• Alex…

Le garçon me regarde avec un sourire triste.

• Je vais bien, tu sais.

J’ai envie de l’attraper par les épaules et de lui hurler d’arrêter de faire semblant d’aller bien quand ce n’est pas le cas.

• Écoute-moi, dit-il avant que je n’aie le temps de lui crier tout ce qui me remplit la tête.

Je reste figée sur place, incapable de lui demander de me laisser parler. Il prend une grande respiration, et j’ai l’impression qu’il avale du verre brisé.

• Je comprends, d’accord ? Tout ce que tu m’as dit. Je le comprends. Et je veux le meilleur pour toi. Alors si tu veux partir, pars.
• Alex, je—
• Non, ne t’excuse pas, c’est normal de penser à se construire avant tout. Ne t’inquiète pas pour moi.
• Alex, écoute-moi, bordel !

L’explosion me surprend autant que lui. Je… ok, je viens de m’énerver et de crier sur le garçon qui fait des efforts pour me comprendre. Super.

• Désolée… C’est juste… laisse-moi parler.

Je prends une pause, le temps de rassembler mes idées. Je le vois me regarder avec inquiétude, scruter mon visage comme pour l’imprimer dans son esprit.

• J’ai réfléchi. Je ne veux pas te perdre.

Sa bouche s’ouvre en grand, ses yeux brillants.

• Tu es important pour moi. Vraiment. Mes parents t’adorent. Mes frères et sœurs aussi. Et plus important encore, tu as su trouver ta place dans mon cœur.

Je reprends ma respiration.

• Alors… excuse-moi de t’avoir blessé et de revenir seulement maintenant… Je sais que… être plus… être ensemble ne m’empêchera pas de continuer à grandir… et que tu seras là tout au long du chemin…

Plus doucement, presque dans un murmure :

• Reste avec moi, s’il te plaît.

Je me tais, la boule au ventre. Je ne lui en voudrais pas s’il me disait que… c’est trop tard… qu’il a besoin de temps pour réfléchir… je ne sais pas quoi…

• Ne pense pas trop…

Sa main se pose doucement sur ma joue.

• Respire et profite juste de l’instant, d’accord ?

Je hoche la tête, les yeux plongés dans les siens.

• Je ne vais pas t’abandonner maintenant, ni te repousser alors que tu as surmonté ta peur pour venir me parler. Je te voudrai toujours, confiante ou non, courageuse ou apeurée. Toujours, d’accord ?

Je me mords la lèvre pour ne pas pleurer et je me jette dans ses bras. Il me serre fort tandis que je sanglote contre son épaule.