Chapitre 9

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Début septembre 2016

J’étais amoureuse comme une ado. Je pensais à Clément à longueur de temps, et sa volonté de ne pas ‘précipiter les choses’ n’arrangeait rien. On a fait quantité de balades main dans la main, on a passé des heures à s’embrasser aux feux rouges en attendant de pouvoir traverser la rue, on a encore parlé… Mais sans aller plus loin que des baisers – toujours aussi sensuels – et quelques caresses furtives.

Oui, j’avais l’impression d’être une adolescente. Et c’était plutôt nouveau pour moi. Avec Gauthier, j’étais une petite sauvageonne, toujours sur la défensive, et je n’avais pas été en mesure de profiter vraiment des débuts de notre relation. Et Paul… je lui avais littéralement sauté dessus, il fallait bien le reconnaitre. Il ne s’était pas vraiment défendu, pour être très honnête, mais le résultat était le même : on avait quand même grillé les premières étapes. Alors cette fois, je tâchais de profiter.

Cela dit, au bout de quinze jours de baisers et de chastes câlins, je commençais presque à m’impatienter…

Clément avait fait sa rentrée depuis une semaine, et ce soir-là on avait convenu de passer un moment ensemble. On avait à l’origine prévu une balade à Montjuzet, mais la météo a bouleversé notre programme, et on s’est repliés chez lui pour échapper à la pluie. Il louait un studio – guère plus de 20m² - en centre-ville, et même si ça peut paraitre étonnant c’était la première fois que j’y mettais les pieds : on passait surtout du temps dehors, en fait. En franchissant le seuil, j’ai compris pourquoi il ne m’avait jamais invitée : il régnait chez lui un souk pas possible. Le canapé-lit n’était pas replié, la couette roulée en boule trainait à moitié par terre, la vaisselle n’était pas lavée…

« Euh… ouais. Si j’avais su qu’on viendrait ici, j’aurais un peu rangé… » a grimacé Clément. Tandis que je posais mon sac à dos contre le mur, il a rapidement ramassé les vêtements qui trainaient, puis replié le clic-clac et jeté la couette dessus.

« J’ai un peu honte… C’est tellement clean chez toi… »

J’ai ri en l’attirant sur le canapé : « Ça t’apprendra à laisser trainer tes chaussettes ! »

Il était mignon, avec son air penaud de petit garçon pris en faute, et ça m’a fait rire encore. Pour le distraire, je me suis installée sur ses genoux, face à lui. Ses mains se sont posées légèrement sur mes hanches, à travers la robe estivale que je portais ce jour-là. Rien que ce petit contact a suffi à me mettre dans tous mes états, et il n’avait pas l’air de s’en rendre compte.

Clément affichait toujours un contrôle de lui-même étonnant. La seule fois où je l’avais vu proche de perdre les pédales, c’était cette nuit-là, dans la grange, alors qu’il m’avouait être à deux doigts de renoncer à sa promesse ‘pas de sexe pendant la randonnée’. Depuis, il semblait se maitriser à la perfection. J’aurais pu en prendre ombrage, m’interroger sur ses sentiments pour moi, douter de mon pouvoir de séduction, mais non. Je savais que je lui plaisais, même si je n’arrivais pas à saisir pourquoi il ne me le montrait pas plus. Jusqu’ici je l’avais laissé guider les choses à son rythme, mais là j’avais envie de passer à la vitesse supérieure…

Toujours à califourchon sur ses cuisses, j’ai poussé un peu sur son torse pour qu’il s’adosse au canapé, et il a appuyé sa tête sur le dossier, sans me quitter des yeux. Je ne le lâchais pas du regard moi non plus, et j’en ai profité pour glisser les mains sous son T-shirt, toucher ses abdos bien dessinés, remontant le vêtement à mesure de ma progression, jusqu’à avoir les mains posées sur ses pectoraux. Un imperceptible sursaut dans sa respiration m’a dit que j’étais sur la bonne voie, et je me suis rapprochée pour l’embrasser. Même comme ça il était encore presque plus grand que moi – disons qu’on était à la même hauteur. Clément n’avait pas lâché ma taille, et tandis qu’on s’embrassait doucement, de cette manière si sensuelle qui était la sienne et qui me plaisait tant, ses doigts chauds à travers ma robe faisaient naitre des frissons sur ma peau.

Quand sa respiration s’est accélérée, j’ai joué le tout pour le tout, saisi sa main posée sur ma hanche droite, et l’ai amenée sur ma cuisse, presque au genou, à la limite de ma robe un peu remontée. J’ai senti son autre main se crisper imperceptiblement, son souffle se faire soupir.

« Tu n’as pas envie ? » demandai-je. Question purement rhétorique, je me doutais bien que si, mais je voulais comprendre pourquoi il faisait un pas en avant, deux pas en arrière. Pour toute réponse, il me rapprocha de lui, ses mains toujours sur ma cuisse et ma hanche, et me fit sentir, à travers son jean et ma robe à moitié remontée, la manifestation physique qui me prouvait que j’avais vu juste. Il bandait. Je me collai à lui, caressai un peu plus son torse en lui mordillant le cou, juste sous l’oreille, bref je l’aguichai tant que je pus, et il finit par me retourner carrément, me clouant au canapé, sous lui.

« Putain ouais, j’ai envie de toi ! Tu me rends dingue, tu sais ça ? »

J’ai souri, consciente de mon pouvoir sur lui. Un peu fière, aussi. Et j’ai continué à le caresser, sauf qu’il a arrêté ma main.

« Pourquoi tu ne veux pas ?

_ Pas aujourd’hui, ma belle.

_ Pourquoi ? Et quand, alors ?

_ Dans quelques jours, promis. »

Je me suis contentée de cette promesse, rassurée par la fièvre qui animait ses yeux, et il s’est relevé pour me permettre de m’asseoir. On a sagement parlé de notre journée, de ce qu’on avait fait les jours précédents, et il m’a proposé de rester avec lui pour la nuit, sous prétexte que j’allais être mouillée si je rentrais chez moi à pied.

J’ai lavé la vaisselle pendant qu’il préparait le repas – un plat surgelé.

Ensuite, après avoir discuté un long moment, Clément a déplié le canapé, et changé les draps. C’était amusant de le voir tenter de se rattraper. Je n’étais pas choquée par son bazar, je n’étais pas non plus une maniaque du ménage, disons que j’avais pris l’habitude de ne rien laisser trainer à la portée d’Attila – et vue sa taille, ça éliminait d’office pas mal d’endroits… L’habitude était restée.

Clément m’a proposé un de ses T-shirts pour dormir, et je lui ai piqué celui qu’il venait d’enlever, m’enveloppant dans son odeur. Lui a gardé son boxer, et on a éteint la lumière avant de se glisser sous la couette. C’était notre première nuit dans le même lit, ensemble sous les couvertures, mais il n’y avait pas de gêne. Tout semblait tellement naturel, avec lui…

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