La Tour XVI
Je suis sur terre depuis 36 ans maintenant.
J'en ai passé environ 30, dans une sorte de flou, de dissociation, d'imaginaire, très introvertie.
Au début je fuyais dans ma tête m'inventer des histoires, puis dans les jeux vidéos, un moment d'alcool, puis la sainte weed. Ce n'était pas pour être dans un état second, c'était juste assez, pour relever la baisse de dopamine que je venais de vivre, ou tout simplement que je vivais au quotidien. Retrouver l'état d'osmose, ni plus, ni moins.
Depuis assez jeune, n'ayant pas vraiment confiance dans le système, j'ai joué le jeux.
Je devais y participé, avoir un emploi, un salaire, un logement, manger correctement...
Bref, la discipline, l'odre, menaient ma vie.
Cadeaux de mon enfance, j'ai trés vite était autonome au sein de ma cellule familliale. Je faisais mes lessives, appris à me faire à manger, étre propre, ranger ma chambre, pour avoir un espace le plus organisé possible. Là où je pouvais avoir du contrôle, je l'utilisais, ce fut le cas pour mon corps aussi, enfin tout du moins l'alimentation.
À vrai dire, mon envie d'exister était si basse que j'avais du mal à croire en quoique ce soit.
Mais j'ai cru en certaines choses :
En ce que disait mon père,
En l'amour,
En l'amitié.
Je croyais aussi tout ce que l'on disait de moi :
froide, distance, méchante, irrespectueuse, grosse, laide, stupide...
#FamilleToxique.
Je croyais aussi, par conséquent, à ma culpabilité, mon manque de considération par les autres etc...
Et surtout, je ne croyais pas en moi.
Je me minimisais donc énormement, restais en retrait, ne m'exprimais pas, ce qui renforçait cette image de moi.
Puis j'ai changé de ville et rencontré de nouvelles personnes.
Je sortais, je vivais, je me drogais un peu (parfois beaucoup) -- avec moderation tout de même, j'étais en contrôle, discipline oblige.
J'ai rencontré, grâce à elle, cette "vraie" moi :
souriante, enthousiaste, empathique, libre, hyper affectueuse.
On me disait, et dis toujours, que je suis un vrai rayon de soleil, que je suis belle, douce, et mince (j'ai même carrement de la marge à ce niveau là #TCA).
Je pris conscience que si je pouvais l'étre sous drogue, je pouvais l'être sans.
C'etait le cas. Je pouvais libérer mon authenticithée.
Cette nouvelle vision de moi, ces multiples regards positifs, me firent réaliser que je n'étais pas -- et n'avais d'ailleurs jamais été -- ce qu'on pensait de moi.
J'étais entrée dans un monde où on me voyait vraiment, et pas comme on voulait me voir.
Cela m'ouvrit à de nouvelles perspectives, plein de discussions, de savoir...
De mon point de vue, nous créons notre réalité, et l'émergence des réseaux sociaux m'ouvrait aussi à enormement d'informations. Alors je prenais tout ce qui correspondait à mes valeurs, et observée une quantité infini de réalitées : troublantes, révélatrices, magiques, outrageuses, reconfortantes ... Ma réalité pris plus de couleur, de saveur, de plaisir, de joie, même d'espoir, mais celles-ci aussi auront leurs lots de destructions.
J'ai aussi fait une première thérapie d'un an, qui ouvrit mon regard sur beaucoup de choses.
Je n'avais pas encore les mots pour exprimer, mais déjà, je pouvais ressentir le faux.
Pendant la période des soirées, j'ai beaucoup évolué aussi : apprendre, désapprendre, et ainsi de suite, c'est comme ça qu'on evolue.
Depuis six moi, je suis en psychanalyse.
J'ai découvert que j'ai passé ma vie entière à exister pour les autres, sans même m'en rendre compte. J'ai prononcé "Mais comment est ce que je peux exister, moi, si j'existes pour les autres ?" la scéance s'est arretée sur ces mots : une grosse réalité réalisée, liberée, detruite.
Mes émotions, je ne les entendaient pas me dire : "Voilà ce que tu ressens", mais plutôt : "Ou la la, qu'est-ce que j'ai fait ?".
Alors je cherchais l'erreur chez moi, dans mon attitude, et l'excuse chez l'autre.
Je n'étais pas en mesure d'accepter qu'on me fasse du mal, car comme me l'a appris mon psy après quelques scéances, je n'avais pas non plus le symbolisme de Lacan.
Alors mes yeux ont commencé à s'ouvrir.
La carte du Tarot de Marseille, La Tour, était devenue ma vie :
Chaos, changement brutal, révolution intellectuelle et emotionelle.
Mais liberté.
Tout, tout se détruisait, moi, car je n'étais pas moi, les gens, leurs intentions, leurs emotions... Toutes ces choses qui créaient ma réalité... tout s'effondrait. Mais ainsi je pouvais me reconstruire.
Ca fait énormement souffrir,
Détruire la vision que l'on a de son père, qui passe de figure sacrée à méprisable.
Détruire le souvenir d'une amitié ou d'une relation, parceque l'on peut à présent nommer, ressentir, épprouver, symbolyser ce qui a été fait.
Détruire la facon dont on se voit, détruire le jugement que l'on se porte, détruire des souvenirs doux en probables manipulations, tout remettre en question. Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui est faux ?
Accepter tout le mal qu'on s'est fait à soi-même.
Tout ce qu'on a accepté.
Tout ce qu'on à subit.
Serais-je capable de tout pouvoir symbolyser ?
Combien de réalités vais je devoir encore detruire ?
Je ne sais pas, énormement sans doute.
Ma vie n'étant faites que de dissociation, d'illusion, de réve et d'imaginaire.
Mais c'était bien ma réalité, nos réalités changent avec nous, avec nos rencontres, avec nos reflexions, avec nos lectures, avec l'écriture.
Notre réalité finalement, nous la créons chaques jours, chaque matin on peut decider si la journée sera belle ou non, si ce detour par les quais, parcequ'on s'est trompé de chemin est positif car celà nous fait marcher et profiter de la nature, ou de choisir "niennienien 40 min de perdue".
Alors des réalités, je vais devoir en détruire encore pas mal, et j'espère en detruire, toutes ma vie, car si nous restons coincés dans "une" réalité, alors nous sommes perdus.
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