Chapitre 39

6 minutes de lecture

Juillet 2017

Une fois bien installés dans le chalet, Clément avait proposé de partir en vacances quelques jours. Pour ma part, j’étais déçue à l’idée que notre randonnée annuelle n’aurait pas lieu.

« Allez, ma belle… Ce sera différent, mais je te promets qu’on passera de bons moments. » dit Clément, enjôleur. Il effleurait ma nuque du bout des doigts, et ce contact me faisait frissonner.

J’avais fini par me laisser convaincre, et on avait chargé nos sacs à dos, la tente et la chienne dans la voiture. Direction la vallée de l’Orb, dans l’Hérault. On a planté la tente dans un camping, c’était bien la première fois, et rayonné à partir de là.

Descente de l’Orb en canoé, avec Lenka qu’il fallait surveiller et repêcher dès qu’elle se mettait en tête de sauter du bateau pour nager, randonnées à la journée dans le massif du Carroux, visite de La Salvetas, pique-nique et baignade au lac du Salagou, ces vacances n’avaient rien à voir avec une randonnée. Et pourtant, je me suis surprise à les apprécier.

« Je t’avais dit que ça te plairait… » commenta simplement Clément lorsque je lui dis.

Une fois de plus, il prouvait qu’il me connaissait bien, mieux que moi peut-être… « Il va falloir que tu apprennes à me faire confiance, Princesse. A lâcher prise… »

Nous étions assis sur la petite plage de galets du camping, au bord de la rivière. C’était l’heure du diner, l’endroit était presque désert.

« Laisse-toi porter par le courant… » murmurait Clément à mon oreille.

Je soupirai : lâcher prise, perdre le contrôle ? Je n’aimais pas beaucoup ça…

Lenka remuait au bout de sa laisse, et Clément s’est levé et m’a tendu la main : « On va manger ? »

Ce soir-là, on nous avait conseillé un petit marché de producteurs, qui se tenait dans le village voisin. Nous y sommes allés à pied, avec la chienne, et sans trop savoir ce qu’on allait trouver au juste. Suivant les indications qu’on nous avait données, on est arrivés sur une place où s’étaient installés une poignée de commerçants ambulants, qui proposaient des tas de bonnes choses à manger ou à boire. J’ai choisi une galette à la farine de châtaignes, garnie de légumes, et Clément a jeté son dévolu sur de la viande grillée. Le tout, arrosé d’un verre de vin local, dans un verre à vin en verre, consigné. Pas de vaisselle jetable non plus, on a mangé dans de vraies assiettes avec des couverts qu’on était priés de ramener après usage. Au milieu de la place, des tables et des bancs. On a trouvé une place, près d’un groupe de gens qui se sont poussés un peu, et puis on a mangé en écoutant la musique : deux joueurs de boudègue, une cornemuse occitane faite d’une peau de chèvre entière, assuraient l’animation de la soirée.

J’étais sous le charme, tant de la musique entrainante que de l’ambiance de cette petite fête quasiment improvisée. Tout le monde semblait se connaître plus ou moins, pour autant les quelques touristes, parmi lesquels nous comptions Clément et moi, n’étaient pas mis à l’écart.

De retour au camping, une fois la nuit tombée, nous nous sommes enfermés sous la tente, laissant Lenka dehors où elle aurait moins chaud pour dormir. Nous n’avions pas vraiment sommeil, moi du moins, et surtout je me sentais d’humeur taquine. J’ai aidé Clément à se débarrasser de son T-shirt et de son short, tirant sur le boxer par la même occasion. Puis je l’ai renversé sur notre couche, et je me suis penchée sur lui pour déposer de petits baisers sur son corps. Sa peau était chaude et un peu humide de transpiration, elle sentait bon. Je me remplissais les narines de cette senteur délicieuse, les yeux fermés.

Et puis je laissai glisser la pointe de ma langue sur son ventre. Clément contracta les abdos et gémit doucement. Je sentais son sexe dur et chaud, qui palpitait près de mon visage.

« Lou, s’il te plait… Prends-moi, prends-moi dans ta bouche, princesse… »

J’enroulai mes doigts autour de sa hampe dressée. Je savais ce qu’il aimait, mais je cessai un instant de respirer en sentant la main de Clément effleurer ma joue, ma nuque, et se poser légèrement sur mon épaule alors qu’il chuchotait : « Cch, ça va, ma belle… »

Il ne dit rien de plus, je venais de reprendre ma fellation et c’est lui qui eut le souffle coupé cette fois, avant de soupirer son plaisir. Je n’aimais pas qu’il me touche la tête lorsque je le suçais. Je n’avais jamais aimé, ce n’était pas juste lui. En fait, je commençais à apprécier la fellation en elle-même, et pas juste pour lui faire plaisir. Il me laissait avancer à mon rythme, sans me presser.

