Chapitre 58

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Noël 2017

Pour Noël, nous avons réuni la famille chez nous, au chalet. Notre premier Noël à deux dans notre maison, Clément et moi. Et les chiens. Et ceux qu’on aimait.

Clément avait installé un sapin dans le salon, qu’on avait décoré ensemble. Et Lenka s’amusait régulièrement à nous voler les boules situées sur les branches les plus basses. Heureusement elle se contentait de les cacher après avoir joué avec, elle ne tentait pas de les manger. Jagger, quant à lui, n’aimait rien tant que dormir devant le poêle. Parfois il y tirait son lit, pour être au chaud et bien installé ! Moi aussi j’aimais profiter de la douce chaleur du feu de bois, maintenant que l’hiver s’était installé pour de bon et qu’il faisait froid dehors.

Le jardin était un peu triste, les feuilles mortes qu’on n’avait pas ratissées recouvraient l’herbe sous les arbres du verger, formant des ronds de couleurs différentes. Mon père trouvait que ça faisait « négligé », mais moi j’aimais bien l’esthétique, les différentes nuances. Et Clément préférait laisser faire la nature plutôt que de passer des heures à ratisser des feuilles pour en faire un tas que les chiens auraient tôt fait de disperser aux quatre vents ! Et puis on ne ramassait pas les feuilles dans le bois, alors pourquoi le faire dans le verger ?

Corentin avait fêté ses deux ans mi-octobre, et Lucile aurait un an dans quelques jours. Ils mettaient de l’animation dans n’importe quel repas en famille, ces deux-là ! Je les regardais ouvrir leurs cadeaux, le matin du 25 décembre. Julia, assise par terre avec sa fille sur ses genoux, surveillait qu’elle ne mange pas le papier qui entourait l’ours en peluche ou le jeu de cubes colorés en bois. Quant à Virgile, il venait de retomber en enfance, et Corentin le regardait jouer avec ses petites voitures. Ils ont rapidement improvisé une course, à grand renfort de « vroum » et de carambolages contre les meubles, c’était à se demander qui s’amusait le plus !

« Au fait, Louise » me dit mon père après m’avoir remercié pour son cadeau « J’ai vu Pierre-Luc en début de semaine, il devait t’appeler : il t’a parlé du salon du livre ?

_ Non. Je ne l’ai pas vu depuis la réunion du 17.

_ Il a réservé un stand sur un salon en janvier, je n’ai plus la date en tête. Il compte sur nous.

_ Oh. OK… »

Notre éditeur m’avait pourtant prévenue qu’un jour il faudrait que j’aille en dédicace, ça me semblait dingue : j’avais publié deux bouquins, illustré quelques autres, je ne me sentais pas auteur célèbre qu’on fait la queue des heures pour rencontrer. J’étais contente, et en même temps vaguement effrayée. Pierre-Luc avait accepté mon livre reprenant le journal intime de ma mère, intitulé Souvenirs d’une vie brisée, même si je trouvais que ça faisait un peu mélodramatique il était persuadé que ça ferait vendre. Comme je n’avais pas de réel avis sur la question, je l’avais laissé décider… J’avais vu les épreuves lors de la dernière réunion à la maison d’édition, et le tirage final devrait sortir de l’imprimerie tout début janvier.

Jagger contourna Julia pour venir s’asseoir près de moi, sa tête posée sur ma cuisse. Je lui gratouillai le cou, lui caressant l’oreille : « Salut Jag’, ça va ? » Il leva un instant les yeux pour me regarder, avant de les fermer en poussant un long soupir. Il était souvent très câlin lorsqu’il y avait du monde, il avait tendance à me coller un peu. Moi, pas Clément.

