Chapitre 28

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Quatre jours après l’accident, comme promis, Gauthier est revenu voir Clément qui a demandé :

« C’est bon, je vais pouvoir l’enlever, maintenant, cette foutue minerve ? »

Gauthier m’a jeté un coup d’œil : « Il l’a vraiment portée tout le temps ?

_ Ouep.

_ Ah ah ! » Il a éclaté de rire. « Sérieux ?

_ Jour et nuit, je te dis. Pourquoi tu rigoles ?

_ Je croyais pas qu’il allait le faire, je te connais mon pote ! Vous avez fait ceinture, aussi ?

_ Là, faut pas exagérer, quand même. » a répondu Clément, un regard meurtrier dans sa direction. Gauthier se marrait toujours.

« Alors attends, Clément tu as écouté Louise, et toi Louloute tu as supporté ses manières de vieux grincheux malade ? Félicitations les gars ! Vous êtes prêts pour emménager ensemble, là ! »

Silence.

« Ben quoi ? J’ai dit une connerie ?

_ Demande à ton ex. » a grogné Clément en détournant le regard.

« Loulou ? » Gauthier me regardait, curieux. « Allez, viens, on va promener le chien ! » Sans me demander mon avis, il m’a entrainée dehors avec Lenka.

« Alors, Moustique, j’ai mis les pieds dans le plat, c’est ça ?

_ Hmm.

_ Ben, parle…

_ Il veut qu’on vive ensemble, et moi j’ai pas envie. »

Ça semblait tellement réducteur. C’était ça et tellement plus… Cette phrase mettait de côté les sentiments, les envies et les craintes. Ma peur de m’engager, qui découlait de ma peur d’être abandonnée : si je ne m’engageais pas trop, la chute ferait moins mal…
C’était un vrai fouillis, dans ma tête et dans mon cœur, et autour de moi je voyais tout le monde se mettre en ménage, faire des enfants… Moi, ça ne me faisait pas rêver, cette vie-là !

« Louise, écoute-moi. Tu ne vas pas aimer ce que j’ai à te dire, tu vas peut-être même te sentir blessée. Mais tu as besoin de l’entendre, et il n’y a que moi pour te le dire. Clément est trop impliqué, et tes frères n’osent jamais te contrarier. Tant pis si tu m’en veux, mais j’espère que tu seras assez intelligente pour te rendre compte que j’ai raison.

_ Vas-y, accouche !

_ Tu es bornée, Loulou. Bornée, et aveugle en plus ! Tu as changé, depuis que tu es avec Clément. En bien. Tu es heureuse et ça se voit. Alors, que vous ne vouliez pas d’enfants, ça vous regarde…

_ De toute façon, tu sais comme moi que Clément ne peut pas en avoir. » coupai-je.

« Y’a des tas de façons d’avoir des enfants, tu sais... Mais dans tous les cas, vous êtes d’accord sur ce sujet-là, et c’est tout ce qui compte.

_ Ouais, on en a parlé dès le premier jour, comme du mariage et du reste. C’était clair dès le début !

_ Tu es vraiment honnête, quand tu dis ça ? »

Je me mordillai un peu la lèvre inférieure. Non, pas vraiment… Gauthier me fila un coup de coude dans les côtes.

« Eh, Louloute, entre mecs on cause aussi, tu sais ! »

Bon, il m’avait grillée… Et je ne savais trop que penser du fait que mon copain parle de notre relation avec mon ex… Armée de toute la mauvaise foi dont je disposais, je répliquai :

« Bon, j’ai accepté de ne pas refuser tout de suite qu’on vive ensemble. J’ai accepté d’y réfléchir. En neuf mois, j’ai réfléchi, et c’est non. Point.

_ Tu es bête, Louise. Tu ne sais pas à côté de quoi tu passes…

_ J’ai eu un bon aperçu depuis quelques jours, merci… » grinçai-je entre mes dents.

« Mais bordel, arrête de réagir comme ça ! Tu sais très bien que les circonstances sont exceptionnelles, il est blessé. Et laisse-moi te dire qu’il est sans doute pas pire que toi ; dans le genre malade insupportable tu te poses là, toi aussi ! Réfléchis bien, Louise. Réfléchis à ce que tu veux vraiment. »

J’y réfléchissais encore, deux jours plus tard, dans la voiture en revenant d’Aurillac.

J’avais passé l’après-midi avec Meaza. Elle était en petits morceaux, comme Nicolas me l’avait dit au téléphone la veille en me suppliant d’aller la voir.

Elle pleurait toujours la mort de son père, et la distance entre mon frère et elle, le fait de ne le voir que le week-end, la minait. Et moi, je mettais volontairement de la distance entre Clément et moi, en refusant de vivre ensemble. Mais c’était différent, ce n’était pas une histoire de travail et de résidence imposée, c’était moi qui le voulais. Et puis, on se voyait quand on en avait envie. Pas tous les jours, par habitude ou parce qu’on ne pouvait pas faire autrement.

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