« Ah… Aaaah… » Ses soupirs se faisaient rauques, et je m’arrêtai. Clément grogna de dépit avant de reprendre sa respiration.

« OK, Princesse, accroche-toi. » prévint-il en plongeant entre mes cuisses.

Sentir son sexe dans ma bouche, dur et salé sur ma langue, avait rendu le mien humide et accueillant. Il glissa sans mal deux doigts dans mes chairs brulantes, et sa langue dardée commença à exciter mon clitoris.

Clément connaissait mon corps et mon plaisir, il savait quand y aller plus fort, ou au contraire s’il devait ralentir, pour me faire le plus de bien possible. Je me tortillais sous ses caresses, un oreiller plaqué sur mon visage pour étouffer mes gémissements.

Mais alors que j’étais à deux doigts de jouir il se redressa et me retira l’oreiller pour m’embrasser.

« J’y étais presque ! » protestai-je.

« Je sais… » Sa voix basse me remua les entrailles et je sentis un brusque afflux d’humidité, une vague de chaleur dans mon ventre.

Son sexe remplaça ses doigts en moi, et lorsqu’il m’eut empalée, Clément s’immobilisa. Je savais qu’il tentait de distinguer mon visage dans le noir.

« Essaie de ne pas réveiller les voisins… » dit-il d’un ton taquin. Il attrapa mes poignets et les cloua au sol, au-dessus de ma tête, puis commença à se mouvoir en moi. Les légers déhanchements se muèrent lentement en va-et-vient courts et rapides. Je respirais au même rythme.

« Ça va, ma belle ?

_ Oui. Oh, oui… » C’était tellement plus que ça, tellement bon… Le plaisir montait en moi, plus vite que la première fois, plus fort, et Clément lâcha mes mains pour me bâillonner pendant le temps que dura ma jouissance. Je plantai mes doigts et surement mes ongles – heureusement je les portais courts – dans son dos en le sentant se ficher en moi, au plus profond. Il resta là, son corps secoué de soubresauts tandis qu’il se déversait en moi. Puis il ôta sa main de ma bouche et m’embrassa avant de poser son front dans mon cou. Il reprit lentement sa respiration, je sentais son cœur battre, tout contre le mien, à un rythme fou. Le sommeil nous prit par surprise, alors qu’on se câlinait toujours.

Le lendemain, on a fait une randonnée que nous avait conseillée le barman du resto du camping, qui connaissait bien la région. Nous avons suivi ses indications, et marché toute la matinée dans la montagne, sous le couvert des arbres. C’était agréable d’être à l’ombre, la chaleur était bien plus supportable ainsi. Vers 13 heures, nous sommes arrivés à la fin du chemin de randonnée, dans un minuscule village aux maisons de pierre et aux ruelles tortueuses, accroché à la montagne. Il y avait un petit parking à la sortie du hameau, et une route étroite redescendait dans la vallée en suivant le cours d’un torrent.

Nous nous sommes arrêtés, un peu en contrebas du village, pour manger dans les gorges. Assis sur un rocher, au bord d’un trou d’eau calme et plus profond, nous avons pique-niqué puis fait une sieste à l’ombre d’un arbre providentiel. Lenka, après nous avoir enquiquinés un bon moment, a fini par se calmer et se coucher aussi, sur le ventre de Clément qui la caressait. Quand le soleil a tourné et a commencé à bruler – nous n’étions plus à l’ombre – Clément a suggéré de se baigner, et on a ôté nos vêtements, sous lesquels on avait enfilé dès le matin notre maillot de bain. Clément s’est immergé le premier, a nagé un peu puis est revenu vers moi : « Détache Lenka, maintenant, je vais la réceptionner ! »

La chienne ne s’est pas fait prier, et a sauté pour le rejoindre dans l’eau. Clément a fait en sorte qu’elle ne boive pas la tasse, puis elle s’est mise à barboter et je les ai rejoints. L’eau était fraiche, agréable contraste avec le soleil qui tapait dehors. J’ai fait quelques brasses avant de m’approcher de Clément pour quémander un baiser qu’il m’a donné sans se faire prier. Ensuite, on a seulement fait la planche, se laissant flotter paresseusement dans l’eau, surveillant Lenka qui, infatigable, nageait autour de nous.

« Qu’est-ce qu’on est bien ! Dommage que ce soit le dernier jour… » regrettai-je au bout d’un moment, et Clément eut le bon gout de ne pas me rappeler qu’il avait dû insister pour qu’on parte en vacances. Mais toutes les bonnes choses ont une fin, et le lendemain nous avons replié la tente et pris le chemin du retour.

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