Ās

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   On les voyait bien, aujourd'hui.

   Le ciel était dégagé, et Hamara s'était abritée de la chaleur sous une des grandes tentes aux couleurs brunes dans lesquelles on entreposait du matériel pour les archéologues. Elle observait le Soleil à travers une des ouvertures rectangulaires qui y faisaient office de fenêtre ; elle portait sa visière de protection par-dessus son visage couvert, évidemment. Les verres de celle-ci teintaient le paysage turc d'une douce couleur bleue qui faisait presque oublier la cruauté de sa température ; 57 degrés Celsius aujourd'hui, indiquait son ATH. La Société avait fourni des combinaisons adaptées au climat, mais Hamara pouvait sentir la peau de son visage s'assécher et faner à chaque fois qu'elle enlevait son équipement.

   Le site d'Hattusa se révélait être plus ennuyeux que prévu. Le gros des fouilles avait été effectué au vingt-et-unième siècle et hormis un bas-relief d'Illuyanka en bel état de conservation et quelques analyses souterraines qui semblaient sortir de l'ordinaire, il y avait peu à se mettre sous la dent, et Hamara commençait à soupçonner la Société de lui avoir vendu cette affectation plus que de raison. Le sable et la chaleur avaient travaillé de concert pour s'empresser d'effacer les dernières traces que les archéologues des deux derniers siècles n'avaient pas encore découvert.

   Elle était bien décidée à fournir son rapport au plus vite afin d'obtenir une nouvelle affectation plus enviable. Elle caressait également l'idée d'emmener le bas-relief avec elle, plutôt que d'en parler et de risquer la possibilité de devoir l'abandonner dans un tiroir de verre quelque part dans les entrepôts de la Société en Nouvelle-Europe. Il ferait belle figure sur une de ses étagères ; les détails de la pièce étaient remarquablement préservés et la silhouette gargantuesque du reptile des mythes Hittites faisait froid dans le dos, comme si la simple vision d'une représentation de la bête faisait se dresser un mur haut de trois millénaires devant celui qui la regardait.

   Elle quitta son trésor des yeux après cette réflexion et le reposa doucement dans le fond de son sac d'expédition. Elle tourna la tête vers la fenêtre une nouvelle fois, attirée par l'avancée des ombres sur le sol, comme si quelque chose masquait le Soleil.

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