Dans une petite salle au commissariat, chacun des membres de la famille était interrogé séparément par un policier. Lila attendait son tour, le cœur lourd, tandis que ses frères et sœurs et ses parents répondaient tour à tour.

Yanis, 3 ans
Le petit dernier, assis sur les genoux d’une policière douce, regardait autour de lui, inquiet.
— Tu te sens bien à la maison ? demanda doucement la policière.
Yanis hocha la tête, ses yeux grands ouverts.
— Tu aimes ta maman ?
Il murmura un « oui » timide.
— Et ton papa ?
Un autre « oui », mais son regard cherchait quelque chose de rassurant.

Maël, 8 ans
Dans une autre pièce, Maël serrait la main du policier.
— Est-ce que tu vas bien à l’école ?
— Oui, répondit-il.
— Tu as quelqu’un pour t’aider quand tu as un problème ?
Maël baissa les yeux, hésitant.
— Ma grande sœur… Lila. Elle fait tout pour nous.

Malik, 8 ans
Son jumeau, interrogé juste après, semblait plus réservé.
— Tu as peur de quelque chose ?
Malik secoua la tête, mais sa voix trahissait son inquiétude.
— Parfois, quand maman est triste, elle crie.
Le policier nota soigneusement.

Lina, 11 ans
La plus grande des enfants avant Lila, se montrait courageuse.
— Tu arrives à suivre à l’école ?
— Pas toujours, mais Lila m’aide beaucoup.
— Tu aimerais que les choses changent ?
— Oui, je veux juste qu’on soit une vraie famille.

Inès, 13 ans
L’adolescente évitait le regard du policier, serrant son sac contre elle.
— Tu te sens en sécurité chez toi ?
— Pas toujours, répondit-elle doucement.
— As-tu quelqu’un à qui parler ?
— Lila… et parfois la prof de français.

Sarah, 14 ans
La plus âgée après Lila, plus distante, répliqua sèchement.
— Je gère.
— Mais est-ce que tu aimerais de l’aide ?
— Peut-être. Mais pas tout de suite.

Lila, 17 ans
Enfin, ce fut son tour.
Le policier posa sa main sur la table, regardant Lila avec bienveillance.
— Tu as porté beaucoup de responsabilités. Est-ce que tu te sens prête à recevoir de l’aide ?
Lila inspira profondément.
— Oui. Mais j’ai peur. Peur de perdre ma famille. Peur que tout s’effondre.

La mère
Sous le regard sévère du policier, elle bafouilla des excuses, la honte visible.
— Je… je n’ai pas été à la hauteur.

Le père
Plus calme, il assura vouloir changer.
— Je veux réparer mes erreurs.

À travers ces interviews, chaque voix révéla une part de la douleur, mais aussi une lueur d’espoir fragile.
Lila savait que ce n’était que le début d’un long chemin.