De toute façon, Clément avait Lenka ; Jagger s’était autoproclamé mon chien. Il n’était pas possessif comme l’avait été Attila qui me protégeait de tout et de tout le monde, et de mon ombre s’il avait pu. Non, Jagger était là, une présence calme et câline, mais pas dépendant de moi comme Attila. La relation était totalement différente, et c’était tant mieux : je ne voulais pas retrouver un Attila bis, surtout pas ! Aucun chien n’aurait supporté la comparaison, et je n’étais pas - je ne serais jamais – prête à le remplacer. Mais je m’entendais bien avec Jagger, bien mieux qu’avec Lenka, toute mignonne qu’elle soit. J’adorais aller me balader avec eux, mais elle avait tendance à me fatiguer rapidement, il fallait toujours avoir un œil sur elle, alors que Jagger, même libéré, restait dans les parages, il furetait sur le chemin, jamais bien loin. J’avais fini par trouver le truc imparable : j’attachais Lenka à Jagger. Ainsi, j’avais les mains libres, ils pouvaient courir aussi vite qu’ils voulaient, mais si je rappelais Jagger, il s’arrêtait, et Lenka était bien obligée d’en faire autant !

On avait décoré le chalet, réutilisant les guirlandes lumineuses du mariage de Nico et Meaza. Et puis j’avais fabriqué des décorations avec des pommes de pin, du houx, des branches de sapins… J’aimais vraiment avoir ma famille autour de moi, et ça faisait vide quand tout le monde repartait.

« Allez, ma belle » me secoua Clément, « Te laisse pas abattre, il y a la vaisselle à faire ! »

Il avait l’art et la manière de me sortir de ma nostalgie, lui ! Tout en terminant de ranger la maison après deux jours de fête, je songeais à ce dont m’avait parlé mon père, et plus largement à mon travail. Ce n’était pas vraiment la gloire, j’étais loin de vivre de mon art. Et j’avais l’impression de me faire entretenir par Clément.

« Arrête un peu avec ça, Lou ! » Il levait les yeux au ciel à chaque fois que j’en parlais. « Je t’ai déjà dit, c’est pas un problème. Mais si vraiment tu insistes, tu n’as qu’à me dédommager en nature ! »

Il m’entrainait vers l’escalier tout en se marrant de ses propres bêtises.

« J’aimerais que tu arrêtes avec ça, princesse… » murmurait-il, quelques instants après, en m’enlevant mes habits. « Tu ne vas pas chercher un autre job à côté, qui t’empêcherait de dessiner, alors qu’on a de quoi vivre avec mon salaire ? Ton frère te paie un loyer pour l’appartement, ça fait partie de tes revenus aussi. Et puis tu débutes seulement, ça fait quoi, trois ans que tu as terminé tes études ? Laisse-toi un peu de temps, ça va venir… » Le reste de ses murmures s’est un peu perdu dans mon cou qu’il embrassait, avant de mourir tout à fait sur ma poitrine.

Comme il tentait de me renverser sur le lit, j’ai résisté pour que lui se retrouve sur le dos, et je me suis assise sur ses cuisses pour caresser son torse. Clément gardait ses mains près de mes hanches, il les caressait du bout des doigts, remontant sur mes reins pour me faire frissonner. Pendant ce temps, je m’occupais de ses tétons qui pointaient sous la caresse de mes lèvres. Et je sentais son sexe, contre mon ventre, qui témoignait de son désir.

Il me laissa faire un petit moment, puis me retourna sur le lit, et s’installa entre mes jambes pour à son tour m’embrasser la poitrine puis effleurer mon ventre de ses lèvres en descendant.

Ses lèvres, sa langue et ses doigts dansaient entre mes cuisses et dans mon ventre un ballet dont la chorégraphie, si elle n’était jamais tout à fait identique d’une fois sur l’autre, marchait à tous les coups. En quelques minutes j’étais à point : mon ventre se tordait de désir, mon corps appelait le sien, mon souffle court…

