Qu'est t'il devenu ? Je me le demande encore ?

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Chaque matin, il se lève à 7h03 précises. Une vertu imposée depuis des années, sans jamais faiblir. Cette régularité lui donne une sensation de contrôle sur sa vie qui, pourtant, semble lui échapper.

Il se dirige vers son miroir dont le cadre doré est légèrement écaillé, mais qu’il se refuse a changé. C’est son confident, son juge, son témoin quotidien. Il y cherche les traces du temps, les indices d’une transformation, comme si le reflet pouvait lui révéler quelque chose que son esprit ignore.

Ce matin-là, il remarque un détail inhabituel. Son reflet ne bouge pas immédiatement lorsque ses yeux s’ouvrent. Pendant une fraction de seconde, il voit un éclat étrange dans le regard de l’autre. Comme une flemme, un abandon qu’il ne reconnaît pas chez cet Individu. Puis tout redevint normal. Il hausse les épaules, attribuant cela à la fatigue ou à une illusion passagère.

Les jours suivants, le phénomène persiste. Chaque fois qu’il se regarde dans le miroir, il a l’impression que son reflet prend quelques secondes de retard avant de reproduire ses gestes. Un décalage presque imperceptible, mais suffisant pour semer le doute en lui. Il essaye de chasser ces pensées, convaincu qu’il fait face à un problème psychologique mineur. Après tout, tout le monde connaît des périodes où l’esprit joue des tours, n’est-ce pas ?

Un matin, alors qu’il ajuste sa cravate, il murmure à voix basse :

« Arrête ça, je sais que tu es là. »

Le silence lui répond, mais dans le miroir, ses lèvres restent closes. C'est comme un coup de poing dans l’estomac. Il recule d’un pas, les mains tremblantes. Le visage qui le fixe ne sourit plus. Ses traits sont figés, et ses yeux… ses yeux semblent le juger avec une froideur implacable.

« Qui… qui es-tu ? », balbutie-t-il.

Son reflet ne répond pas. Mais il lève lentement une main, pointant son index vers lui.

Comme pour l’accuser, ou peut-être pour le prévenir.

L’homme sent une sueur froide dans son dos. Il se retourne vivement, vérifie derrière lui, mais il n’y a personne. Rien que la chambre vide et la lumière grise du matin filtrant à travers les rideaux.

Quand il se retourna à nouveau, le miroir est noir. Plus aucune image ne s’y reflete. Juste un trou sombre, béant, qui semble absorber toute la lumière autour de lui.

Pendant plusieurs minutes, il reste immobile, incapable de comprendre ce qui vient de se passer. Est-ce une hallucination ? Un rêve éveillé ? Ou bien… quelque chose d’autre ?

Ce soir-là, il décide de ne plus utiliser le miroir. Il le recouvre d’un drap blanc et s’efforce de respecter ses habitudes malgré tout : petit-déjeuner à 7h15, douche rapide, vêtements impeccables. La routine est son refuge, son ancre dans la réalité.

Mais la nuit venue, alors qu’il se couche, il entend un bruit léger provenant du salon. Un grattement discret, suivi d’un souffle rauque. Il tend l’oreille, le cœur battant. Et puis, juste avant de sombrer dans le sommeil, il perçoit une voix lointaine, aussi douce qu’un murmure :

« Tu as un problème… » Le lendemain matin, il ne se lève pas à 7h03. Ni à 8h03. Ni même à midi.

Quand les voisins forcent sa porte trois jours plus tard, ils trouvent l’appartement vide à l’exception du miroir, toujours recouvert de son drap blanc, qui, semble attendre patiemment.

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