Chapitre 7

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Au beau milieu de la nuit, Clément m’a secouée :

« Princesse ! Louise, réveille-toi ! Allez ma belle. Habille-toi. » Lui finissait de bourrer ses affaires dans son sac à dos. Une pluie torrentielle s’abattait sur notre tente secouée par des rafales de vent, il faisait froid, et le tonnerre grondait.

« Vite ! » me pressait-il. « La tente commence à fuir, il faut qu’on aille se mettre à l’abri. La grange à paille, ce sera très bien. Mets tes chaussures, prends tes affaires et cours. Je te suis. »

J’ai obéi, à moitié réveillée seulement. Sans discuter, j’ai couru avec mon sac sur le dos, pliée en deux, mon duvet roulé en boule dans mes bras. Une fois à l’abri du hangar, j’ai attendu Clément, mais la pluie battante faisait un rideau et je ne voyais rien à cinq mètres à l’extérieur. Enfin, il est arrivé, trempé.

« Ça va, Clément ?

_ Ouais, t’inquiète pas. »

A la lumière de nos lampes, je l’ai vu frissonner. On a cherché un endroit où s’installer, et on a posé nos sacs dans un coin pour en sortir des vêtements secs et se changer. Pas de gêne, on ne se regardait même pas, on voulait juste être au sec. Ensuite, on s’est emmitouflés dans nos duvets, assis sur une botte de paille, adossés contre une autre. J’ai regardé mon portable : il était presque 3 heures du matin.

Je regardais la pluie tomber, j’écoutais le tonnerre et les éclairs.

« Je crois que la tente est morte. » a dit Clément à mi-voix.

« Oh non ! Mais comment on va faire, sans tente ? »

Il a sorti un bras de son sac de couchage, et en a entouré mes épaules, m’attirant contre lui.

« Ça va aller, ma belle, on est à l’abri pour cette nuit, c’est le plus important. Je n’aurais pas aimé être en camping sauvage, avec une tuile pareille…

_ Comment on aurait fait ?

_ Il aurait fallu s’habiller et attendre en priant pour que la tente tienne le choc.

_ Et sinon ?

_ Sinon, démonter la tente sous la pluie, et marcher jusqu’à trouver un abri sûr. Je suis content que tu aies insisté pour rester.

_ Oh la vache… oh la vache… » Je tremblais, rien que de penser à la galère que ce serait… L’étreinte de Clément s’est resserrée autour de mes épaules, et j’ai senti ses lèvres se poser sur ma tempe.

« C’est bon, ma belle, tout va bien. »

Je hochai la tête et me nichai un peu plus contre lui, il me laissa faire. J’avais besoin d’une présence rassurante, d’un contact. Emmitouflée dans mon duvet, tout contre Clément, j’ai tenté de dormir comme il me le conseillait, mais il y avait toujours un roulement de tonnerre, au loin, pour me réveiller. Finalement, j’ai abandonné l’idée de dormir, et je me suis assise.

« Tu ne dors pas ? » a marmonné Clément en se redressant à son tour. « Ça va aller, tu sais, on ne risque rien ici. Tu as peur ?

_ Non, non. J’arrive pas à dormir, c’est tout. » Il y avait longtemps que je n’avais plus peur des orages, Nicolas m’avait appris à les aimer, lui qui adorait regarder claquer les éclairs dans le ciel obscur.

« Tu t’inquiètes pour la tente, alors ? Pour notre retour ? » J’ai souri dans le noir, Clément s’inquiétait pour moi, lui d’habitude si flegmatique. Je sentais son épaule, juste contre la mienne, et j’ai tourné la tête pour l’embrasser sur la joue en lui promettant que ça allait.

« Ma nuit est coupée, c’est tout, je ne crois pas que j’arriverai à me rendormir maintenant. »

Au moment où mes lèvres se sont posées sur sa joue couverte d’une barbe de quelques jours, j’ai senti mon corps réagir. Nul doute que lui aussi, parce qu’il a tourné la tête, posant sur ma joue une main qu’il a laissée glisser de mon oreille à ma mâchoire ; il avait juste deux doigts sous mon menton quand nos lèvres se sont rencontrées. Je n’ai pas fui comme la semaine précédente, j’ai répondu à son baiser cette fois. Il était délicat, il me donnait seulement le bout de ses lèvres, la pointe de sa langue, il déclenchait dans mon ventre une réaction très forte, et en même temps j’avais envie de plus, de tellement plus ! Jamais on ne m’avait embrassée comme ça. Fébrile, je me suis accrochée à lui, à ses vêtements, pour le retenir, mais Clément a chuchoté : « Chhht, doucement ma belle, doucement…

_ Encore ! » ai-je supplié. Il a ri, avant de m’embrasser à nouveau. De la même façon, frustrante et tellement sensuelle, il caressait mes lèvres du bout de la langue. J’étais pratiquement essoufflée lorsqu’il a reculé légèrement.

« Embrasse-moi toujours comme ça ! C’est tellement bon…

_ Tu ne vas pas essayer de me faire croire que c’est la première fois qu’on t’embrasse avec la langue ? » s’est-il moqué.

« Idiot. J’aime ta façon de faire. Ne change pas.

_ J’en ai pas l’intention. » dit-il tranquillement avant de m’embrasser dans les cheveux, attirant ma tête contre lui. « Tu es sûre de toi, alors ? On sort ensemble ?
_ Je te préviens tout de suite, je ne veux pas d’enfants.

_ Moi non plus. » m’a-t-il répondu calmement.

« Je ne veux pas me marier, non plus.

_ D’accord.

_ Et je ne suis pas certaine d’être capable de vivre avec quelqu’un. »

Je l’ai entendu prendre une inspiration, avant de dire :

« Le mariage, les gosses, OK. Mais pour la vie de couple, je veux que tu me laisses une chance de te faire changer d’avis. »

C’était de bonne guerre, j’ai accepté. Après tout, je m’engageais seulement à ne pas l’envoyer bouler la première fois qu’il aborderait la question, n’est-ce pas ?

On s’est embrassés à nouveau, et cette fois c’est lui qui haletait en s’écartant. Il nicha son nez dans mon cou et inspira profondément, me respirant.

« Bon sang, j’ai envie de toi… Heureusement que n’importe qui peut nous voir sous cette grange, s’ils s’inquiètent pour nous, sinon je ne crois pas que je pourrais tenir ma promesse… »

Je me sentais à peu près pareil, et on a sagement décidé de se recoucher pour tenter de dormir un peu. Clément s’est mis derrière moi et m’a entourée de son bras gauche, le droit passé sous ma tête pour me servir d’oreiller. J’étais bien. L’orage s’était éloigné, et bercée par le bruit de la pluie j’ai fini par m’assoupir.

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