Chapitre 19

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Le lendemain matin, après un solide petit-déjeuner, on a préparé un sac à dos avec notre repas du midi, une bouteille d’eau et la thermos remplie de thé par notre hôtesse. Puis on s’est retrouvés dehors, près du chenil, à écouter notre guide du jour, Damien. Il nous a exposé rapidement l’histoire du mushing, l’art de conduire un traineau à chiens, depuis les Indiens du nord de l’Amérique jusqu’à nos jours, avant de nous expliquer tout ce qu’on devait savoir : les ordres vocaux pour se faire obéir de son attelage, la façon de se tenir sur le traineau, quand en descendre pour aider les chiens, et pousser dans une montée par exemple…

Puis il a attribué à chacun son attelage. Clément a eu quatre huskies, moi trois. Sous l’œil vigilant de Damien, nous avons passé aux chiens leurs harnais, avant de les atteler à la ligne de trait elle-même reliée au traineau. Comme je n’avais que trois chiens, rapport à mon poids-plume, il y en avait deux l’un à côté de l’autre juste devant le traineau, et un devant, Toundra, la chienne de tête. C’était une belle chienne au poil blanc et gris pâle, à fort caractère mais tout de même très à l’écoute. Les deux autres se nommaient Black – dos et front noir, avec une ligne de poils blancs entre les yeux – et Danube, surnommé Dany. Pendant que Damien supervisait les préparatifs des autres, j’ai fait connaissance avec mes chiens, les appelant par leur nom pour les habituer à moi et à ma voix.

Les chiens étaient surexcités, ça sautait de partout, ils avaient tous hâte de partir. Heureusement, les traineaux étaient dotés d’un frein et même d’une ancre, qui permettait de les clouer au sol en attendant le départ. Quand tout le monde fut prêt, on s’est mis en route dans l’ordre défini par Damien : lui d’abord, puis Clément qui avait un chien de tête un peu capricieux, un type horripilant qui avait tout vu tout fait et savait tout sur tout et dont la femme avait préféré prendre place dans le traineau de Damien plutôt que d’en conduire un, un autre gars qui avait l’air plus sympa, ensuite moi, et enfin une dame d’une cinquantaine d’années à l’allure sportive. Je les ai tous regardés en même temps que notre guide nous indiquait l’ordre de départ, puis je me suis concentrée sur mon attelage.

Suivant les ordres, j’ai retiré l’ancre à neige et desserré le frein, encouragé mes chiens tout en poussant le traineau pour le lancer. Agrippée à la barre, j’ai couru quelques foulées entre les patins avant d’y poser mes pieds, et je me suis sentie filer sur la neige. C’était vraiment grisant, comme sensation. Différent du ski, à cause de la stabilité procurée par le traineau, et bien sûr aussi à cause des chiens qu’il fallait guider, encourager ou gronder.

La journée a été très agréable, surtout quand le frimeur, après avoir failli provoquer un accident et s’être fait engueuler par Damien, s’est enfin tenu à carreaux, ça nous faisait des vacances… Le soleil nous réchauffait, c’était une belle journée d’hiver avec un ciel sans nuage et un froid sec et piquant comme je les aime, comme les animaux adorent.

En rentrant au gite à la fin de notre course en traineau, nous avons rangé le matériel bien sûr, puis Clément et moi sommes restés aider Damien à s’occuper des chiens. On a vérifié que la neige gelée n’avait pas abimé leurs coussinets, avant de les emmener dans leur chenil. Puis on a distribué les croquettes, tout en parlant. Damien était vraiment passionné par le mushing, il faisait des compétitions en plus de promener des touristes, et il avait développé avec ses chiens une belle complicité, il en parlait comme de ses amis, des partenaires plus que des animaux de travail ou de compagnie.

Il nous a remerciés du coup de main, et nous avons regagné notre chambre pour nous doucher. J’avais un peu froid, on s’était refroidis depuis notre arrivée on était plus statiques, et le soleil était couché.

« Ah, ça réchauffe ! » dis-je en sortant de la douche, laissant Clément finir de se laver. « Mais je suis vannée, c’est un bain qui me ferait vraiment du bien…

_ T’es vraiment pas curieuse, toi, hein ? » sourit-il en rallumant l’eau pour se rincer.

« Pourquoi tu dis ça ? » demandai-je en le regardant à travers la vitre de la cabine.

« Tu ne t’es même pas demandé où mène cette porte, là ?

_ Euh… un placard, non ? »

Il ne répondit pas, le visage levé vers l’eau. Je finis de me sécher puis m’enroulai dans mon drap de bain moelleux, et ouvris la fameuse porte. Elle ne donnait pas sur un placard, mais sur une autre pièce, plongée dans le noir. Je tâtonnai un peu avant de trouver l’interrupteur, et découvris une seconde pièce d’eau, entièrement carrelée de petits cubes de verre gris foncé et dotée d’un éclairage tamisé. Au centre trônait, creusé dans une estrade à laquelle on accédait par quatre marches sur le côté, un jacuzzi. Je restai bouche bée, à regarder cette… baignoire ? piscine ? Et Clément, sorti de la douche sans que je l’entende, m’enlaça en se collant à mon dos.

« Ça va faire un peu court si on veut être à l’heure pour diner, mais après le repas, si tu veux… »

J’ai enfilé mon jean, un T-shirt à manches longues et mon sweat à capuche, et on est allés retrouver tout le monde dans la salle à manger. On a mangé une tartiflette en discutant, la compagnie était agréable maintenant que quelqu’un avait mouché le parisien. Cependant, on n’a pas demandé notre reste, et dès qu’on a pu prendre congé on est allés s’enfermer dans notre chambre.

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