L'avènement de Shemehaz : III

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Tenant la main fine de sa mère, Angraema courait comme une dératée dans les noirs couloirs du vaisseau, sautant de coursive en coursive sans même prendre les escaliers. Il n’y avait pas la moindre minute à perdre !

— Vite, Mère ! la pressait-elle. Dépêche-toi !

L’urgence lui avait fait perdre le vouvoiement qu’elle réservait habituellement à sa mère.

Mana, plus sensible que la disciplinée Angraema aux influences de l’Abîme, avait subi de plein fouet l’irruption de la Dévoration sur leur plan dimensionnel. Dans sa tête défilaient mille visions infernales, toutes plus horrifiantes les unes que les autres. La torture, le viol suivi du suicide de ses filles figurait en premier plan, mis en abime avec l’agression qu’elle avait subie elle, à peine âgée de douze ans, de la part d’un orc alors qu’elle était en visite sur Faërung avec ses parents. Partie se promener toute seule dans la forêt bucolique, elle s’était arrêtée pour boire à la rivière, sans voir l’orc embusqué qui la regardait, caché dans un buisson, la concupiscence dans ses petits yeux méchants. Un orc mâle en chaleur, le vit dégoulinant, salivant à la vue de la petite ædhelleth qui s’accroupissait délicatement au bord de l’eau. Il lui avait sauté dessus au moment où, confiante, elle s’était penchée pour boire. Mana était sûre de ne jamais oublier la terreur qui l’avait prise alors, et l’humiliation qu’elle avait ressentie en s’apercevant qu’elle avait uriné dans sa robe. Heureusement, Ren l’avait suivie. S’interposant courageusement, armé de ses seules griffes immatures, il avait affronté et tué l’orcanide rendu fou par le rut... C’était cet exploit qui avait fait de lui un apprenti sidhe, appointé immédiatement par Śimrod qui avait accouru en entendant les cris de sa fille. Ce dernier s’en était beaucoup voulu, et il avait reproché à Sneaśda, sa mère, de lui avoir imposé de rester avec elle au lieu de suivre les deux jeunes. Il s’en était fallu de peu. Mais depuis ce jour, Mana, tout comme son frère et son père, haïssait les orcs.

Ren et Śimrod. Les deux mâles de sa vie. Les seuls qui comptaient, en fait… Et ils n’étaient pas là. Quant à Uriel… Uriel… Un hurlement strident, digne d’une Ytinnach, sortit de sa gorge.

— Maman ! hurla Angraema, la secouant d’une petite claque. Reprends-toi !

Angraema venait de perdre Círdan, mais ce n’était pas le moment de flancher. Pour son compagnon, on verrait après.

L’entité n’a fait aucun mal à Tanit tant qu’il la possédait, se disait la jeune ældienne. Il a fait du mal aux autres, mais pas à elle.

Il en serait de même pour Círdan. Il le fallait.

Le plus urgent, c’était de trouver Rika, et de filer d’ici.

Mais Rika n’était plus là. Elle avait laissé un petit mot, qui, dans d’autres circonstances, aurait glacé la jeune sidhe :

Je suis partie chercher Ren, avec Lathelennil.

Pour le moment, rien ne pouvait être plus rassurant que ce petit message. Angraema s’en empara, et courut vers son cair. Elle devait retrouver son père. S’il y en a qui saurait quoi faire, c’était bien lui !

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