L’Héritage des Sables
Chapitre 1 – Les sables qui murmurent
Le vent chaud soulevait de longues nappes de sable qui dansaient autour des silhouettes solitaires.
Yanis avançait en tête, le regard fixé sur une ligne presque invisible à l’horizon. Derrière lui, Maya ajustait le foulard qui lui couvrait le visage, essayant de se protéger des rafales brûlantes.
— Tu es sûr de la direction ? cria-t-elle par-dessus le grondement du vent.
— Aussi sûr qu’on peut l’être dans un endroit qui refuse de se laisser cartographier, répondit Yanis.
Sous leurs pas, le sol changeait. Le sable devenait plus compact, presque lisse, comme s’il avait été modelé par des mains anciennes. Maya se pencha, balaya un peu la surface et découvrit un fragment de pierre sculptée. Les motifs gravés semblaient danser dans la lumière tremblante du désert.
Un frisson lui parcourut l’échine.
— On est déjà sur le site… murmura-t-elle.
Yanis leva les yeux. Devant eux, à travers la poussière dorée, se dessinait une masse sombre… trop régulière pour être une dune.
Et au loin, porté par le vent, un son étrange… un murmure qui semblait appeler leurs noms.
La forme sombre se révéla être un mur gigantesque, à moitié englouti par les sables. Des blocs de pierre, polis par des siècles de vent, portaient des inscriptions que ni Yanis ni Maya ne reconnurent immédiatement.
Ils échangèrent un regard : ce n’était sur aucune carte, dans aucun registre archéologique.
— C’est… comme si cette cité avait choisi de disparaître, dit Maya à voix basse.
— Ou qu’on l’ait forcée à disparaître, corrigea Yanis.
En contournant le mur, ils tombèrent sur une arche monumentale. Les gravures représentaient des silhouettes aux yeux allongés, tenant des objets qui semblaient… briller.
Sous l’ombre de l’arche, la chaleur du désert se dissipait, remplacée par un air sec mais étrangement frais.
C’est alors que Yanis s’arrêta net.
Une empreinte… humaine… était marquée dans la poussière, bien nette, comme si quelqu’un
venait de passer.
Le problème, c’est que la trace menait de l’intérieur vers l’extérieur, et s’interrompait juste devant eux.
Maya sentit sa gorge se serrer.
— Yanis… on n’est pas seuls.
Un souffle glacé, venu du noir de l’arche, effleura leurs visages. Et, de nouveau, ce murmure… plus fort cette fois.
Chapitre 2 – La cité qui respire
Sous l’arche, l’obscurité avalait la lumière du jour. Chaque pas résonnait étrangement, comme si le sol amplifiait le moindre bruit. Yanis alluma sa lampe torche ; le faisceau révéla un couloir taillé à même la roche, décoré de fresques aux couleurs étonnamment vives malgré les siècles.
Sur les murs, des scènes racontaient l’histoire d’un peuple qui semblait vivre en harmonie avec… quelque chose. Des formes lumineuses, ni tout à fait humaines ni animales, flottaient autour des habitants, comme des gardiens.
— Ce n’est pas possible… murmura Maya, fascinée. Ces pigments… ils n’existent plus depuis des millénaires.
Yanis ne répondit pas. Il observait le sol : pas une seule trace de sable, comme si cet endroit était… entretenu.
Un souffle discret parcourut le couloir. Ce n’était pas du vent : c’était… régulier.
— Maya… tu entends ?
Elle s’arrêta, tendit l’oreille.
C’était un son grave, presque imperceptible… comme une respiration.
Au bout du couloir, la roche s’ouvrait sur une vaste salle circulaire. En son centre, un bassin d’eau parfaitement clair reflétait le plafond sculpté de constellations. Et dans l’eau… une lueur, palpitante, comme un cœur qui bat.
Maya recula d’un pas.
— Je crois… que la cité est vivante.
Chapitre 3 – Le gardien invisible
Le bassin luisait faiblement, comme s’il appelait les intrus à s’approcher. Yanis fit un pas, mais un grondement sourd retentit, résonnant dans toute la salle. L’eau se mit à vibrer, et un souffle puissant leur frôla le visage, comme si quelque chose d’immense s’éveillait sous leurs pieds.
Maya recula, mais ses yeux restaient fixés sur le bassin. Dans l’eau, une silhouette imprécise apparut : deux yeux clairs, brillants comme des étoiles, semblaient les observer.
— Ce n’est pas… humain, murmura-t-elle.
Sans prévenir, une voix résonna dans leur esprit. Elle n’utilisait pas de mots, mais des images : dunes mouvantes, soleil couchant, et une porte scellée par des chaînes de lumière.
— Tu as vu ça ? souffla Maya.
— Oui… et je crois que ça voulait nous montrer… un chemin.
Soudain, un bruit métallique retentit dans le couloir derrière eux. Yanis éteignit sa lampe. Le silence revint… puis un pas. Puis un autre. Quelqu’un — ou quelque chose — s’approchait.
