Voir ensemble

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Gweb n’aura jamais posé une fesse sur les pierres en sièges. Sa position, c’est croupetons. Il a longuement orienté mon attention vers le cœur du foyer. Il utilise un brin d’arbre long tant une fine lame dans le feu. Il le taquine, le triture, le réarrange, repousse ses ramilles noires de chaleur, c’est presque gênant. Belice me cède sa place quand j’observe mieux. Il est en train de peindre.

  • C’est sa manière de rêver, ne le dérange pas, chuchote-t-elle.
  • Cela prend tournure. Je suis fascinée, on dirait le…

Elle me foudroie du bleu de ses yeux d’acier que la nature aura voulu juste de tempérer avec un sourire désarmant de gentillesse.

  • Je trouve ton refuge très accueillant, Samara, tout en me détournant.
  • J’ai fait provision de bois sec et dans ce coin, sourd une résurgence que j’ai déjà goûtée, tout en la devinant.
  • De plus, nous ne partons jamais sans ravitaillement.
  • De surcroît, le soleil est au couchant.

Gweb me saisit par le poignet, me tire et me fait asseoir à sa place, face au feu. Il était bien en train de peindre ou encore, il sculptait une arche de terre et de cendre. Elle passe du rouge à l’orange, et du jaune citron brûle au centre. Si je cherchais à cheminer… et puis non… je préfère laisser cela dans l’abstrait.

  • Gweb, vous avez donné à ce feu un aspect inattendu.
  • Tu peux le dire Samara. Tu vois, ce feu est un miroir.

À l’extérieur, quelques feuilles se sont engagées à s'élever et s’accordent pour danser. Une vague de vent emporte la ronde et sitôt, d’autres feuilles la remplacent. La vague revient pour se mêler à la nouvelle et le manège recommence. Tout ce qui compte pour végétal sec monte et redescend, part et revient, d’abord follement puis nerveusement et tenant, n’importe comment.

  • Flash ! Bang !

Je suis saisie, sourde et aveugle. Je me récupère et je laisse mon détonement intérieur se dissiper. Gweb peut tourner la tête et Belice s’interroge. L’atmosphère grésille sur la paroi d’arrière-nous.

  • Flash ! Bang !

Cette fois, nous sommes prévenus. Gweb est en position de défense, Belice se précipite à sa gauche et adopte la même position. Presqu’en même-temps, je les imite et me tiens en garde à la droite du guerrier. Au-dehors, c’est le chaos, la violence. Tout ce qui dansait tombe raide sous une trombe de pluie grasse et assourdissante.

  • Flash ! Bang, bang…

Le grand bleu d’éclair ne veut pas se dissiper. J’entends par la nuque l’air qui crépite à mon entour. Mon souffle prochain sera une apnée, pour survivre si cette lumière ne devait jamais finir. Quelques décharges statiques allument encore une fois l’au-dehors.

  • Bang !

Je n’ai jamais vu d’océan. J’ai imaginé des plages, des bateaux, des oiseaux et des soleils. L’imagination ne résiste pas face à ce qu’il m’est donné de voir céans. Cela ne tiendra pas, la vague devra se résoudre. Elle s’abat sans pitié sur la côte, la roche dure. De toutes ses forces, chevaux contre rochers, l’eau s’écrase et s’atomise pour remonter très haut, vers les cieux. La pierre a détonné jusqu’en mon for. Déjà brisée par mille assauts, elle renonce, elle craque et cède. Le tout retombe lentement.

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