Je n'aurais pas dû faire ce voyage. Déjà, quand ma femme me l'a proposé, j'avais pas trop envie. Franchement, qui rêve de passer ses vacances à Majorque. Une île pleine de touristes qui se saoulent du matin au soir dans leur hôtel cinq étoiles et du soir au matin dans les discothèques avoisinantes. Une île, où l'on ne peut rien faire d'autre que de rester à la plage, à se faire dorer au soleil, ce dont j'ai horreur. Quitte à se reposer et ne rien faire, je préfère rester chez moi. Mais bon, ma femme a tellement d'amies qui y retournent chaque année qu'il était hors de question de ne pas y aller. De quoi aurait-elle l'air ? Déjà, elle avait l' impression de lire dans leurs regards de la pitié, comme si elle ne pouvait pas se payer le voyage vers la plus belle île du monde.
Finalement, je me suis laissé convaincre. Elle a tout organisé. Elle a acheté les billets d'avion, réservé une chambre dans un de ces grands hôtels sur la côte est, ainsi qu'une voiture de location.
Je n'aurais jamais dû accepter. Nous n'avons eu que des tuiles durant ce voyage. Déjà, notre vol a été annulé en dernière minute. Celui qui nous fut proposé en remplacement transitait par Paris, où nous avons dû passer la nuit. En raison d'un congrès international de dentisterie, impossible de trouver un hôtel, ce qui nous força à passer la nuit à l'aéroport. Dans le genre confortable, on fait mieux. Lorsque nous sommes enfin arrivés à destination, nous avons dû constater que nos bagages, eux, étaient restés en France. Ils ne sont arrivés que deux jours plus tard.
J'ai quand même été contraint de constater que l'hôtel n'était pas si mal. Spacieux, propre et confortable. Après cette nuit à l'aéroport, cette chambre climatisée avec vue sur la mer était la bienvenue.
Le restaurant offrait certes de la cuisine internationale pour les touristes attachés à leurs habitudes alimentaires, mais également des spécialités locales.
Grâce à notre voiture de location, nous avons pu quadriller l'île, d'est en ouest et du nord au sud. J'étais parti pour deux semaines d'ennui, j'ai decouvert une île sauvage aux habitants sympathiques et aux paysages merveilleux. Des villes à l'architecture impressionnante et des musées qui témoignent de la présence de la culture catalane.
Je n'aurais pas dû faire ce voyage. Avant, j'avais un regard simple sur le monde, fondé sur les stéréotypes et les préjugés. Maintenant, je suis plus ouvert, mais cela ne m'a pas simplifié la vie. C'est comme une drogue, j'en veux toujours plus. Je veux visiter les moindres recoins de la planète, peu importe qu'ils soient touristiques ou non, je sais que chaque arbre, chaque pierre et chaque personne que je trouverai sur mon chemin m'apportera quelque chose.