L'Ombre (One-Shot)
Respiration haletante. Il fallait récupérer. Vite. Une pause pouvait être fatale en cette sombre forêt. Garder ses sens en alerte. Oublier le stress. Survivre.
Malgré tous ses efforts, l’homme éprouvait le plus grand mal à récupérer de sa folle course. Ses mains tremblantes ne l’aidaient guère.
Il s’adossa à un arbre, sa poigne se resserra fermement à son revolver et sa lampe-torche. S’efforça de faire le vide en son esprit. Inspirer… Expirer…
Tous ses sens étaient aux aguets. Cela était devenu un réflexe naturel depuis que la nuit était tombée. Le moindre bruissement de feuille le faisait sursauter, tandis qu’il se méfiait jusqu’à la caresse du vent sur sa joue.
Pourquoi diable était-il perdu en ce lieu maudit ? Depuis combien de temps était-il ainsi égaré ? Des heures ? Des jours ? Des mois ?
Il n’aurait sût le dire. Survivre, voilà tout ce qui importait.
Il s’accroupit et posa sa torche au sol, de sorte à pouvoir la saisir en cas d’arrivée impromptu.
L’homme fouilla ses poches. Deux cartouches, trois piles. Il prit sur lui afin de ne pas céder à la panique. Il devait conserver ses esprits.
Depuis combien de temps n’avait-il pas mangé ? Cette pensée arracha un grognement rauque à son estomac, prenant conscience des crampes douloureuses qui s’y tordaient.
Il lui fallait trouver d’urgence un refuge. Un tel lieu existait-il ici ?
La faible lueur de sa torche éclaira son chemin. Tant que la lumière lui montrait la voie, tout irait bien. Fréquemment, il tournait sur lui–même, se défiant de la forêt.
Son coeur loupait des battements à chaque craquement de branche. Il hésita à plusieurs reprises à presser la détente. Seulement deux cartouches. Le gaspillage n’était pas une possibilité.
Le silence agitait la forêt. Toute vie semblait avoir quitté les lieux. Seule une légère brise agitait buissons et feuillages.
Son agitation ne faisait que croître. L’homme savait ce que signifiait cet assourdissant silence.
Il perçut une rapide course derrière lui. L’homme se retourna vivement, et esquiva à temps ce qu’il devina être une hache.
Une sombre fumée a silhouette humaine s’approcha de lui. Cédant à la panique, l’homme tira à trois reprises. Les balles furent absorbées par le voile.
Un grognement sauvage émana de la silhouette, tel une bête affamée impatiente de se repaitre. La créature abattit sa hache vers le cou de l’homme. Se jetant dos au sol, ce dernier braqua sa torche en direction de l’ombre, pestant contre sa stupidité.
La créature poussa un hurlement aigu et strident. Inhumain.
Ce cri, il l’avait entendu tant de fois. Il se demanda si ses tympans allaient tenir le choc une fois de plus.
L’enveloppe noire s’évapora petit à petit, comme brûlé par la lueur de la torche. En un éclair d’or, elle disparut. Ne restait qu’une forme désarticulée. Qui continuait à marcher vers lui…
L’homme tira à plusieurs reprises. La créature finit par s’évaporer. Morte ?
Le bras engourdi, il se releva. À nouveau, des tremblements incontrôlés le secouaient.
Soudain, sa lumière disparut. Comme un écho à ses espoirs de survie. Il éjecta la cartouche vide de son arme, et chargea l’une de ses réserves. Par miracle, aucune attaque ne survint. Il n’avait plus qu’une unique pile.
L’homme finit par atteindre une cabane, au bord d’un lac. Elle semblait abandonnée depuis bien longtemps. L’homme s’approcha, espérant y trouver de quoi s’armer face aux ombres.
Il ouvrit la porte, qui grinça.
« Tu es à moi, Tony. »
L’homme se sentit projeté en arrière. L’obscurité commença à l’engloutir. Incapable de se dégager, il ne pût que se laisser emporter dans la forêt et percuter lourdement le sol. Engourdi, il se releva avec difficulté. Il prit conscience avec horreur qu’il avait perdu son arme et sa lampe-torche.
La brise était soudainement devenue glaciale. Instinctivement, il leva les yeux au ciel. Se détachant des étoiles, une sombre ombre noire voletait au-dessus de sa tête.
« Tu m’appartiens.»
La voix grinçait en son esprit, tandis que la forme fondait sur lui.
Il n’eut pas le temps de tenter une fuite. L’homme sentit ses pieds décoller du sol, porté par la froide bourrasque. Il hurla lorsqu’il sentit ses membres se geler. Une chute s’ensuivit, toujours porté par l’ombre. Un choc soudain stoppa sa descente.
Il sentit l’eau d’un lac envahir ses poumons, tandis qu’il s’enfonçait dans ses tréfonds. Mourir ainsi… L’Ombre s’était-elle contentée de jouer avec lui ?
« A moi… »
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