Chapitre 46

4 minutes de lecture

Mi-août 2017

Le soleil me réveilla le lendemain, vue la luminosité dans la chambre il devait déjà être tard. Je me redressai vivement.

« La randonnée ! Faut pas trainer… »

Clément m’empêcha de me lever, m’enlaçant en se recouchant :

« Ça va, princesse, pas de panique. Meaza dort encore, de toute façon.

_ Mais…

_ Lou, vous aviez besoin de dormir, toutes les deux. Si on est prêts trop tard, on partira demain.

_ Non, Meaza a un rendez-vous après-demain ! Et comment tu sais que… »

Il me montra son portable en souriant. OK, Nico et lui avaient dû s’échanger des SMS pour nous laisser dormir. C’était assez mignon, en fin de compte…

« Louise, viens là. Il faut qu’on parle de cette nuit.

_ Pourquoi ? C’était bien ! » Il m’attira plus près de lui, mais de façon à ce qu’on puisse se regarder.

« C’est justement ce que je voulais savoir. Tu t’es écroulée après ton orgasme…

_ C’était le but, non ? »

Il sourit : « Oui. Montre-moi tes poignets. »

Je le regardai les observer avec attention, passer ses doigts dessus. « Tu n’as pas mal ? Tu m’as fait peur, à tirer comme un âne… On ne recommencera pas.

_ Mais… !

_ Louise. On ne recommencera pas avant de s’équiper correctement. Des bracelets en cuir ou je ne sais pas… on verra ce qui existe. Mais la vieille corde d’escalade, c’est fini. Je t’ai mis de la crème cette nuit, tu en remettras ce matin, OK ? Heureusement que tu n’as pas marqué, vue la chaleur tu ne pourrais pas porter des manches longues, et j’aimerais pas que ton frangin pose des questions… »

Effectivement, moi non plus je n’avais pas envie d’expliquer à mes frères que Clément m’attachait au lit et que je prenais mon pied comme ça… On a parlé longuement de la nuit passée, de mon envie soudaine de perdre le contrôle, de ce que j’avais ressenti…

On est descendus un peu plus tard, lorsqu’on a entendu Lenka faire fête à Nico et Meaza qui se levaient et sortaient du bureau. Autour d’un solide petit-déjeuner, on a étudié le parcours de la randonnée, et sa faisabilité d’ici le lendemain soir, vu qu’il était déjà presque 10 heures. Les garçons n’étaient pas chauds, surtout pour Meaza dont ce serait la première rando. Ils ne voulaient pas pousser l’allure toute la journée pour tenter de rattraper les deux heures de retard qu’on aurait, quoi qu’il arrive, au départ. Avec seulement des randonneurs aguerris, on l’aurait sans doute fait, mais pas là. Quant à faire une boucle plus courte, difficile : bivouaquer près d’un point d’eau, c’est quand même plus simple.

« Et si on avançait un bout en voiture ? » proposai-je en lisant la déception sur le visage de Meaza qui nous écoutait discuter.

« C’est la seule solution, je crois. » conclut Clément.

_ Alors on prend la 205 ! Finissez de manger et on y va ! »

Mon frère était dans les starting blocks…

Après avoir roulé une douzaine de kilomètres, on a laissé la voiture dans un hameau et continué à pied. Il faisait beau, chaud mais pas trop. On a avancé à un bon rythme en fin de compte, Meaza marchait bien. Elle m’a glissé en aparté que les conditions étaient bien meilleures que pendant son exil, où elle craignait pour sa vie, et n’avait aux pieds qu’une paire de tongs en plastique. Mais l’effort physique de la marche ne lui faisait pas peur, et elle était heureuse de se trouver là avec nous, à marcher pour le plaisir et non plus pour tenter de sauver sa peau. On a beaucoup parlé, laissant les garçons de leur côté.

Le soir, au bivouac, Clément m’a séquestrée dans la tente dès qu’elle a été montée, pour m’embrasser : « Je te tiens, je ne te lâche plus ! Ça va, ma belle ? »

Je me suis coulée dans ses bras en souriant, lui rendant baisers et câlins. Je serais bien restée là toute la soirée, mais il fallait ressortir, préparer à manger… Après le repas, Meaza et moi sommes allées nous débarbouiller à la source toute proche. Elle était mélancolique, et je n’étais pas certaine que le souvenir de sa fuite dans des conditions difficiles soit la seule explication à sa nervosité.

Je m’assis dans l’herbe sèche près d’elle, et passai un bras autour de ses épaules pour l’attirer plus près de moi.

« Ça ne va pas, Meaza ? Il y a d’autres choses dont tu voudrais me parler ? »

Elle tergiversa un moment, longues secondes pendant lesquelles je restai assise en silence, contemplant les nuages rougeoyants dans le ciel.

« Je crois que… je suis, j’ai… » Elle soupira en serrant les paupières très fort, avant de rouvrir les yeux. J’attrapai sa main, la plus proche, et entrepris de la masser. Appuyant sur les points que je savais efficaces pour se détendre. Sa respiration se fit plus calme, et après quelques minutes, alors que je continuais, elle murmura : « J’ai du retard pour… mes règles. Je crois que…

_ Oh… » Je ne savais pas trop quoi dire. Elle avait l’air tellement angoissée… « Et, c’est une bonne nouvelle, ou pas, pour toi ?

_ J’ai peur que les gens pensent que j’ai piégé Nicolas. Tu sais, pour rester en France, avoir des papiers…

_ Tu lui as dit ?

_ Pas encore… je n’ose pas…

_ Dis-lui. Vous devez en parler tous les deux, d’accord ? »

Elle hocha la tête.

« Mais ne te préoccupe pas de ce que pensent les autres. Le principal, c’est que vous soyez heureux. »

Un sourire sincère me répondit, et je lâchai son poignet : « Allez, on rentre, ils vont s’inquiéter… »

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