvrai déjà la bouche pour répliquer.

- C’est-à-dire que j’ai le choix ?...

- Exactement. Vivre, mourir ou finir dans une taupinière avec le reste de la populace, intervint la laborantine, à la surprise de ses deux comparses, qui échangèrent aussitôt un regard de consternation.

- Concrètement, dès l’an prochain, nous allons réquisitionner des villages éloignés des grandes agglomérations, pour les protéger à l’aide d’une nouvelle technologie de dôme. Ces derniers seront capables de filtrer les résidus radioactifs, et de fournir des capacités d’auto-suffisance à celles et ceux qui seront choisis pour y élire domicile, expliqua le Premier ministre, vite remis de son émoi.

- Tant que ce n’est pas un remake foireux du roman de Stephen King ou du premier film des Simpson…

- Il s’agit d’une expérimentation on ne peut plus sérieuse ! En cas de conflit nucléaire majeur, imaginez le nombre d’années, de décennies durant lesquelles nous devrons croupir sous terre, en attendant une dissipation des effluves toxiques ! Nous vous proposons de vous épargner un tel sort, en préparant le monde de demain, s’exclama Gisèle Dumoulin, visiblement fière d’avoir retenue sa tirade, probablement apprise par cœur.

- Chaque sujet susceptible de participer à cette opération a été choisi sur des critères objectifs : QI hors normes, stabilité émotionnelle et mentale, adaptabilité, résilience, sens critique, compétences utiles dans un monde sans ressources extérieures.

Joignant le geste à la parole, le politicien agrandit la mappemonde holographique, d’un mouvement de main, jusqu’à laisser apparaitre la carte de France, réhaussée d’une vingtaine de points bleus étincelants.

- Mille et un individus triés sur le volet pour rejoindre l’un des vingt dômes, dispersés sur le territoire.

- Cobaye serait le terme le plus approprié, ricanai-je, sans que mon intervention ne semble émouvoir les membres du trio gouvernemental.

- Vous acceptez ou non ? s’agaça l’inconnue, au chignon inamovible.

Qu’avais-je à perdre, ou à gagner dans cette affaire ?

Assurément, rejoindre cette expérience complètement dingue de survivaliste allait me séparer durablement de ma famille et de mes rares amis.

Allais-je regretter la présence de ma mère ?

Sa faculté naturelle à compenser le trou qu’elle avait dans le cœur par des achats compulsifs et vains. Sa capacité à se plaindre d’une vie trop difficile, après un terrible après-midi de shopping à dépenser l’argent de son seizième mois. Son don inné pour critiquer, jalouser les choix d’autrui, avant de les imiter en guise de catharsis. Sans oublier son meilleur ami, l’égoïsme, sous les feux de la rampe lorsqu’elle refusait d’offrir un billet à un cousin en difficulté, avant de claquer un mois de salaire pour se procurer la dernière puce à la mode.

Mouais…

Mon cher père allait-il me manquer ?

Nos discussions passionnées sur la responsabilité des émigrés dans la déchéance de notre douce France, une théorie sans fondement qu’il appuyait par de glorieux « tout le monde sait ça ! ». Ses plaintes rageuses sur son licenciement prétendument injustifié, alors qu’il avait été pris en flagrant délit de visionnage d’un match de foot pendant ses heures de travail et avait brisé un bureau, dans un accès de colère, en guise de justification. Son amour pour notre pays, devenu le pire du monde civilisé, alors que notre famille avait bénéficié de généreuses aides sociales depuis ma naissance.

Mouais…

Mon meilleur ami, Louis, resterait-il comme un point d’attache de cette vie formidable qu’était la mienne ?

Son gout pour les beuveries du weekend, ses critiques anonymes des personnalités sur les réseaux sociaux. Son aversion profonde pour la politique, le climat, les bébés phoques disparus, ponctués d’injures sur les « tous pourris », « on n’y peut rien » et autres « monde de merde », lui qui ne votait ni ne se mobilisait jamais. Son port de coq en rut chaque fois qu’une pauvre fille apparaissait dans sa ligne de mire… Et surtout ses taquineries bon enfant sur mon désintérêt pour l’autre sexe et ma prétendue virginité. Son déni et sa truculente opposition à toutes mes tentatives pour lui faire comprendre mon attrait pour les autres garçons.

Mouais… Mouais…

Mon boulot n’allait-pas me faire défaut ?

Des amplitudes de dix à douze heures, six jours par semaine. Seul maitre humain d’une horde de robots caissiers et de mise en rayon… Obligé de sourire à des clients pénibles qui oscillaient entre moquerie ouverte et condescendance, face à un employé qui avait « raté sa vie » ou « pas assez travaillé à l’école ». Nettoyer derrière leur passage, veiller sur un trésor dont le moindre centime manquant pouvait me valoir une retenue sur salaire… Répéter inlassablement les mêmes mimiques, phrases types, soupirs blasés. Voir ma prime de fin d’année réduite à peau de chagrin, en raison de travaux dans le magasin, ou de l’entretien de ces maudites machines…

Les haineux de la toile, les fous de Dieu, les grèves, les moutons à deux pattes, la pollution, la course à ce foutu divertissement technologique au détriment des véritables inventions destinées à améliorer la vie de l’ensemble de l’humanité, les exigences des uns et des autres, sans que nul ne veuille donner de sa personne, le retour du rap et des jeans à pattes d’éléphant…

- On signe où, déjà ?

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