« Viens… viens… allez, viens ! » Clément s’amusait à me lécher encore, sourd à mes appels répétés ; il continuait à me donner du plaisir, juste assez mais pas suffisamment. Enfin, il releva le visage et remonta le long de mon buste avant de me faire goûter sur ses lèvres la saveur de mon excitation, tout en me pénétrant lentement. Il s’insinua en moi, d’une seule mais ferme poussée, jusqu’à ce que son pubis se pose sur le mien. Je fermai les yeux en basculant la tête en arrière dans l’oreiller, miaulant de plaisir. Une fois tout au fond, il resta immobile, et j’eus beau serrer mes muscles intimes autour de lui, rien n’y fit, il ne bougeait pas. J’ouvris les yeux pour voir ce qui se passait : il me regardait. Et lorsque nos regards s’accrochèrent, il recula en moi, jusqu’à sortir presque tout entier, et revenir aussitôt.

Il me fit l’amour, lentement et profondément, c’était doux et fort à la fois. Ça dura longtemps, il n’aimait pas précipiter les choses. En toutes choses, et surtout au lit, Clément aimait prendre son temps, profiter de ce qu’il vivait. Il m’apprenait la patience, bien que je tente toujours de le faire accélérer. Je ressentais une sorte de frustration, à le sentir aller et venir en moi aussi lentement, j’avais envie de plus, plus vite, encore plus fort. Et lorsque l’envie se faisait presque irrépressible, parfois jusqu’à me faire monter les larmes aux yeux, il se lâchait, me prenait vite et fort. Et mon corps était déjà tellement plein de plaisir que j’avais l’impression d’exploser littéralement quand l’orgasme me cueillait enfin…

***

Pour Nouvel An, c’est chez nous encore une fois qu’on a réuni tous nos amis : on avait de la place, autant en profiter, c’était plus simple pour se garer que dans les rues de Clermont, et notre salon était plus grand que l’appartement tout entier de Gauthier ou celui de Nico !

Tout le monde ramenait quelque chose à boire ou à manger, comme d’habitude.

Meaza en était à six mois de grossesse, elle s’arrondissait et commençait à s’inquiéter, à se poser des questions sur tout, sur l’accouchement, sur les soins à donner au bébé… Lorsqu’elle avait commencé à m’en parler, je l’avais dirigée vers Julia qui était bien plus qualifiée que moi sur ce sujet ! Elles se rapprochaient un peu, même si leurs caractères étaient opposés elles s’étaient trouvé un point commun : la maternité. Et là elles discutaient couches, biberons et poussettes. Moi, je causais avec les gars de l’organisation de notre prochaine journée au ski…

Lorsqu’on a sorti le Champagne, Nora a refusé la coupe que lui tendait Clément, en coulant un regard vers Alexandre qui souriait. Et lorsque tout le monde eut son verre en main, alcoolisé ou non, Alex s’est levé et a annoncé qu’on ne fêtait pas seulement la nouvelle année, mais aussi l’arrivée prochaine de deux bébés : celui de Nico et Meaza, et le leur, à Nora et lui.

Après les félicitations d’usage, on s’est regardées avec Céline, elle et Martin n’étaient pas pressés, ils préféraient pour le moment privilégier leurs carrières professionnelles, ils verraient plus tard.

« Au fait, j’ai pensé à ce que tu m’as demandé. » lui dis-je entre deux gorgées de Champagne. Je suis allée chercher dans le bureau où je l’avais laissée une enveloppe que je lui tendis. Elle en sortit une photo de Jagger, je l’avais fait poser dans le jardin par un après-midi ensoleillé, et il s’était prêté au jeu avec assez de complaisance pour me permettre de faire de beaux clichés. J’en avais choisi un où il regardait l’objectif, les oreilles alertes, l’air prêt à jouer.

« Elle est superbe, Louise, merci. Ça fera plaisir à mon grand-père d’avoir une photo de son chien, j’en suis sure… » me dit-elle en souriant. Je lui avais déjà proposé d’emmener Jagger à la maison de retraite, mais elle disait que ce serait cruel, tant pour le chien que pour le maitre, de les remettre en contact pour une heure ou deux, et de les séparer à nouveau ensuite. Là, la séparation était nette et franche et c’était mieux comme ça.

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