Chapitre 35

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Début juillet 2017

Dans les jours et les semaines qui ont suivi, on a commencé à préparer notre installation dans le chalet : Clément a fait le nécessaire pour l’eau, l’électricité, le téléphone et la future ligne internet. Moi, j’ai embauché mon frère et Meaza, et on a nettoyé, lessivé, dépoussiéré le chalet, plafonds, murs, poutres et sols, pendant des jours entiers. Trié, aussi, le contenu des placards de la cuisine. Les casseroles cabossées, les vieux Tupperwares à moitié cuits, poubelle !

Clément a trouvé un menuisier au village pour aménager les combles, un de ses anciens camarades de collège. Il m’a demandé comment je voulais organiser la chambre, ce qui en toute honnêteté me laissait froide. Moi, tant qu’on avait un bon lit pour dormir, et un placard pour ranger nos fringues… Je lui ai laissé carte blanche pour la chambre, par contre j’avais des exigences pour mon atelier, comme il l’appelait. Et Laurent m’a promis un plan de travail sur tout un pan de mur, avec des rangements dessous, de larges tiroirs… Avec le meuble que je possédais chez moi, et l’armoire Ikea qui se trouvait déjà dans le grenier, j’aurais de quoi ranger mon matériel et mes productions !

Tout avançait très vite, le nettoyage, les extérieurs – Nico s’est amusé comme un petit fou avec le tracteur tondeuse – le montage des cloisons dans le grenier…

« Alors Princesse, t’en penses quoi ? » me demanda Clément. Il était juste derrière moi, son menton posé sur le haut de mon crâne et ses bras autour de moi. L’immense grenier était maintenant séparé en plusieurs pièces. En débouchant de l’escalier, on avait à notre droite le dressing qui ne demandait qu’à être rempli, et un petit couloir assez large pour y placer un ou deux meubles, menant à mon atelier qui occupait tout le fond de l’étage. Les cloisons étaient en OSB, ce bois reconstitué qui laisse apparaitre de longues lamelles de bois. Les panneaux étaient peints en blanc, pour casser le ‘tout bois’. L’effet était très sympa, épuré mais travaillé, ça donnait du relief aux murs…

Laurent avait terminé, et après un peu de ménage je pourrais installer mes affaires et travailler là : à droite, sous le rampant, le plan de travail avec les rangements. A gauche, contre le mur près de la porte, l’armoire et la place pour mon meuble à tiroirs. Sous l’autre rampant, nous pourrions mettre un canapé. Le pignon était percé d’une large baie vitrée qui donnait sur un petit balcon, et au milieu de la pièce j’aurais de quoi mettre mon chevalet, pour travailler à la lumière du jour.

« Ça te plait ?

_ Oui, c’est génial ! »

Clément rit de mon enthousiasme, et m’attira pour un baiser rapide, avant de ressortir de la pièce : il voulait me montrer notre chambre. Elle n’était pas immense, il avait fallu garder de la surface pour l’atelier et le couloir, mais puisque nous avions un grand dressing ce n’était pas une catastrophe… La poutre à laquelle je m’étais accrochée pour faire l’amour était là – elle s’appelait une ferme, d’ailleurs – et le poteau qui la soutenait tombait juste au coin d’une plateforme de bois, que Clément m’a présentée comme notre sommier.

« Le lit va être là, alors ? Dans ce coin ? »

J’aurais peut-être dû m’intéresser d’un peu plus près à l’aménagement de la chambre, tout compte fait…

« Tu voulais un lit confortable, c’est-à-dire dur, et qui ne grince pas. On peut marcher dessus, ça ne bouge pas. Et j’ai commandé un futon, pour le matelas. Je t’assure, ça va te plaire ! » me dit Clément. En fait, présenté comme ça… oui, peut-être. Il restait de la place pour mettre un ou deux fauteuils, éventuellement une petite commode.

« Alors ? » Il attendait le verdict, un peu inquiet.

Je souris. « J’aime. » murmurai-je en me haussant sur la pointe des pieds pour tenter d’atteindre ses lèvres. Il sourit à son tour, un peu moqueur comme à chaque fois que ma petite taille me posait problème face à lui, et prit mes hanches dans l’étau de ses mains pour me soulever, et me poser sur le bord de la plateforme. Pour le coup, j’étais plus grande que lui ! J’en profitai, le visage penché sur lui pour l’embrasser à ma guise. Il me pressait contre lui, contre son torse nu, et je grognai de dépit : j’étais trop haute, mes bras étaient trop courts pour espérer glisser la main dans son short en jean…

« On interrompt quelque chose ? » demanda mon frère depuis le couloir, nous laissant juste le temps de nous séparer. Je descendis de mon perchoir en répondant : « Non, venez ! »

Il s’approcha, suivi de Meaza.

« On va manger chez Papa ce soir. Je peux prendre ta voiture, Lou ?

_ Bien sûr.

Il n’en avait toujours pas trouvé une qui lui convienne, et je lui prêtais la mienne en attendant.

« Tu ne veux pas venir avec nous ? » me demanda-t-il pour la troisième fois au moins. Non, je ne voulais pas y aller sans Clément, et comme il n’était pas clairement invité… Nicolas n’insista pas.

Une fois mon frère et Meaza partis, je me tournai vers Clément, dans l’idée de finir ce qu’on avait commencé avant d’être interrompus. Mais Lenka nous avait entendus, et se mit à japper dans l’espoir d’attirer notre attention. Comme elle se sauvait sans cesse, nous étions obligés de l’attacher pour ne pas avoir à la surveiller pendant qu’on travaillait… Clément et Laurent avaient tendu un câble entre la maison et un arbre, bien en hauteur, sur lequel coulissait un anneau où on pouvait attacher la laisse. Ainsi, elle avait de quoi courir et sauter, et nous avions l’esprit tranquille. On verrait l’éducation plus tard, quand on aurait le temps de se consacrer uniquement à ça…

« Empêcheurs de tourner en rond, tous autant qu’ils sont… » grommelai-je en suivant Clément qui détachait déjà Lenka en lui racontant je ne sais quoi.

On a passé la soirée chez lui, dans son studio, à faire du tri et préparer des cartons. Notamment pour les affaires de cuisine : entre ce qui se trouvait encore au chalet, et nos deux appartements, on gardait les ustensiles qu’on préférait et on laisserait le reste à Nico et Meaza, puisqu’ils s’installaient ce serait toujours ça de moins à acheter, au moins dans un premier temps. De la même façon, ils gardaient mon appart’ avec mon lit, le clic-clac de Clément, ma table et les chaises qui allaient avec…

Quand mon frère est venu me chercher le lendemain matin, comme prévu, il n’avait pas ma 205, mais le Land Rover de notre père. Je l’interrogeai du regard.

« Papa te prête sa voiture, pour déménager les meubles. »

Génial. Bon, si, c’était cool, ça irait mieux avec la grosse voiture qu’avec la 205 ou la Clio de Clément. Mais, est-ce qu’il croyait vraiment que ça suffisait pour effacer ce qu’il m’avait dit ? Mon frère dut lire dans mes pensées, car il soupira : « Tu connais Papa, Louise… C’est ce que tu peux espérer de mieux comme premier pas. Ce sera à toi d’aller lui rendre la voiture, si tu veux des excuses… »

Papa, écrivain génial, mais incapable de prononcer trois mots pour s’excuser quand il dit une énormité…

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