Chapitre 4 – Les pas dans l’ombre
La silhouette apparut dans l’encadrement du couloir. Un homme, grand, vêtu d’un long manteau de voyage couvert de poussière. Son visage était partiellement masqué par un keffieh, mais ses yeux, d’un vert presque irréel, brillaient dans la pénombre.
— Vous ne devriez pas être ici, dit-il d’une voix grave.
Yanis resta sur ses gardes.
— Et vous, qui êtes-vous ?
— Celui qui garde la porte fermée, répondit-il simplement.
Il s’approcha du bassin, inclina la tête comme pour écouter. Puis, se tournant vers eux, il ajouta :
— Si vous l’ouvrez, vous ne pourrez plus refermer ce qui viendra.
Maya sentit un frisson lui parcourir la colonne vertébrale.
— Ouvrir quoi ?
L’homme ne répondit pas. Il glissa quelque chose dans la main de Yanis : un fragment de pierre gravé du même symbole que sur les murs.
— Trouvez le reste… avant eux.
Un claquement sec retentit. Quand Yanis leva les yeux, l’homme avait disparu. Mais dans le bassin, la lueur s’intensifiait… comme si elle avait senti que le jeu venait de commencer.
Chapitre 5 – Les galeries oubliées
Le fragment de pierre dans la main de Yanis semblait vibrer doucement, comme s’il réagissait à leur présence.
Guidés par les fresques et les symboles sur les murs, Yanis et Maya découvrirent une porte dissimulée derrière un voile de sable. En la poussant, un courant d’air frais les accueillit — un contraste saisissant avec la chaleur étouffante du désert.
La galerie descendait en spirale, les murs couverts de signes étranges et de pictogrammes luminescents. À mesure qu’ils progressaient, l’obscurité devenait presque palpable, et un sentiment d’oppression monta.
— On dirait que cette cité cache plus qu’un simple secret, souffla Maya, le souffle court.
Soudain, un bruit métallique retentit derrière eux. Yanis se retourna, lampe braquée, mais il n’y avait rien que l’écho de leurs pas. Pourtant, le fragment vibrait plus fort dans sa main.
Ils continuèrent, jusqu’à une vaste salle où reposait un étrange mécanisme. Des engrenages rouillés s’entremêlaient avec des cristaux lumineux, pulsant doucement.
— C’est une machine… mais à quoi pouvait-elle servir ?
Avant qu’ils ne puissent réfléchir, un grondement sourd secoua la galerie, suivi d’un craquement inquiétant.
— Il faut bouger ! cria Yanis.
Chapitre 6 – L’ombre qui suit
Ils n’avaient pas fait cent pas qu’une silhouette surgit de l’obscurité. Rapide, presque insaisissable, elle glissa entre les piliers et s’arrêta à quelques mètres d’eux.
— Qui êtes-vous ? lança Maya, le cœur battant.
Aucune réponse. Juste un souffle froid qui fit frissonner leurs peaux.
Le fragment de pierre s’éleva de la main de Yanis, flottant dans l’air comme attiré par la silhouette. Une lumière intense jaillit, révélant un masque ancien, aux yeux vides et inquiétants.
— C’est un gardien, murmura Yanis.
L’ombre recula, disparaissant aussi vite qu’elle était apparue.
Sans attendre, Maya attrapa la main de Yanis.
— On doit sortir d’ici, avant qu’il ne revienne.
Mais à l’entrée de la galerie, une nouvelle surprise les attendait : la porte s’était refermée, scellée par une force invisible.
Chapitre 7 – Piégés sous la dune
Le mur de pierre, qui jusque-là n’était qu’une entrée discrète, se referma derrière Yanis et Maya dans un grondement sourd. Le souffle du désert se mua en un silence pesant, oppressant.
— La porte… est fermée, dit Maya, sa voix tremblante.
Yanis chercha une issue dans l’obscurité, sa lampe balayant les murs. Le fragment dans sa poche vibrait maintenant fortement, comme une clé attendant d’être tournée.
— Il doit y avoir un mécanisme caché, murmura-t-il.
Tout autour, les symboles sur les murs s’illuminèrent faiblement, comme pour leur indiquer un chemin.
Avec précaution, ils suivirent la lumière, découvrant un escalier étroit qui descendait encore plus profondément dans les entrailles de la cité.
Chapitre 8 – La chambre des Échos
Au bout de l’escalier, ils arrivèrent dans une salle circulaire où le silence semblait amplifier chaque souffle, chaque pas.
Au centre, un autel sculpté portait une pierre noire, lisse et froide au toucher.
Soudain, un écho résonna, non pas dans la pièce, mais dans leurs esprits — une voix douce, presque chantante, qui leur parlait dans une langue oubliée.
Maya regarda Yanis, terrifiée mais fascinée.
— Cette voix… elle vient de la pierre. Elle nous parle.
Alors que l’écho se faisait plus fort, les murs se mirent à vibrer doucement, comme si la cité tout entière s’éveillait à nouveau.
Annotations
Versions