Il est là.

Il l’a toujours été.

C’est lui qui m’accompagne depuis ma plus tendre enfance. Je l’appelais sans même lui donner de nom.

Silencieux dans la joie, bavard dans la tristesse. Je l’entends hurler. Chaque phrase qu’il prononce me fait sombrer un peu plus.

Et pourtant… j’aime ce qu’il me dit. J’aime sa compagnie. J’aimerais qu’il soit là tout le temps. J’aimerais partager la joie avec lui.

Mais il n’y a de joie que dans ce qui est douloureux. La colère, la tristesse, la rancune… Tous ces sentiments sombres, lorsqu’ils prennent vie, c’est là que je me sens heureux.

Oui, je suis heureux. Parce que c’est à ce moment-là que je peux enfin le voir.

Et aujourd’hui, je vais enfin pouvoir lui poser la question.

Quel est ton nom ?

Quel est ton nom, à toi, mon plus vieil ami ?

Quel est ton nom, à toi, la seule présence que je veux à mes côtés… celle que je ne veux jamais laisser partir ?

Mais… suis-je bête ? Je ne me suis même pas présenté.

Moi, je suis le Monstre.