LE DEUXIEME VOYAGE

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Quand le voile du ciel se durcit, et où grandes et puissantes armées rien n’écoutèrent des voix des sages et avec grande haine en se battant passèrent dans le monde d’entre les mondes. Et Alimina fit le voile du ciel tel qu’il a été et revint d’entre les mondes, belle comme les aurores, après que pleurée et regrettée fut en tant que grande reine qu’elle est

Et cette année-là le voile du ciel s’était obscurci et durci, et de transparent et souple, il avait commencé à montrer dans ses eaux le monde tordu et injuste dans lequel nous vivons. Et si parmi vos seigneuries, il y en a quelques-uns qui n’en croient toujours pas, voici encore une étonnante merveille : aucun être, qu’il vole, marche ou rampe, il ne voulait plus voir, mais seulement le reflet des arbres, des pierres et de l’eau.

Et Alimina, dès qu’elle entendit une chose pareille, rapidement s’en alla vers la frontière pour la voir. Seulement grande guerre il y avait ces temps-là entre Porphyrius le Borgne et Alistarius le Sauvage et personne dans le monde de Marara ne pouvait être en paix, ni dans les vallées cachées sous le souffle glacé du Dragon, ni dans les forêts sans fin entre les branches les plus épaisses, ni au fond des cavernes du cœur de la Montagne Sacrée, sur les rivières perdues ou entre les peuples de chauves-souris et de gobelins. Tout n’était que destruction et désolation.

Avec une grande armée partit Alimina pour voir ce qu’arrivait à la Membrane. Et par où ils passaient, les poissons s’encouragèrent en disant : « Voici que passe Alimina, bien-aimée de la Membrane, elle va la soigner, et plus encore, en la voyant, le voile du ciel va redevenir tel qu’il était. »

Et quand elle y arriva, elle y trouva grande peine, les poissons venaient devant la Membrane et beaucoup ils s’apeuraient et en pleurant ils lui demandaient pardon. Car voilà, malheur, le miroir du ciel était en train de se briser. Alimina resta deux jours et trois nuits devant la Membrane, mais malgré toutes ses prières, le miroir du ciel restait brisé et à chaque instant il se cassait encore plus. Chaque morceau se divisait en deux autres morceaux et quand les mages regardèrent de plus près, ils virent qu’à son tour chaque petit morceau commençait à se fissurer en deux autres. Ils essayèrent tous les remèdes, les sorts et les vieilles magies, mais rien ne fit la Membrane telle qu’elle était.

Seulement les armées ne s’arrêtaient pas, et en vain les sages priaient Porphyrius ou Alistarius de se réconcilier et de remettre le pays de nouveau en paix, chacun criait de s’arrêter l’autre en premier. Et quand entendit Porphyrius le Borgne qu’Alimina est allée voir la Membrane, il leva le camp des champs du Roi Nim où il se bataillait, et partit regarder et se rehausser avec ses exploits. Et quand Alistarius vit que le camp des porphyriens est levé, il ordonna à son tour de partir et de couper la route de Porphyrius pour arriver avant lui devant la Membrane. Tout au long du chemin, les armées des porphyriens et des alistariens se luttèrent, et trois lieues autour d’eux les poissons les fuyaient et les maudissaient.

Quand ils s’approchèrent avec grand bruit de l’endroit du miroir, les éclats avaient commencé à tomber. Les poissons autour d’Alimina se trouvaient en grande frayeur en pensant que le ciel lui-même va se briser et que la voûte avec les étoiles va leur tomber dessus. Mais elle ne s’effraya pas, n’aperçut même pas les armées qui s’approchaient d’elle en s’insultant et se frappant entre eux, elle regardait juste la Membrane et réfléchissait. Son armée même attendaient pour voir ce qu’elle allait faire.

Et voici qu’Alimina se lève et qu’en vol toute seule elle se hâte vers la Membrane et que l’abîme d’entre les dents du miroir la gobe. Ses conseillers et généraux se mettent à crier qu’une grande reine sage et beaucoup aimée par son peuple ils viennent de perdre. Mais les soldats simples, en se voyant encerclés par les porphyriens et les alistariens qui en grand nombre et avec beaucoup de fracas étaient arrivés, et en ne voyant aucune autre issue, derrière elle dans la Membrane se précipitèrent.

Grand et merveilleux miracle se produisit alors. Les éclats tous se mirent à tomber et pareil à une pluie d’été, juste qu’avec des verres aiguisés et sans jugement. Et les porphyriens et les alistariens en voyant ceci, de rien n’eurent peur, mais ils s’enfuirent après les aliminiens dans le miroir.

Ce qu’ils virent et comment tout se produisit dans le monde au-delà du miroir, seule la Membrane pourrait raconter. Car ce n’est pas un monde que plume de cygne saurait révéler. Je peux seulement dire que grande guerre fut entre nos poissons dans ce monde-là et qu’ils luttèrent longtemps avant de se réveiller et de comprendre qu’ils avaient laissé la douce Marara pour le monde des ombres.

Et dès qu’elle les avala, la Membrane fut de nouveau comme elle l’avait été, le voile du ciel éternellement mouvant, et les sages soupirèrent et racontèrent aux nouveaux rois que la Membrane n’aime pas la guerre ni le sang versé. Et que le monde des ombres engloutira quiconque n’obéit pas.

Et Alimina revint un jour, belle comme les aurores et avec le mot clair comme une source de montagne. Et, derrière elle, soldats et plèbe sortaient mélangés, en longues files, aliminiens, porphyriens et alistariens. Juste Porphyrius le Borgne et Alistarius le Sauvage ne se virent, ou peut-être que de honte ils s’étaient cachés dans la foule et dans la Salle des clans ne furent plus vus.

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